HomeA la unePROMESSE DE TOLERANCE ZERO EN MATIERE DE MAL GOUVERNANCE AU FASO : Le peuple prend acte  

PROMESSE DE TOLERANCE ZERO EN MATIERE DE MAL GOUVERNANCE AU FASO : Le peuple prend acte  


 

Un parfum de révolution souffle encore sur  le Burkina. En effet, après la constitution d’un gouvernement fait à majorité de nouvelles têtes, le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, continue d’imprimer sa marque, visiblement dans l’esprit de l’insurrection. Aux nouveaux membres du gouvernement qu’il a reçus au palais de Kosyam dans l’après-midi du 13 janvier 2015, il a dit s’inscrire dans une logique de rupture dans la manière de gouverner le pays. Désormais, c’est la tolérance zéro en matière de mal gouvernance au Faso, a-t-il fait observer. Le gouvernement de Paul Kaba Thiéba est ainsi invité à faire en sorte que le slogan  «plus rien ne sera comme avant», ne soit pas une expression creuse. Le nouveau président du Faso entend ainsi donner du contenu à ce slogan et rassurer les Burkinabè. Le peuple burkinabè a, à maintes reprises, exprimé sa soif d’une nouvelle gouvernance plus vertueuse, où le principe de reddition de comptes des gouvernants trouvera matière à réalisation. Le chef de l’Etat promet y tenir comme à la prunelle de ses yeux.

Il est très souvent beaucoup plus facile de critiquer que de faire ses preuves

A cet effet, il est prévu un code de bonne conduite et des évaluations périodiques des membres du gouvernement Thiéba. De telles mesures entrent en droite ligne de l’esprit de l’insurrection populaire d’octobre 2014 au Burkina Faso. Leur matérialisation devrait permettre au peuple burkinabè d’être en phase avec ses nouveaux dirigeants. En tout cas, de retrouver l’esprit qui veut que les gouvernants soient au service du peuple et non l’inverse. Dans cette tâche herculéenne, le président Kaboré devra pouvoir compter sur les partis de la majorité dont les dirigeants de certains se sont jusque-là illustrés, et de fort belle manière, dans la dénonciation de la mauvaise gouvernance et de la corruption. En principe, ces alliés qui jouent aussi leur survie politique en participant à cette majorité, devraient constituer une sentinelle à l’intérieur pour veiller à ce que la gouvernance du pays se fasse comme il se doit, dans les règles de l’art. Avec des personnalités naguère pas avares en dénonciations des travers de la gestion de nos pays dans ses rangs, la nouvelle majorité a-t-elle d’autres choix que de s’inscrire dans cette logique de gouvernance vertueuse ? Pas si sûr. Certes, le bon maçon se voit au pied du mur et il est très souvent beaucoup plus facile de critiquer que de faire ses preuves. Les auteurs de critiques avisées et acerbes, peuvent parfois se révéler de vulgaires « tubedigestivistes », quant vient l’heure de faire leurs preuves. Mais, on peut penser que les partis alliés au parti présidentiel ne prendront pas le risque de perdre leur âme et de disparaître par des comportements aux antipodes des valeurs qu’ils ont jusque-là défendues. Ces valeurs qui ont permis à certains d’avoir l’estime de bien des Burkinabè au point de devenir des «faiseurs de roi». Ce d’autant plus qu’ils savent à quel point le peuple est désormais vent debout contre la mauvaise gouvernance et les mauvais gouvernants. De plus, la configuration de la scène politique ne prédispose pas la majorité présidentielle dans son ensemble, au laxisme, à la mauvaise gestion du pays. La simple existence d’une opposition politique forte et d’une société civile qui veille au grain dans le pays, fait que les gouvernants d’aujourd’hui ne peuvent pas se permettre des écarts de comportements comme certains de leurs devanciers. En effet, face à une opposition forte pour laquelle tout faux pas de la majorité pourrait constituer du pain bénit, le gouvernement Thiéba ne peut pas faire l’économie d’une gestion exemplaire des affaires du pays. Cela confinerait au suicide. Surtout que les populations elles-mêmes sont de plus en plus aux aguets et traquent le moindre écart de langage ou de comportement de leurs dirigeants. L’exemple des autorités de la Transition qui ont souvent essuyé une volée de bois vert et ont été, bien des fois, obligées de faire du rétropédalage par rapport à certaines décisions, est suffisamment illustratif de la vigilance et du poids de l’opinion du peuple burkinabè sur l’action de ses dirigeants, désormais.

De simples professions de foi ne sauraient suffire à remettre sur pied une gouvernance qui aura pour boussole l’intégrité

Bien entendu, la partie n’est pas gagnée d’avance pour le nouveau chef de l’Etat. Les mauvais comportements ont la peau dure. Même si le gouvernement est majoritairement constitué de têtes qui n’ont pas encore été à ce niveau de responsabilité de par le passé, on sait que le laxisme et la corruption ont fait leur nid dans bien des secteurs d’activités au Burkina. Il suffit, pour s’en convaincre, de se référer aux rapports périodiques des organisations œuvrant dans le domaine de la défense et de la promotion de la bonne gouvernance comme le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) et la désormais Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Il est évident que de simples professions de foi ne sauraient suffire à remettre sur pied une gouvernance qui aura pour boussole l’intégrité, partout et en tout lieu au Burkina. Il est plus que jamais nécessaire que le président joigne l’acte à la parole. Car, comme on le dit souvent, l’exemple doit venir d’en haut, c’est-à-dire du chef de l’Etat. Si le président, dans l’exercice quotidien de son pouvoir, s’emploie à incarner les valeurs qu’il prône et que les Burkinabè entendent les voir matérialisées, il aura plus de chances de réussite. Son exemple fera certainement tache d’huile. En tout cas, bien de ses collaborateurs seraient plus enclins, par adhésion volontaire ou par crainte d’être punis, de marcher droit. Il ne doit pas hésiter à brandir le bâton chaque fois que nécessaire. Car, paraphrasant les Saintes Ecritures, on peut dire que la crainte du président vertueux est le début de la sagesse des ministres et autres autorités de l’Etat. De ce fait, il appartient au président Roch Marc Christian Kaboré, de réunir les conditions de son succès qui sera celui du Burkina tout entier. En tout état de cause, le peuple prend acte de sa promesse d’une gouvernance vertueuse au Faso.

« Le Pays »


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