HomeA la uneREJET DE LA GRACE PRESIDENTIELLE PAR DES MILITANTS DE LA LUCHA : Quand Kabila se fait ridiculiser

REJET DE LA GRACE PRESIDENTIELLE PAR DES MILITANTS DE LA LUCHA : Quand Kabila se fait ridiculiser


 

Le fait est suffisamment rare pour être souligné. En effet, graciés par le président Joseph Kabila, six militants du mouvement citoyen de Lutte pour le changement (LUCHA) jugés et condamnés à Goma, en République démocratique du Congo (RDC), refusent d’être mis en liberté anticipée. Par ce geste, ils disent vouloir exprimer leur solidarité à tous les autres Congolais emprisonnés pour leur opinion. Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux des autorités congolaises qui menacent de les faire « sortir de force ». « Ils ne peuvent pas refuser la grâce du président. La grâce présidentielle est une mesure d’ordre public, donc opposable à tous. (…). Donc, une fois que le procureur de Goma recevra la lettre que j’ai déjà faite, lui notifiant les ordonnances présidentielles, il doit les faire sortir ; il doit les faire sortir de force. Il n’aura plus de raison juridique pour pouvoir les maintenir », a déclaré le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambure Mwamba, qui pense qu’en rejetant la grâce du président de la République, les militants de la Lucha sont non seulement « manipulés », mais aussi sont en quête de « publicité ».

Kabila en aura pris pour son grade

Quoi qu’il en soit, la Lucha voudrait mettre les autorités congolaises en difficulté qu’elle ne s’y prendrait pas autrement, tant son geste leur pose un véritable cas de conscience. Car, pourquoi avoir fait le choix de gracier certains prisonniers d’opinion alors que le rouleau compresseur de la répression continue son petit bonhomme de chemin ? A moins que ce ne soit une générosité calculée qui, très curieusement, intervient au moment où devait s’ouvrir le fameux dialogue politique congolais, sous l’égide du médiateur mandaté de l’Union africaine (UA), Edem Kodjo. Mais si tel est le cas, Kabila et ses sbires se doivent de changer de stratégie, ce d’autant que la plateforme de l’opposition que l’on appelle « le Rassemblement » réuni autour de Etienne Tshisekedi, avant même l’entame du dialogue, récuse le facilitateur Edem Kodjo, estimant que « les préalables posés lors du conclave de Genval, en Belgique, n’ont pas encore trouvé satisfaction ». S’il croyait que la grâce présidentielle accordée à des militants de la société civile, allait contribuer à décrisper un tant soit peu l’atmosphère sociopolitique dans son pays, Kabila  peut à présent déchanter. Il en aura pris pour son grade. C’est à voir s’il ne sait même pas fait ridiculiser.

B.O


No Comments

Leave A Comment