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RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE


 L’Afrique, victime des égoïsmes des grands

Depuis le 2 décembre dernier, s’est ouverte à Katowice, en Pologne, la 24e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), communément appelée COP 24 à laquelle sont attendues environ 20 000 personnes dont une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement. La préoccupation majeure de ce grand raout est de parvenir  à des règles précises d’application de l’Accord de Paris, négocié en 2015 dans le cadre de la COP21 sur le climat et plombé, en grande partie, par le retrait tonitruant des Etats-Unis de Donald Trump. A Paris, rappelons-le, la COP 21 avait refermé ses portes sur une pile de promesses et d’engagements de bonne facture. Au nombre des engagements phares, on note la décision de contenir la hausse de la température globale à moins de 2°C tout en renforçant les capacités d’adaptation des pays au changement climatique et à orienter les flux financiers vers des activités économiques à faibles émissions de gaz à effet de serre. Et ce, avec en prime l’augmentation de  l’utilisation des énergies renouvelables.  Trois ans après, l’on constate que les bonnes intentions de Paris n’ont pas produit les effets escomptés. Eu égard au dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en octobre 2018, l’on constate que depuis la COP 21, les choses ont plutôt évolué timidement. Alors que la nature ne cesse d’envoyer à l’humanité des signaux rouges. A preuve, la banquise s’effondre, le niveau des océans monte,  l’Amazonie est menacée de destruction, le bassin du Congo s’essouffle, la Californie vient d’affronter l’incendie le plus meurtrier de l’histoire des Etats-Unis depuis 1933, faisant des dizaines de morts. Il y a également les inondations et la désertification avec toutes leurs conséquences désastreuses qui témoignent, si besoin en était encore, que la planète va mal, qu’elle se réchauffe de façon accélérée et dangereuse.

Les grands décideurs pollueurs imposent des schémas qui ne répondent pas forcément aux besoins de l’Afrique

 De la Corne de l’Afrique au Maghreb en passant par l’Afrique de l’Ouest ; de l’Amérique à l’Asie, en passant par l’Océanie, c’est peu de dire que la planète entière est menacée d’un chaos climatique si les décideurs politiques n’arrivent pas à s’accorder pour inverser la tendance afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici à 2020.

Et il faut dire que ce sont les pays sous-développés, notamment ceux du continent africain, qui sont victimes de la pollution engendrée en grande partie par les pays industrialisés. L’Afrique dont la voix est presqu’inaudible à ce type de rencontres, paie déjà un lourd tribut avec notamment les inondations, la sécheresse et les famines. La nécessité d’inverser la tendance ne fait quasiment pas l’objet de contestation depuis le Sommet de la Terre en 1992. Seulement, c’est la mobilisation des moyens nécessaires qui a bien souvent fait l’objet de gorges chaudes. Car les principaux pollueurs rechignent à revoir leur  mode de production. Ce qui est périlleux pour l’humanité tout entière. Quant aux pays en voie de développement, ils n’ont pas, non seulement, suffisamment de moyens pour jouer leur partition. Ils attendent d’ailleurs des pays développés qu’ils délient le cordon de la bourse pour leur permettre de contribuer à cette lutte contre le réchauffement. Mais aussi, les grands décideurs pollueurs leur imposent des schémas qui ne répondent pas forcément à leurs besoins du moment. L’Afrique, par exemple, a beaucoup plus besoin de soutien pour renforcer sa résilience que de travailler à réduire la dégradation de l’effet de serre. Ce d’autant plus que, selon des spécialistes, d’ici à 2050, il suffira d’une augmentation de 1,2 à 1,9 degré Celsius pour accroître entre 25 et 95 % le nombre d’Africains sous-alimentés (+25% en Afrique centrale, +50% en Afrique de l’est, +85 % en Afrique australe et +95% en Afrique de l’Ouest). Et la situation sera catastrophique pour les enfants dont la réussite scolaire dépend d’une alimentation appropriée. L’humanité tout entière est prévenue.

Drissa TRAORE


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