HomeA la unePROVINCE DU PASSORE : La chasse aux femmes accusées de sorcellerie continue

PROVINCE DU PASSORE : La chasse aux femmes accusées de sorcellerie continue


 

 S’il y a une pratique avilissante et déshumanisante vis-à-vis de la gent féminine dans nos sociétés actuelles, c’est bel et bien celle de l’exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie. Malgré les discours lénifiants et les sensibilisations tous azimuts, la pratique perdure. Selon les statistiques de la période 2012-2017 de l’Action sociale, de la Mission catholique ainsi que de l’Association pour la promotion de la femme et de l’enfant du Passoré (APF), 877 femmes, soit un taux de 27 %, ont été exclues de leurs familles.

 

Les chiffres parlent d’eux­-mêmes. 877 femmes ont été chassées de leurs familles dans le Passoré au cours de la période 2012-2017, selon des statistiques émanant de structures de la province, soit un taux de 27%. Il s’agit des structures de l’Action sociale, de la Mission catholique et de l’APF. La commune de Pilimpikou est en tête avec 298 femmes exclues,               selon      les données communiquées à l’occasion de la 160e  Journée internationale de la femme célébrée dans la commune de Kirsi. Ainsi, malgré les sensibilisations et plaidoyers des différents acteurs intervenant dans le domaine, le combat est loin d’être gagné au Burkina Faso, du moins dans le Passoré. Selon le directeur de l’Action sociale du Passoré, Gaston Nassouri, les causes de cette pratique sont liées à l’ignorance, à la pauvreté, au sous-développement et à la méchanceté de certains chefs de famille. Pour lui, les femmes exclues font face à des problèmes sanitaires, à la soif, à la faim. Selon Norbert Ouédraogo, président du Comité justice pour la réinsertion des exclus au Passoré, 12 femmes de diverses communes telles que Pilimpikou, Arbollé, Samha, Kirsi et Lâ-todin, sont gardées par la Mission catholique du Passoré. « Un village ne peut pas s’ériger en Etat dans un Etat. C’est marrant que l’Etat ait fermé les yeux sans réprimer les auteurs, car sous peine de représailles, certaines femmes ont peur même de se prononcer, encore moins nous qui ne sommes pas couverts par une autorité », a-t-il ajouté. Les faits qui leur sont reprochés sont dûs à la curiosité, la jalousie de l’entourage ainsi que la méchanceté, à en croire dame Suzanne Bamogo, la quatre-vingtaine bien sonnée. Assise dans une maison peuplée de chauve-souris, elle explique les faits en ces termes: « On m’a dit que je suis sorcière et j’ai accepté de partir, parce que je n’ai pas la force. Je suis humiliée et je ne veux même plus repartir en famille. Je demande le minimum pour vivre et partir », lance-t-elle. Comme on le voit, vaincre un tel phénomène est difficile, et ce d’autant plus que les exclus pour cause de sorcellerie, ne se comptent pas uniquement parmi les femmes. Les hommes aussi étant concernés, cela doit être un combat de longue haleine. Contraints par la vie, ils s’adonnent à de petits boulots à la gare routière de Yako. Ce qui veut dire que le phénomène tend à dépasser le genre pour se généraliser.

Marou DlANDA (Correspondant)

 

 


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