HomeA la unePROMESSE D’ADO DE NE PAS BRIGUER UN TROISIEME MANDAT : On attend de voir

PROMESSE D’ADO DE NE PAS BRIGUER UN TROISIEME MANDAT : On attend de voir


A l’occasion de la présentation des vœux de nouvel an aux Corps constitués du pays, le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), a réaffirmé, le 4 janvier dernier, sa volonté de ne pas briguer un autre mandat, à l’expiration de son second et dernier mandat constitutionnel en 2020. Dans une Afrique en proie à toutes sortes de turbulences en raison de la question de l’alternance, la sortie du chef de l’Etat ivoirien est suffisamment rare pour être soulignée, tant elle est empreinte de responsabilité et de dignité. En tout cas, elle met du baume au cœur des démocrates du continent, qui se reprennent à espérer d’une Afrique nouvelle, débarrassée de cette race de dictateurs impénitents qui ne s’imaginent pas une vie en dehors du pouvoir et qui sont prêts à ruser avec les textes et à marcher sur les cadavres de leurs compatriotes pour se maintenir au pouvoir. C’est pourquoi l’on a envie de croire en la sincérité du président ivoirien. D’abord, parce que ce n’est pas la première fois que ADO affirme sa volonté de ne pas aller au-delà de ses deux mandats constitutionnels. En 2015 déjà, il s’y était engagé, avant même sa réélection, avant de remettre le couvert l’année dernière,  au moment du référendum constitutionnel.  Avec la sortie de mercredi dernier, cela fera au moins la troisième fois que le dirigeant ivoirien se sera engagé à ne pas succomber à la tentation d’un troisième mandat. Et comme on dit en Afrique que le chiffre 3 est le chiffre de l’homme, l’on peut se prendre à espérer qu’après s’être engagé au moins trois fois, ADO ne reniera pas son serment par la suite. Ensuite, il y a le moment choisi. Car, à y regarder de près, l’on ne peut pas dire qu’il ait été contraint par une quelconque actualité politique qui l’oblige à clarifier sa position. Tout  porte donc à croire que c’est une décision mûrement réfléchie et prise en âme et conscience. D’autant plus qu’en brisant de sitôt le silence qui est jusque-là l’arme favorite de bien de ses pairs qui nourrissent des intentions malveillantes vis-à-vis des textes fondamentaux de leur pays, ne sortant du bois qu’au dernier moment, ADO n’entretient pas le suspense, ce qui a de quoi rassurer sur sa sincérité.

On prend ADO au mot

C’est pourquoi l’on a envie d’accorder le bénéfice de la bonne foi à l’enfant de Kong, en attendant de le voir joindre plus tard l’acte à la parole. Car,  avec ce que beaucoup de ses pairs africains ont donné à voir, ces dernières années, relativement à la question de l’alternance rudement mise à mal par la roublardise de bon nombre d’entre eux, l’on peut être habité par un certain doute.  Et dans le cas d’espèce, la levée de la limite d’âge dans la nouvelle Constitution récemment adoptée par référendum,  n’est pas pour rassurer ses détracteurs. Tout comme le choix de constitutionaliser le statut des rois et chefs traditionnels qui peuvent désormais se compter parmi les dignitaires de la République et qui s’étaient ouvertement montrés favorables à l’instauration d’un troisième mandat, sans avoir été recadrés par le chef de l’Etat en son temps. Et puis, un éventuel départ de l’enfant de Kong serait la fin des haricots pour certains et sonnerait le glas de l’impunité pour d’autres, qui l’ont aidé à devenir président. En tout état de cause, l’on prend ADO au mot. Et l’on attend de voir s’il fera exception. Car, les politiciens sont ce qu’ils sont. Certains de leurs engagements ne pèsent pas plus lourd que les duvets d’un poussin et n’engagent que ceux qui y croient. Mais si ADO respecte sa parole, nul doute qu’il en sortira grandi et entrera dans l’Histoire démocratique de l’Afrique par la grande porte. Car, aujourd’hui  plus que jamais, l’un des maux dont souffrent le plus les dirigeants du continent, c’est la maladie du troisième mandat dont les effets dévastateurs sur les populations, ne sont plus à démontrer. Et le mérite d’ADO serait d’autant plus grand qu’il  montrerait à bien de ses pairs qu’il y a bien une autre vie après le pouvoir, dont il ne faut pas avoir peur.

En attendant, les démocrates du continent continuent de rêver d’une Afrique où la question de l’alternance sera systématique, et où, comme dans les grandes démocraties, le président n’aura pas besoin de se prononcer sur la question de son départ. C’est une question de temps, et le rêve peut être permis, avec de telles prémices.

Outélé KEITA


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