RACISME AUX USA : Le martyre des Afro-Américains prendra-t-il fin un jour ?

L’Amérique de Barack Obama est marquée depuis bientôt six mois, par des manifestations contre les violences policières. Des violences policières meurtrières, dont les responsables de la police américaine cherchent à atténuer l’impact émotionnel, en parlant plutôt de morts « accidentelles ». Dans tous les cas et quelle que soit la rhétorique adoptée par les responsables de la police américaine, on retient qu’il s’agit de meurtres perpétrés par des agents de la police sur des citoyens américains non armés. Et le plus déconcertant est que cette violence criminelle de la police américaine, qui fait la une des journaux depuis bientôt six mois, ne s’exerce que sur une catégorie particulière de la population américaine, en l’occurrence, les Américains d’origine africaine.

Alors, la police a beau se défendre, il est difficile de ne pas voir dans ces « bavures » à répétition, des actes de racisme à l’endroit de la population noire du pays.

Les Etats-Unis sont-ils alors en train de retourner vers les années sombres de leur histoire où le lynchage des Noirs était le sport favori des Américains de race blanche, plus riches, mieux armés et mieux protégés ?

Le martyre des Afro-Américains prendra-t-il fin un jour ? Autant de questions qui traduisent l’inquiétude et l’indignation qui règnent en ce moment au sein de la communauté noire américaine.

L’Amérique est une grande nation et son histoire a été pendant longtemps ponctuée de guerres et de luttes de libération, dont celles de la race noire particulièrement, qui ont laissé des traces indélébiles sur sa vie sociale et politique. Des meneurs d’hommes, des esprits forts, des poids lourds de la conscience universelle à l’image du Pasteur Martin Luther King, de Marcus Garvey ou de Malcom X, par leur lutte jusqu’au sacrifice de leur vie, ont conquis la liberté et le respect pour leur race. Depuis l’abolition de l’esclavage, à la reconnaissance des droits civiques des « hommes de couleur », entendez par là les Noirs, beaucoup de choses ont sans doute été faites pour assurer aux Noirs d’Amérique la même liberté, la même égalité en droits que leurs compatriotes de race blanche. Une liberté et une égalité en droits, reconnues et inscrites dans la Constitution américaine.

Obama marche sur des œufs

Malheureusement, et c’est là où le bât blesse, cette reconnaissance sur le papier est très loin d’être une réalité dans la vie quotidienne des Noirs en Amérique.

Et pire, on est même tenté de dire que le racisme anti-noir  aux USA, a atteint un niveau très inquiétant avec des manifestations de haine raciale rarement vues dans ce pays. Ironie du sort, c’est au moment même ou un Afro-Américain occupe la Maison blanche, au moment où un Noir, arrière petit-fils d’esclave venu d’Afrique est assis sur le siège d’Abraham Lincoln, que le racisme blanc, à travers la police, atteint des proportions inquiétantes. Alors, de là à penser que cette résurgence de la violence policière anti-noire est ourdie par une classe politique blanche aux fins de déstabiliser le régime Obama, il n’y a qu’un tout petit pas que beaucoup de personnes n’hésitent pas à franchir, tant les coups tordus, les levées de boucliers contre sa politique en faveur des franges pauvres parmi lesquelles on compte plus de Noirs que de Blancs, sont nombreux ces derniers temps. Conséquence, Obama marche sur des œufs. Il sait qu’en réagissant avec fermeté, il risque d’être accusé de défendre sa communauté, lui qui, à son investiture, s’était proclamé le président de tous les Américains. Et ce faisant, il prendrait en même temps le risque encore plus grave, de fermer et pour longtemps, les portes de la Maison blanche à un autre éventuel candidat de sa race.

Or, en n’agissant pas non plus, comme il le fait en ce moment, la communauté noire le traite d’ingrat, d’insensible à la souffrance de ses frères de race. Et, il n’y a pas que les Noirs qui lui en veulent pour cela.

Qui est-ce qui mettra fin alors au martyre des Afro-Américains aux USA ?

Les mouvements de protestation contre la police enflent chaque jour et deviennent de plus en plus violents. Des magasins blancs sont chaque jour saccagés et brûlés. Les jeunes noirs laissent partout libre cours à leur colère. La solution est- elle là ? Sans doute non. Mais elle ne semble pas non plus être dans le dialogue que prônent certains  leaders de la communauté noire, car ceux qui tuent ces Noirs, savent bien ce qu’ils veulent et ce n’est certainement pas ce dialogue qui va les convaincre d’abandonner cette voie.

La solution viendra pourtant un jour. Elle viendra par la lutte organisée des Américains qui aiment  vraiment ce pays, qu’ils soient Noirs ou Blancs. Elle viendra le jour où ces Américains réussiront à faire changer la peur de camp. Car quand les auteurs de la violence ne trouveront plus de sommeil, ils trouveront la nécessité de revoir avec les victimes d’hier comment mettre des bornes à la liberté. En commençant par la liberté de se procurer une arme à feu, et d’en faire usage dès qu’on a en face de soi un homme qui ne vous  ressemble pas.

Dieudonné MAKIENI