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RCA : De l’Etat néant à l’Etat naissant !


Cela fait un an, jour pour jour, que Faustin Archange Touadéra a été investi président de la République centrafricaine (RCA). L’événement, on se rappelle, s’était déroulé dans un contexte pour le moins particulier, marqué par le crépitement des armes des rebelles et autres groupes armés qui avaient mis le pays presque sous coupe réglée ; en témoignent les violences quasi-quotidiennes qui avaient cours dans certaines localités, notamment à Bambari et à Bria. Mais un an après l’accession de Touadéra au pouvoir, le moins que l’on puisse dire, c’est que les lignes ont bougé. Certes, la RCA est loin d’être pacifiée, mais on peut affirmer sans risque de se tromper que le plus dur est passé. Quand on revoit les moments difficiles qu’a connus le pays, on peut se permettre de dire que devant, c’est maïs pour emprunter le vocable de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo. L’espoir est permis. Car, de l’Etat néant, la RCA est devenue aujourd’hui un Etat naissant. Ce d’autant que toutes les institutions de la République fonctionnent normalement. Mieux, certains rebelles ont accepté de déposer les armes. Et même ceux qui continuent de faire de la résistance n’ont plus de marges de manœuvres, acculés qu’ils sont par les forces internationales en présence, qui ne font plus dans le sentiment. A preuve, certains groupes armés ont dû rejoindre le comité DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion) sur la pointe des pieds. Cela dit, on peut dire que les nouvelles autorités centrafricaines, par petites touches, impriment leur marque. Et le signe des temps a été la visite en grandes pompes du président Faustin Archange Touadéra à Bambari, du nom de cette ville connue pour être frondeuse, devenue entre-temps le creuset de la violence sous toutes ses formes en RCA.

Les signaux sont bons

Donc, en un mot comme en mille, la RCA revient de loin. Surtout que dès l’entame de son mandat, le président Touadéra a dû faire face à une nouvelle officialisée le jour même de son investiture. Il s’agit du départ programmé de l’opération Sangaris qui a finalement plié bagages en fin octobre dernier. Toute chose qui n’avait pas été favorablement accueillie par la majeure partie des Centrafricains qui redoutaient une recrudescence de la violence, avec des conséquences désastreuses. Car, ils sont estimés à 400 000, les Centrafricains qui vivent dans des sites de déplacés, sans compter les réfugiés (450 000) et ceux-là qui ont injustement été envoyés ad patres. Et c’est bien là les immenses défis que devra travailler à relever le régime de Touadéra : ramener tous les réfugiés au pays, reloger tous les déplacés de guerre et rendre justice aux parents de toutes les victimes. Ce dernier volet constitue une étape très importante, en ce sens qu’on ne saurait aller à la réconciliation nationale sur le dos des cadavres, c’est-à-dire sans justice. C’est pourquoi il faut souhaiter que la Cour pénale spéciale en cours de formation voit rapidement le jour et que le calendrier annoncé soit respecté, pour permettre aux Centrafricains de crever non seulement les abcès mais aussi de se rabibocher avec eux-mêmes. Quant à la relance économique du pays, on peut dire que les signaux sont bons. Car, la table-ronde de Bruxelles sur la RCA,  en novembre 2016, avait permis de mobiliser près de trois milliards de dollars. Certes, ce ne sont encore que de simples promesses de financement, mais cela donne déjà à espérer. Pourvu que quand commenceront les décaissements, chaque fonds puisse servir la cause pour laquelle il a été alloué. C’est à ce prix que la RCA pourra se relever très vite du mal profond qui la ronge tel un cancer.

Boundi OUOBA


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