HomeA la uneRECONCILIATION ENTRE TALON ET YAYI : Pourvu que l’acte soit sincère !  

RECONCILIATION ENTRE TALON ET YAYI : Pourvu que l’acte soit sincère !  


Patrice Talon et Boni Yayi, les deux frères ennemis béninois, ont fumé le calumet de la paix sur les bords de la lagune Ebrié, le 18 avril 2016. Si on se fie aux accolades publiques entre les deux hommes, on peut penser que l’inimitié entre l’actuel président béninois et son prédécesseur, relève désormais du passé. En rappel, Talon et Yayi ont été amis avant de se détester cordialement, le président d’alors ayant accusé l’homme d’affaires d’avoir tenté de l’empoisonner. On se souvient que Talon a dû se réfugier momentanément en France, poursuivi par la Justice de son pays dans cette affaire. Il n’a pu y retourner tranquillement pour prendre part à la présidentielle qu’après la décision de Boni Yayi de lui pardonner. C’est dire que l’accalmie était déjà perceptible entre les deux hommes. Mais à Abidjan, on a franchi un cap supplémentaire, car face aux caméras et appareils photos l’acte de réconciliation a été, cette fois-ci, posé par les deux parties naguère en conflit.

Les missions de bons offices de ADO et Faure ont été utiles à la réconciliation des cœurs

Il est heureux que ce soit deux chefs d’Etat amis et frères qui ont été à la manœuvre, pour que cette cérémonie de réconciliation ait lieu. Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire a certainement agi, fort de son amitié avec Boni Yayi. Quant à Faure Gnassingbé, la proximité géographique entre son pays et le Bénin fait qu’il avait tout à gagner en œuvrant à l’apaisement. En tout état de cause, ces missions de bons offices ont été utiles à la réconciliation des cœurs. Même si la sincérité de ce rapprochement peut être sujette à débat. Mais on imagine aisément que Boni Yayi est le plus grand bénéficiaire de ce rapprochement. En effet, les rapports de force entre les deux hommes ont changé entre-temps ; Boni Yayi n’étant plus au pouvoir et son poulain, Lionel Zinsou, ayant échoué à la présidentielle. Pire, pour lui, c’est son ennemi intime qui a remporté la majorité des suffrages et qui s’est retrouvé à sa place, au palais de la Marina. Dans ces conditions, Boni Yayi peut avoir des raisons de craindre le retour de bâton. De plus, l’ancien président a vraiment besoin de ce rapprochement si les rêves qu’on lui prête concernant le poste de Secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations unies chargé du changement climatique et des objectifs de développement durable, sont réels. Il sait que pour y parvenir, il ne peut pas faire l’économie de l’onction de son successeur à la tête de l’Etat, Patrice Talon.

Il faut croiser les doigts pour que ce rapprochement ne se fasse pas au détriment du principe démocratique de reddition des comptes

Qui plus est, ce rapprochement est peut-être un moyen pour Boni Yayi d’éviter des sanctions éventuelles sur sa gouvernance économique. Toutefois, cette réconciliation peut permettre à Talon de demander des comptes à l’ancien régime sans que cela soit systématiquement perçu comme la matérialisation d’une quelconque volonté de se venger. En tout cas, il faut croiser les doigts pour que ce rapprochement ne se fasse pas au détriment du principe démocratique de reddition des comptes auquel tout gestionnaire de la chose publique est astreint. Ce serait désastreux si cette réconciliation était seulement dictée par des calculs personnels et nauséeux. A Patrice Talon et à Boni Yayi de prouver qu’ils ont vraiment jeté la rancune à la rivière et que cela s’est fait dans le seul intérêt du peuple béninois. Il faut espérer qu’ils aient vraiment enterré la hache de guerre. Quant aux rêves de carrière onusienne de l’ancien président, il faut lui souhaiter d’avoir l’onction de son successeur. Il est de bon ton que le citoyen Boni Yayi ait, si rien d’objectif ne s’y oppose, tout le soutien dont il a besoin, de la part de son président, Patrice Talon, pour faire valoir ses compétences au niveau des Nations unies. De toute façon, quand un digne fils d’un pays accède à de hautes responsabilités au plan international, c’est toute sa nation qui s’en trouve auréolée et honorée. Si un ancien chef d’Etat comme Boni Yayi accède à de hautes fonctions internationales, ce serait la preuve, si besoin en était encore, qu’il y a bel et bien une vie après le pouvoir. Et cela devrait faire réfléchir les tenants du pouvoir à vie sur le continent.

« Le Pays »


Comments
  • Il y a effectivement une vie après le pouvoir mais peut-être sont-ce les sangsues au pouvoir qui ne s’en sentent pas eux-mêmes capables.. Etre adulé comme meilleur buteur de l’équipe de foot de son village ne veut pas dire que l’on est capable de briller au Barça. Alors on peut préférer demeurer un champion villageois plutôt que de chercher à se placer sous les projecteurs à l’international.

    20 avril 2016
  • nous ne voulons pas une democratie truquée

    6 juin 2016
  • effectivement le mot reconciliation existe, mais le mettre en pratique est un peut difficile

    6 juin 2016

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