HomeLignes de mireQUATRIEME ANNIVERSAIRE DE LA CHUTE DE MOUBARAK : Des progrès en dents de scie

QUATRIEME ANNIVERSAIRE DE LA CHUTE DE MOUBARAK : Des progrès en dents de scie


Un anniversaire sous très haute tension. C’est le moins que l’on puisse dire avec ce qui s’est passé le 25 janvier 2015, en Egypte, pays des Pharaons. En effet, alors que le pays commémorait le quatrième anniversaire de la chute de Hosni Moubarak, les Frères musulmans et une dizaine de mouvements ont appelé leurs militants à descendre dans la rue pour protester contre le pouvoir du président Al-Sissi, bravant ainsi l’interdiction faite par les autorités de manifester, en raison des sept jours de deuil décrétés après la mort du roi d’Arabie Saoudite. Comme on pouvait s’y attendre, la manifestation a été réprimée dans le sang.

Déjà, tôt dans la matinée d’hier, des blindés de l’armée et de la police égyptienne avaient pris position dans toute la capitale, si fait que l’on avait l’impression d’être dans un pays en guerre. En tout cas, quatre ans après, l’Egypte a changé. Si si, l’Egypte a changé. Elle a changé négativement et positivement.

Négativement, parce que jamais le pays, même sous l’ère  Moubarak, n’avait connu pareille violence où l’armée n’hésite pas à tirer sans discernement sur les manifestants comme des pintades sauvages. Si fait que chaque manifestation de rue apporte aujourd’hui son lot de cadavres. Ce qui constitue un grand recul dans un pays qui vient de sortir d’une insurrection populaire et qui aspire à plus de démocratie et de liberté. En fait, s’il est vrai que face à l’intransigeance des Frères musulmans qui, très souvent, refusent d’entendre raison, le pouvoir égyptien n’a pas d’autre choix que de se montrer très ferme, il faut cependant reconnaître que le général Al-Sissi en fait un peu trop. On se rappelle encore ces condamnations à la pelle aux allures de règlements de comptes dont avaient été l’objet certains membres de la confrérie et qui, très curieusement, n’avaient quasiment ému personne ; pas même la communauté internationale pourtant prompte à dénoncer des violations des droits humains dans d’autres pays africains. Est-ce parce qu’il s’agissait de condamnations dirigées contre des islamistes dont les Occidentaux ont une sainte horreur ? On peut répondre par l’affirmative quand on sait que l’Egypte constitue un dispositif central dans la lutte contre le terrorisme au Proche Orient.

Il revient à Al-Sissi de travailler à consolider les acquis

Dès lors, on comprend pourquoi les Occidentaux ferment souvent les yeux sur   les dérives des dirigeants égyptiens, à l’exception de Mohamed Morsi dont le péché originel a été de vouloir instaurer un régime théocratique dans un pays moderne. C’est ceci donc qui explique cela. En fait de dictature, Al-Sissi, en si peu de temps au pouvoir, semble avoir damé le pion à Moubarak qui a dirigé le pays pendant une trentaine d’années. Ce qui fait dire à juste titre que l’Egypte a fait un bond en arrière en termes d’avancées démocratiques.

Si si, l’Egypte a changé. Et positivement. En effet, le pays a tout de même enregistré des progrès significatifs que l’on ne saurait occulter. Car s’il est vrai que sous l’ère Moubarak, l’Egyptien lambda jouissait d’une certaine liberté, à l’exception, bien sûr, des islamistes purs et durs, aujourd’hui, la mise en place de la nouvelle Constituante garantit plus de liberté au peuple égyptien.

De fait, la laïcité de l’Etat a été   améliorée et renforcée, n’en déplaise aux Frères musulmans qui veulent d’un Etat islamique. En outre, il faut reconnaître que sur le plan social, les Egyptiens sont aujourd’hui mieux lotis qu’ils ne l’ont été sous l’ère Moubarak, et surtout pendant la parenthèse de Morsi où il était souvent difficile de s’assurer la pitance quotidienne ; les richesses ayant été concentrées entre les mains d’une minorité qui roulait carrosse, pendant que les jeunes, ceux-là mêmes qui constituent l’espoir de demain, croupissaient dans la misère.

Cela dit, il revient à Al-Sissi de travailler à consolider ces acquis, en créant davantage d’emplois pour les jeunes afin d’éviter qu’ils ne soient des proies faciles pour les islamistes qui excellent dans l’endoctrinement. Et ce faisant, il doit travailler à relever le défi de la réconciliation nationale, en pansant toutes les plaies encore béantes de l’Egypte.

Boundi OUOBA


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