HomeA la unePUGILAT AU SOMMET DU FPI :Les langues se délient, les bras aussi

PUGILAT AU SOMMET DU FPI :Les langues se délient, les bras aussi


La crise au sein du Front populaire ivoirien (FPI) est en train de prendre une autre tournure. « Remous au sein du FPI : va-t-on vers une implosion du parti ? ». Ainsi titrions-nous dans notre édition du 17 juillet dernier, lorsque Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI, avait décidé d’opérer des changements au sein du directoire du parti.

Au regard des derniers développements, la question est toujours d’actualité.

 

L’argument de la force des muscles semble avoir pris le dessus

 

En effet, le week-end dernier, deux ex-ministres de Laurent Gbagbo, Moïse Lida Kouassi, précédemment ministre d’Etat, ministre de la Défense et de la protection civile, et Raymond Abouo N’Dori, précédemment ministre de la Santé, puis de la Construction et de l’urbanisme, en sont venus aux mains, au cours d’une réunion du comité central, obligeant le président du parti à suspendre la rencontre. Avec cette empoignade, l’on a le sentiment que  l’argument de la force des muscles semble avoir pris le dessus sur la force des arguments, au sommet même du parti. Et cela n’est pas de bon augure pour un parti qui veut reconquérir le pouvoir d’Etat.

Certes, la question de la participation à la Commission électorale indépendante est la question brûlante de l’heure, qui divise au FPI. Mais il faut craindre que la crise ne soit beaucoup plus profonde, et que cette partie visible de l’iceberg ne cache en réalité d’autres rivalités. En tout cas, à l’orée de la présidentielle de 2015, la sérénité est en train de quitter les rangs du parti de Laurent Gbagbo où l’atmosphère est de plus en plus délétère entre les militants.

Cela n’est, du reste, pas nouveau car, depuis quelques mois, le FPI est traversé par des courants antagonistes. Entre les modérés, emmenés par Affi N’Guessan, qui pensent qu’il est temps de changer de stratégie pour réintégrer le jeu démocratique, et les radicaux dont l’ex-secrétaire général du parti, Laurent Akoun,  pour qui la libération de Laurent Gbagbo n’est guère marchandable, les divergences de vue ont entraîné une fracture qui semble évoluer dangereusement vers une rupture.

 

Il faut espérer que l’on n’assistera pas à une implosion du parti

 

Et la confirmation des charges contre Laurent Gbagbo a apparemment contribué à creuser davantage le fossé entre ses héritiers politiques. Pour Affi NGuessan et ses partisans, le parti doit survivre à son fondateur, et toute la lutte ne saurait être focalisée sur la libération de leur mentor. D’autant plus qu’à l’étape actuelle, une telle exigence a visiblement peu de chances d’aboutir, à moins d’un retournement extraordinaire de situation.

Pour l’autre courant tenu par Laurent Akoun, cet argument est fallacieux, et Laurent Gbagbo ne saurait être abandonné à son triste sort ni sacrifié sur l’autel d’ambitions personnelles « assimilables à un parricide ». Malheureusement, autant les langues se délient, autant les bras semblent se délier avec le triste épisode du week-end dernier.

Que des militants à la base règlent leurs comptes aux biceps, peut encore s’entendre. Mais que des personnalités de l’élite même du parti s’adonnent à un spectacle aussi désopilant qu’horripilant, donne non seulement une mauvaise image du parti lui-même, mais aussi amène à se demander si la violence dont font montre certains militants à la base, n’est pas due au comportement des leaders au sommet. Il est triste de voir que les cadres du FPI se montrent incapables de laver leur linge sale en famille, et étalent leurs divergences sur la place publique, avec un comportement qui ne les honore point. Pourtant, en se positionnant comme un contre-pouvoir fort et crédible, le FPI peut apporter beaucoup à la démocratie ivoirienne.

En tout cas, en attendant le congrès de décembre, il faut espérer que l’on n’assistera pas à une implosion du parti.

 

Outélé KEITA


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