HomeA la unePROJET DE MODIFICATION CONSTITUTIONNELLE EN RDC :La solution viendra-t-elle de la majorité ?

PROJET DE MODIFICATION CONSTITUTIONNELLE EN RDC :La solution viendra-t-elle de la majorité ?


2015, c’est l’année qui focalise beaucoup d’attention aussi bien au Burkina Faso qu’en République démocratique du Congo (RDC). En effet, la polémique enfle dans ces deux pays, autour d’un projet de révision constitutionnelle aux fins de permettre aux présidents Blaise Compaoré et Joseph Kabila de rempiler pour un nouveau mandat à l’issue de leur bail en cours. La démarche adoptée par les deux chefs d’Etat est la même, qui consiste à laisser parler les thuriféraires et autres courtisans zélés. A la seule différence que le président Kabila est allé plus loin, en envoyant derrière les barreaux un de ses opposants et en rappelant à l’ordre le corps diplomatique qui, on s’en souvient, lui demandait de plier bagages après 2015. La suite, on la connaît.

 

Le président du Sénat a créé la surprise

 

Depuis lors, on assiste à une crise ouverte marquée par des escarmouches terribles entre pro et anti-référendum au pays des Kabila. Et c’est dans ce contexte qu’est intervenue l’ouverture de la nouvelle session parlementaire que les Congolais attendaient avec impatience, dans l’espoir qu’une solution serait trouvée au problème posé. A l’occasion,  le président du Sénat a créé la surprise, lorsque, dans son allocution, il a appelé les députés à ne pas se servir de la révision de certains articles pour changer totalement la Constitution. Véritable coup de tonnerre. Pour le président du Sénat, il n’y a aucune raison de changer de Constitution, même si le porte-parole de la majorité présidentielle estime qu’une nouvelle Constitution est indispensable, celle de 2006 étant, à son avis, obsolète. Voilà qui est bien clair. Le projet de révision constitutionnelle divise même la majorité en RDC. Les uns l’approuvent tandis que les autres le rejettent totalement. On ne se croirait pas dans un pays africain où, en règle générale, personne, surtout pas de la majorité, n’ose s’opposer à la volonté du chef de l’Etat, au risque de se voir accusé de crime de lèse-majesté. Qu’un sénateur, de surcroît un président de parlement, contrarie publiquement le chef de l’Etat, cela ne court pas les rues en Afrique. C’est en cela que l’acte du président Aubin Minaku mérite d’être salué à sa juste valeur, tant il est singulier.

 

Même le mandat actuel de Kabila n’est pas légitime

 

D’aucuns le  taxeront d’avoir joué au héros solitaire, mais il a eu le mérite de dire tout haut ce que certains pensent tout bas. Car d’autres personnes, à sa place, auraient caressé le président Joseph Kabila dans le sens du poil, l’encourageant ainsi à se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam. Sans doute y a-t-il des sénateurs de la majorité qui pensent comme Aubin Minaku, mais qui, par peur de perdre leurs privilèges ou de voir brandir un dossier sale contre eux, ont tout simplement choisi de se taire ; habitués qu’ils sont aux lambris du pouvoir. Sont de ceux-là tous ces intellectuels ou prétendus tels qui ont choisi de se mettre au service d’une dictature, parce qu’ils veulent tout simplement rester à l’abri du besoin.   C’est pourquoi il sied de rendre un hommage mérité au président du Sénat congolais qui a fait le choix du peuple et non  d’un individu, fût-il chef de l’Etat. Cela dit, on se demande si cette prise de position, pour le moins claire, fera reculer le président Kabila. Même si l’Eglise catholique a réitéré son opposition à toute modification de la Constitution. En tout cas, dans son propre intérêt et dans l’intérêt  même de la nation congolaise, le président Kabila gagnerait à débarrasser le plancher en 2015 et cela pour deux raisons fondamentales. La première est qu’il n’est pas arrivé de façon régulière au pouvoir. C’est par compassion que la classe politique l’avait laissé diriger le pays après le décès brutal de son père qui, quoi qu’on puisse dire de lui, a eu le mérite de bouleverser dans le bon sens, le destin de tout un pays. La seconde tient au fait que même le mandat actuel de Kabila n’est pas légitime. On se rappelle d’ailleurs les conditions dans lesquelles il s’est fait réélire à la tête de la RDC. En fait, si les dirigeants africains d’aujourd’hui avaient le sens de l’humilité, de l’honneur et de la parole donnée, le continent noir serait en avance sur certains pays européens en termes de démocratie. Malheureusement, ils veulent tous mourir au pouvoir. Ils n’ont pas la culture de la démission responsable comme les Senghor, Nyéréré, Ahidjo, etc.

 

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment