REFERENDUM CONSTITUTIONNEL EN RCA : Un premier pas vers la démocratie
Hier dimanche 13 décembre 2015, les Centrafricains étaient appelés aux urnes dans le cadre du référendum constitutionnel devant consacrer le passage à une 6e République qui correspondrait, et c’est le vœu le plus absolu, à un renouveau démocratique dans ce pays. En tout cas, les innovations du projet de nouvelle Constitution, si elle venait à être adoptée, marqueraient de façon indélébile, l’histoire politique de la RCA. En effet, le texte limite à deux le nombre de mandats présidentiels, prévoit des dispositions de lutte contre la corruption qui gangrène l’Administration, crée une Haute cour de justice et évince les groupes armés du processus politique. Et bien plus, en Centrafrique, désormais, le coup d’Etat est une « usurpation de la souveraineté du peuple » et constitue un crime imprescriptible. Tout en n’oubliant pas le principe selon lequel la valeur des textes dépend de ceux qui les mettent en œuvre, il faut féliciter déjà les Centrafricains pour les fondements démocratiques qu’ils sont en train de poser pour l’avenir de leur pays. Car, comme le dit l’adage, le voyage le plus long commence toujours par un pas. Si le pouvoir démocratique tire sa substance et sa légitimité du peuple, la Constitution qui organise le fonctionnement de la République a besoin de l’onction populaire pour s’imposer à tous. C’est pourquoi le souhait était que les Centrafricains se mobilisent de façon massive pour participer au vote. C’était la seule façon non seulement de mettre un terme à la Transition politique qui, au bout de ses trois ans, s’est essoufflée et ne répond plus aux préoccupations du peuple, mais aussi pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel.
Le référendum constitutionnel de dimanche suscite de nombreuses appréhensions
Les Centrafricains ont-ils su s’élever au-dessus de leurs ego pour écrire une nouvelle page de leur histoire politique ? Difficile d’y répondre pour l’instant. Mais des questions de fond subsistent quand on constate les violences et les atteintes aux droits des citoyens qui ont émaillé le scrutin d’hier. Des urnes ont été brûlées ; des citoyens interdits de voter… Le vote s’est même déroulé dans une ambiance de forte canonnade ayant même causé deux morts. Bref, une Constitution née dans un tel climat de violence et avec le rejet d’une partie de la population, peut-elle s’imposer à tous ? Car, il serait dangereux de ne pas tenir compte de l’avis de ceux qui contestent le référendum. Cela dit, le référendum constitutionnel de dimanche suscite de nombreuses appréhensions quant aux élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2015 sur lesquelles pèsent des craintes sérieuses de troubles sécuritaires, dans un contexte où certaines régions du Nord et de l’Est sont tenues par des groupes armés qui ont déjà prévenu qu’ils ne laisseraient pas les opérations de vote avoir lieu. Ils en ont déjà donné la preuve. En tout cas, c’est dans sa capacité à relever les défis de tous ordres, que le peuple de la RCA pourra tourner la page des machettes et des communautarismes sanguinaires pour un avenir plus radieux.
Michel NANA
