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RECRUDESCENCE  DES ATTAQUES TERRORISTES AU NIGERIA


 Pourquoi on n’arrive pas à vaincre Boko Haram

Alors que l’on croyait le monstre touché mortellement au flanc, la secte islamique Boko Haram dont les incursions dans le Bassin du lac Tchad ont provoqué la mort de plus de 20 000 personnes et contraint à l’exil plus de 2,6 millions d’autres, reprend du poil de la bête. En effet, c’est une véritable orgie sanglante que les fous d’Allah ont organisée, le 19 juillet dernier dans un village au sud de Daboua, en territoire tchadien, en égorgeant 18 personnes, blessant deux autres et enlevant 10 femmes. Et comme si ce film d’horreur ne suffisait pas, la bande d’Abubakar Shekau a encore fait parler d’elle, hier 23 juillet 2018, en envoyant ad patres huit personnes qui se trouvaient dans une mosquée dans le nord du Nigéria.  La question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi les armées nigériane, camerounaise, nigérienne et tchadienne en lutte contre cette hydre, n’arrivent pas à lui porter l’estocade. Comme facteur explicatif conjoncturel, l’on peut avancer le déclin de l’EI en Irak et en Syrie dont les conséquences redoutées sont, entre autres,  l’afflux des combattants dans certaines régions au Sud du Sahara. Il n’est pas exclu que Boko Haram qui a été durement éprouvé, ces derniers temps, par la force multinationale mixte, ait pu bénéficier de renforts à même de lui donner un nouveau souffle. A cela, il faut sans doute ajouter les dissensions internes entre armées agissant sur le même théâtre d’opération, que les spadassins de Shekau ne ratent pas l’occasion d’exploiter. Mais comme l’on peut s’en douter, au-delà de ces causes conjoncturelles liées à l’environnement international, la résilience de la secte islamiste obéit à des motifs beaucoup plus structurels. Cela dit, il faut ajouter la fracture socio-économique entre le Nord et le Sud du pays. Il en résulte une évidente complicité entre populations et djihadistes, que l’armée nigériane minée par la corruption ne parvient pas à détricoter.

Il est temps que la bête montre des signes d’essoufflement

L’autre interrogation majeure que l’on peut se faire sur cette guerre, est de savoir si les pouvoirs politiques dans les Etats riverains du lac Tchad ne tirent pas profit eux-mêmes de l’enlisement du conflit. La question peut paraître incongrue mais pas saugrenue, quand on sait que le   président tchadien, Idriss Deby Itno, a usé de cet argument pour se poser comme homme indispensable pour la sécurité de la région et même de celle des Occidentaux. Il est aussi à peu près certain que le pouvoir nigérian masque son incapacité à relancer l’économie du pays durement fouettée par la crise, derrière cette guerre qui n’en finit pas. De ce qui précède, l’on comprend alors aisément pourquoi l’armée nigériane qui a fait ses preuves dans le cadre de la force d’intervention ouest-africaine au Libéria à travers l’ECOMOG, peine à arracher le trophée de la victoire sur un terrain qui, en plus, est le sien. Au total donc, force est aujourd’hui d’admettre, au regard de la situation sur le terrain, qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit et qu’il est maintenant temps que la bête montre des signes d’essoufflement malgré les ruades encore mortelles dont elle se montre capable. Car une chose est d’arracher les jeunes des griffes de la guerre et de l’obscurantisme, une autre est de réussir leur intégration dans la vie socio-économique de la Nation.

« Le Pays »


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