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  REFERENDUM CONSTITUTIONNEL AU BURUNDI


Le pasteur Nkurunziza s’ouvre les portes de l’éternité !

Les actes attentatoires à la démocratie sont devenus tellement nombreux au Burundi sous Pierre Nkurunziza que le fait de les évoquer et de les traiter, s’apparente à un non- événement. Un de ces actes est celui qui se déroule aujourd’hui 17 mai 2018, c’est-à-dire le référendum constitutionnel. Le nouveau texte concocté par le dictateur, est tout simplement un enterrement de première classe, de l’ensemble des valeurs liées à la démocratie. Et pour cause. Les réformes voulues par le maître absolu du Burundi transforment le quinquennat en septennat, élargissent considérablement le pouvoir du président, permettent à Nkurunziza de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034 et instaurent un cadre juridique favorable à la répression et à l’impunité des forces de sécurité. Et ce n’est pas tout, puisque l’article 4 du texte prévoit le rétablissement de la monarchie par référendum. Bref, en ce 21e siècle, Nkurunziza a mis un point d’honneur à arrimer son pays à l’époque du Moyen- âge. Plus qu’un recul démocratique, l’on peut parler d’une chute. Malgré tout, il n’est pas permis un seul instant de douter, quant aux résultats du référendum. Car, qui osera, au Burundi, contrarier la volonté du messie ? Le référendum passera donc comme une lettre à la poste.

Les Burundais obligés de réciter l’Evangile selon le pasteur Nkurunziza

L’on peut même s’attendre à un plébiscite. En effet, les petits plats ont été mis dans les grands pour permettre au pasteur-président de réaliser son rêve, c’est-à-dire celui de moduler le Burundi de manière à en faire un pays où personne n’existe sauf Nkurunziza. Le référendum d’aujourd’hui permettra de donner corps à ce rêve fou digne de Néron. C’est pourquoi, pour Nkurunziza, peu importe le qu’en dira-t-on. Cette posture n’est pas sans rappeler cette phrase insensée de Néron : « Qu’ils me haïssent s’ils veulent, pourvu qu’ils me craignent ». Nkurunziza, aujourd’hui, est dans cette logique. Et il semble l’appliquer jusqu’au bout. En effet, tous les opposants dignes de ce nom ont été contraints de fuir le pays pour échapper à l’enfer. Tous les Burundais qui sont restés au pays, sont obligés de réciter l’Evangile selon Pierre Nkurunziza pour être autorisés à respirer l’air du Burundi. Bref, sous Nkurunziza, tout le pays est devenu un domaine où règnent la torture, la suspicion et l’arbitraire. Et c’est dans ce contexte de terreur et de peur que le satrape organise son référendum pour s’ouvrir les portes de l’éternité. Le oui massif qui en sortira, ne devrait donc étonner personne. Et la principale victime de cette mascarade, est le peuple burundais. Il se pose, dès lors, la question de savoir qui va sauver un jour ce malheureux peuple des griffes du dictateur. A cette question, la réponse est implacable. Personne ! En effet, au sujet des appels à la modération et à la raison, Nkurunziza n’en a cure et cela, d’où qu’ils émanent. Même le bon Dieu donne l’impression de fermer les yeux sur les excès de ce président, qui plus est, et ironie du sort, se croit investi d’une mission messianique, celle de conduire le peuple burundais au pâturage. Et lorsqu’on est dans cette posture, l’on se donne le droit de châtier les brebis égarées. En réalité, les dictateurs les plus féroces que l’Afrique contemporaine a connus, ont tous la particularité de s’être autoproclamés envoyés de Dieu sur terre pour « rectifier » les hommes.

Tragédie programmée à suivre

Les Idi Amin Dada, Jean Bedel Bokassa et autre Yahya Jammey, à l’apogée de leur gloire, n’ont pas hésité un seul instant à s’affubler de ce titre. C’est pourquoi un dictateur comme Nkurunziza, ne se pose aucune limite dans son œuvre, convaincu qu’il a reçu pour cela la procuration de Dieu. Et dans sa construction, brique après brique, du Burundi, tel qu’il lui a été révélé par « l’esprit saint », rien ne peut l’arrêter. Aussi peut-on se permettre d’écraser une larme pour le peuple orphelin de ce petit pays au cœur de l’Afrique des Grands Lacs. L’on doit d’autant plus le faire que le pire pourrait être à venir pour ce peuple. Car, après le référendum d’aujourd’hui, l’homme poursuivra sa quête de l’absolutisme en arrimant purement et simplement son pays à la monarchie. D’ailleurs, le nouveau texte scélérat qu’il propose aux Burundais, à son article 4, prévoit le rétablissement de la monarchie. Et ce pas sera rapidement franchi, tant le dictateur est fasciné et obnubilé par le pouvoir à vie. Mais face au drame qui se joue au Burundi, tout le monde semble résigné, y compris la communauté internationale. Par acquit de conscience, celle-ci donne de temps en temps de la voix pour appeler l’homme fort du Burundi à de meilleurs sentiments. Mais ce genre de discours ne produit aucun effet sur les dictateurs. Avant Nkurunziza, le même discours avait été adressé à Denis Sassou Nguesso et à Paul Kagame, mais sans succès. A l’analyse, l’on peut même se demander si la démocratie, chez les Bantous, préoccupe réellement la communauté internationale. Au regard de tous les actes attentatoires à la démocratie notoirement posés dans cette partie de l’Afrique, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que la communauté internationale s’en soucie comme d’une guigne. Et le message a été reçu et compris parfaitement par la confrérie des satrapes qui a élu domicile en Afrique centrale et surtout dans la région des Grands Lacs. De ce point de vue, après le référendum de Pierre Nkurunziza pour mettre sous sa férule son pays, l’on peut prendre rendez-vous avec un autre référendum de la même nature au pays de Joseph Kabila. Tragédie programmée à suivre.

« Le Pays »


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