HomeA la uneREDUCTION DU TRAIN DE VIE DE L’ETAT, LUTTE CONTRE LA CORRUPTION… :Les pérenniser par des mesures fortes

REDUCTION DU TRAIN DE VIE DE L’ETAT, LUTTE CONTRE LA CORRUPTION… :Les pérenniser par des mesures fortes


Depuis les journées mémorables des 30 et 31 octobre 2014, le slogan le plus usité dans les discours des autorités de la transition est le suivant : « Plus rien ne sera comme avant ! ». Cette formule doit être perçue comme un engagement des acteurs de la transition à opérer une rupture avec la gouvernance de Blaise Compaoré, pour adopter une autre gouvernance qui réponde aux aspirations profondes du peuple burkinabè. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce slogan porte, à lui seul, tout un projet de société vers lequel doit aller le Burkina de la transition et d’après. Ce noble projet recommande que, dès à présent, des actes forts et significatifs soient posés par les nouvelles autorités du pays. C’est le sens que l’on pourrait donner aux mesures du gouvernement, présentées aux médias, le lundi 2 février dernier, à l’occasion du deuxième numéro de l’émission « Face à la presse ».

On peut saluer l’effort du gouvernement d’appliquer la cure d’austérité à tous

Parmi ces mesures, l’on pourrait s’arrêter notamment sur celles relatives à la réduction du train de vie de l’Etat et à la lutte contre la corruption.

Par rapport à la réduction du train de vie de l’Etat, l’on peut retenir, entre autres, la limitation considérable des missions à l’étranger, la décision de faire voyager les autorités en classe économique dans les avions, la non-réfection des bureaux des ministres à leur prise de fonction et la suppression des cocktails et autres libations à l’occasion des présentations de vœux. Certaines de ces mesures sont déjà appliquées, d’autres sont en voie de l’être. C’est pourquoi l’on peut se permettre de saluer l’effort du gouvernement d’appliquer la cure d’austérité à tous, y compris à ses propres membres. En effet, combien de Burkinabè Tartempion ont déjà eu le privilège, ne serait-ce qu’une seule fois, d’effectuer une mission à l’étranger aux frais de l’Etat ? La réponse est connue. On peut les compter sur le bout des doigts. Les Burkinabè qui en bénéficient sont les membres du gouvernement, les présidents d’institutions et autres hauts fonctionnaires dont certains, de par le passé, pouvaient, en toute impunité, se fabriquer des missions à l’étranger aux frais du pauvre contribuable ; et, on l’oublie souvent, juste pour aller soigner un rhume ou s’adonner à une séance de manucure du côté de la Seine.

L’autre batterie de mesures prises par le gouvernement, à l’occasion de ce deuxième numéro de l’émission « Face à la presse » et qui méritent d’être saluées, est celle portant sur la lutte contre la corruption. L’on peut, à ce propos, évoquer les investigations en cours dans les différents ministères, menées par l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat (ASCE), à l’effet de déceler des cas éventuels de malversations financières et autres détournements de deniers publics, et de faire subir à leurs auteurs la rigueur de la loi, l’engagement pris de faire en sorte que les rapports des structures de contrôle soient suivis d’effets, le renforcement de la transparence dans la passation des marchés publics, etc.

La transition ne doit montrer aucune faille dans sa gouvernance

La meilleure manière de donner un contenu au slogan officiel le plus prisé du moment, à savoir « plus rien ne sera comme avant », c’est de traduire dans des actes observables et véritables et selon les règles de l’art, toutes les mesures. Dans le même registre, l’on peut évoquer la volonté du gouvernement de la transition de traquer les biens  mal acquis, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Tout en saluant cette initiative, il faut souhaiter que cette traque se fasse en direction de tous les prédateurs de la République, qui, à l’ombre du système Compaoré, ont spolié le peuple burkinabè. Et le gouvernement de  transition a l’obligation morale et politique de le faire, s’il veut avoir du crédit aux yeux du peuple burkinabè. En effet, les événements des 30 et 31 octobre n’ont pas seulement chassé un homme, ils ont surtout accouché d’hommes et de femmes debout et déterminés à faire barrage à toutes les mauvaises pratiques de l’ère Compaoré. De ce point de vue, l’on ne doit pas voir en mal forcément, les mouvements citoyens qui battent, en cette période de transition, le macadam pour critiquer certaines actions posées par les nouvelles autorités, qu’ils jugent en déphasage avec les valeurs portées par les insurgés des 30 et 31  octobre. Et comme chat échaudé craint l’eau froide, le peuple burkinabè  peut être compris dans sa volonté de voir les autorités de la transition prendre des mesures fortes et de les traduire en actes concrets, allant dans le sens de la perfection de la gouvernance politique et économique. C’est pourquoi  la transition ne doit montrer aucune faille dans sa gouvernance. Elle doit, en outre, s’inscrire dans une dynamique de pérennisation de sa quête d’une gouvernance vertueuse, en adoptant des textes forts et sacralisés qui lieraient tous les hommes  politiques qui aspirent à gouverner le Burkina après la transition. A ce niveau, les  députés du CNT (Conseil national de la transition) sont interpellés pour légiférer dans ce sens. Et ces hommes et femmes qui sont devenus députés, de par la volonté du peuple réel, n’auraient aucune excuse, s’ils venaient à terminer leur mandat, sans mettre en place des textes législatifs susceptibles d’empêcher le retour des loups dans la bergerie et de tirer la démocratie vers le haut. C’est une mission sacrée qu’ils doivent remplir au nom de l’intérêt général et de celui de tous ceux qui sont tombés sur le champ de la vraie démocratie, les 30 et 31 octobre 2014.

 

« Le Pays »


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