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 Quand la météo politique annonce un mauvais temps


 PRESIDENTIELLE MALIENNE

Dimanche prochain, 29 août 2018, les Maliens sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. En rappel, 24 prétendants dont une femme, convoitent le fauteuil de Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) qui entend, de son côté, se succéder à lui-même. Toutefois, après trois semaines de campagne, la météo politique annonce un mauvais temps, avec la menace d’une tempête de sable qui risque, si l’on n’y prend garde, de perturber le processus électoral en raison de la polémique qui enfle autour du fichier électoral et qui fait des gorges chaudes sur les rives du fleuve Djoliba. Le lièvre, on se rappelle, a été levé à mi-parcours de la campagne par le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, et ses partisans, qui dénonçaient le fichier électoral officiellement mis en ligne par la Délégation générale aux élections (DGE).

On croise les doigts pour que le vote se passe dans les meilleures conditions

Selon eux,  ce fichier ne serait « ni plus ni moins qu’un fichier parallèle qui est distinct de celui audité le 27 avril ». De là à y voir « des fraudes en préparation », il y a un pas que le candidat malheureux de la présidentielle de 2013 et les siens ont vite fait de franchir, menaçant de se retirer de la compétition électorale si les correctifs nécessaires n’y étaient pas apportés. A quelques heures de la clôture de la campagne qui prend normalement fin ce vendredi à minuit, la tension est loin d’être retombée puisqu’aux récriminations de l’URD, le parti de Soumaïla Cissé, sont venues s’ajouter celles d’autres partis de l’opposition qui remettent aussi en cause la fiabilité du fichier électoral, faisant planer de sérieux doutes sur la tenue du scrutin dans la sérénité.

Pendant ce temps, les questions sécuritaires restent toujours préoccupantes, d’autant que l’on signale, à l’intérieur du pays,  la perturbation d’au moins un meeting par des hommes armés qui auraient emporté un véhicule et les effets d’une personnalité. Autant de signaux négatifs, qui font craindre pour le scrutin de dimanche, et qui sont venus ternir quelque peu l’image d’une campagne qui aura été, malgré tout, globalement civilisée, dans la mesure où en dépit  de l’enjeu, il n’a pas été signalé de violences entre militants de camps rivaux. C’est déjà cela de gagné.

Toutefois, les préoccupations demeurent. D’autant plus qu’à côté des difficultés de distribution des cartes électorales et de couverture de l’ensemble du territoire pour les raisons que l’on sait, l’opposition semble faire de la résolution de la question du fichier électoral, la condition sine qua non de sa participation voire de la tenue du scrutin. C’est pourquoi l’on est curieux de savoir ce qui sortira des concertations autour de cette question, et si les contestataires iront jusqu’à demander le report du scrutin ou exiger une correction rapide du fichier. Encore faudrait-il qu’à 48 heures du scrutin, les solutions envisagées pour éviter un éventuel report, soient encore applicables. Cela dit, en dépit des dispositions sécuritaires prises, l’on croise les doigts pour que le vote se passe dans les meilleures conditions. En tout cas, dans le contexte sécuritaire actuel, il y a lieu de croire que c’est la peur au ventre que certains électeurs se rendront aux urnes, s’ils n’y renoncent pas tout simplement.

Il est impératif que les principaux acteurs sachent raison garder

Car, dans ces sables mouvants du désert malien, la menace terroriste n’est jamais vraiment loin. Et l’on peut même nourrir de réelles craintes, que les fondamentalistes ne s’invitent de la plus mauvaise des manières à ce rendez-vous  électoral, en endeuillant le scrutin.  C’est dire toute la pression qui pèse aujourd’hui sur les autorités de Bamako, en raison des menaces de tous ordres qui planent sur cette élection. Et tant que le scrutin ne se sera pas tenu, l’on ne peut jurer de rien.

C’est pourquoi il est impératif que les principaux acteurs de cette présidentielle malienne sachent raison garder, et que des solutions concertées soient trouvées, à l’effet de sauver non seulement le scrutin de dimanche, mais aussi la paix sociale ou ce qu’il en reste, au Mali. Autrement, il ne faudrait pas s’étonner que ce scrutin débouche sur une crise postélectorale sans précédent, dont nul ne saurait prédire l’ampleur ni l’issue. Ce serait ajouter inutilement de la peine à la peine et de la douleur à la souffrance. Le Mali n’a pas besoin de ça. Surtout pas d’une crise supplémentaire au moment où le pays peine véritablement à voir le bout du tunnel face à la crise qui le secoue depuis maintenant cinq ans et qui a vu des groupes terroristes de tous ordres y étaler durablement leurs tentacules au point de menacer l’intégrité du territoire. En attendant, tout le monde retient son souffle.

 « Le Pays » 


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