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RCA :Vers un deuil endeuillé


Après le massacre de 26 déplacés à la Cathédrale catholique Saint Joseph, le 7 juillet dernier à Bambari, la présidente de la Centrafrique, Catherine Samba-Panza, vient de décréter un deuil national de trois jours en mémoire des disparus. Si, dans la forme, l’acte est à saluer, on ne peut s’empêcher de se demander si un deuil national suffira à mettre fin aux violences en cours dans le pays. Ces trois jours de deuil marqueront-ils suffisamment les esprits des Centrafricains au point de désarmer les cœurs et les bras? Rien n’est moins sûr.

 

Tant que les cœurs ne seront pas vidés de leur fiel, il sera utopique de croire à un retour définitif de la paix en Centrafrique

 

Toujours est-il que la RCA est en train, si ce n’est déjà fait, de toucher le fond si bien qu’on se demande si une telle initiative n’est pas un coup d’épée dans l’eau. Du reste, et sans jouer les oiseaux de mauvais augure, ces trois jours de deuil national risquent eux-mêmes d’être endeuillés. La violence a tellement pignon sur rue en RCA qu’il est aujourd’hui difficile de parier sur le succès d’une telle décision. En fait, tant que les cœurs ne seront pas vidés de leur fiel, il sera utopique de croire à un retour définitif de la paix en Centrafrique.

Pour espérer une paix durable en RCA, il faudra à tout prix mettre la main sur les auteurs du drame centrafricain. Et la communauté internationale, au chevet de la RCA depuis plus d’une année, en a les moyens. Les auteurs-clés de cette tragédie sont bien connus : François Bozizé aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt international, et Michel Djotodia.

Il se susurre que ce dernier nourrit le secret espoir de réorganiser la Séléka pour reconquérir le pouvoir à Bangui. Quant à François Bozizé, il n’a jamais fait non plus mystère de ses ambitions de revenir aux affaires. Des raisons suffisantes pour mettre ces deux anciens dirigeants hors d’état de nuire.

 

Il est temps que les Centrafricains se parlent franchement

 

Selon le Premier ministre centrafricain, André Nzapayéké, il n’y aura pas d’amnistie pour l’ex-président Bozizé. Doit-il être, dans ce cas, interdit à toute négociation de paix ? Le mieux ne serait-il pas de les mettre, lui et Djotodia, à contribution pour éteindre le feu qu’ils ont allumé ?

En tous les cas, la RCA a mal à sa sécurité intérieure et il faudra absolument y trouver une solution. L’idée d’envisager la mise de ce pays sous tutelle des Nations unies n’est pas saugrenue. Mais on n’en est pas encore là.

Pour l’instant, il faudra travailler pour la réussite du forum de la réconciliation nationale, prévu du 21 au 23 juillet prochain à Brazzaville au Congo. En associant notamment aux  Centrafricains, d’autres acteurs incontournables comme le Tchad.

Car tout bon observateur de la scène politique centrafricaine sait que le président Déby Idriss Itno a très souvent fait et défait des dirigeants en RCA. Et ne pas en tenir compte serait une grosse erreur.

En tout cas, tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans cette crise, doivent avoir voix au chapitre.

Cela dit, il convient de saluer l’initiative de ce forum car il est temps que les Centrafricains se parlent franchement en vue d’une réconciliation véritable pour la reconstruction de ce pays déchiré.

Ce forum apparaît du reste comme un test pour les acteurs de la crise d’autant qu’il permettra de connaître ceux qui veulent réellement la paix et ceux qui travaillent plutôt, jour et nuit, à enfoncer le pays dans l’abîme.

 

Dabadi ZOUMBARA

 


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