HomeA la uneRECRUTEMENT DES JEUNES LOCAUX PAR AQMI : Comment couper l’herbe sous les pieds des djihadistes

RECRUTEMENT DES JEUNES LOCAUX PAR AQMI : Comment couper l’herbe sous les pieds des djihadistes


 

L’un des responsables d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’Algérien Yahia Abou el-Hammam, expliquait récemment dans une interview sur un site d’information mauritanien, que l’organisation n’avait plus besoin d’envoyer des gens des zones du Nord opérer dans les zones du Sud parce que les jeunes recrues originaires elles-mêmes du Sud, pouvaient s’en charger. Et les attaques de Grand-Bassam, si besoin en était, le prouvent à souhait. Le prosélytisme d’AQMI en Afrique subsaharienne est donc payant. Nos Etats surpris, se réveillent douloureusement  avec le mal dans la peau, avec un risque élevé de cancérisation. Et pourtant, point n’était besoin d’être marabout instruit pour lire ce scénario-catastrophe. D’abord, parce qu’historiquement, les rapports entre le monde arabo-berbère et l’Afrique noire sont tumultueux. Les livres d’histoire scolaires  le rappellent à notre bon souvenir : le déclin au XIème siècle du premier grand empire noir, l’empire du Ghana, a été le fait  des attaques djihadistes menées par les Almoravides. Gageons que l’histoire ne se répètera pas, tant la stabilité de nos Etats est menacée à nouveau par le péril djihadiste. Ensuite, parce que l’Afrique noire postcoloniale partage les mêmes réalités, celles de l’ignorance, de l’extrême paupérisation de certaines franges de la population et des injustices sociales. Les graines du prosélytisme salafiste financé aujourd’hui par le Qatar et l’Arabie Saoudite, tombent sur un terreau fertile où elles ont été entretenues par des prédicateurs radicaux. Le chaos libyen et la déflagration au Nord-Mali, en plus d’avoir servi de mèches pour mettre le feu aux poudres, a donc consacré l’éveil d’un monstre. Les scènes de violence au Maghreb, au Moyen Orient  et au Nigeria par leurs filières de recrutement ou en servant d’exutoire aux migrations méditerranéennes avortées, ont contribué à l’expansion d’un phénomène qui n’épargne plus aucune partie de la planète.

Ce sont les familles qui peuvent déceler et parer au plus tôt à toute déviance suicidaire

L’Afrique paie donc son insouciance ou son manque de pro-activité. Mais l’heure n’est pas aux regrets stériles. Le fantôme est dans la maison et il faut l’en extirper.  Il faut donc tirer leçon de ce passé lointain et proche pour arracher les racines du mal. De l’historique et du mouvement « d’autochtonisation » du djihadisme par l’apparition des « Ansar » (entendez par là les locaux), on peut percevoir deux types de facteurs : les facteurs objectifs que sont l’ignorance, la pauvreté et les injustices sociales d’une part, et les facteurs subjectifs que sont les croyances plus ou moins sujettes à des endoctrinements aux mobiles souvent sombres d’autre part.  Il faut donc des réponses appropriées selon les types de facteurs. Pour ce qui est des facteurs objectifs, la lutte contre le terrorisme passe par l’éradication de l’ignorance, de toutes les formes d’injustices sociales et de la pauvreté ; toutes choses qui nécessitent une planification plus rigoureuse des stratégies de développement. En plus des efforts de scolarisation et d’éducation, un accent particulier doit être mis sur la création d’emplois pour les jeunes. A regarder la moyenne d’âge des terroristes des « Ansar » abattus tant à Ouagadougou qu’à Grand- Bassam (autour de 23 ans), on ne peut qu’indexer le désœuvrement et la pauvreté. Dans un monde aux allures de village planétaire où les médias font quotidiennement étalage de l’opulence d’un monde occidental repu, tous les moyens peuvent paraître bons. Or, les djihadistes, enrichis par tous les trafics illicites et autres rapts d’Occidentaux, ont de quoi appâter les jeunes. Le démantèlement des trafics de drogue et autres stupéfiants, qui, non seulement fournissent le nerf de la guerre, mais aussi dopent les jeunes pour l’action, sont aussi une autre exigence de cette lutte contre la terreur. Pour ce qui est des facteurs subjectifs, les dirigeants se doivent d’être plus  vigilants dans l’observation de la laïcité, celle comprise dans le sens de la cohabitation pacifique, mue par les valeurs de tolérance mutuelle entre toutes les religions et leur compatibilité avec l’Etat de droit républicain. Mais les familles sont tout aussi interpellées. Elles sont responsables de l’éducation de leurs enfants et ce sont elles qui peuvent déceler et parer au plus tôt à toute déviance suicidaire.

 

SAHO


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