REJET DE LA PRISE EN CHARGE ETATIQUE DE MAMAN GBAGBO PAR LES SIENS :L’orgueil déplacé de la famille Gbagbo

La Côte d’Ivoire s’est engagée à juger les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo sur son sol. Aussi, verra-t-on dans les jours à venir, Simone Gbagbo et compagnie devant les juridictions de leur pays, pour répondre de leurs actes. A en croire le pouvoir de Alassane Ouattara, ces procès, dans un premier temps, prendront en charge les crimes économiques et les crimes contre la sécurité de l’Etat. Dans un second temps, ils s’occuperont des crimes de sang. La méthodologie du gouvernement est donc connue. Au terme du processus judiciaire qui sera déroulé, tous les crimes seront mis sur la table. En attendant la tenue effective de ces procès qui se font attendre depuis longtemps, l’on peut d’ores et déjà en imaginer les incidences politiques, en nous fondant sur l’hypothèse où les grosses pointures du FPI, susceptibles de défendre les couleurs du parti, viendraient à être condamnées à des peines de nature à les disqualifier pour l’échéance présidentielle de 2015.

Un tel scénario enlèverait tout intérêt à la compétition pour occuper le palais de Cocody. Pire, il pourrait être perçu comme une catastrophe politique qui viendrait ternir la  victoire plus que probable du successeur de Laurent Gbagbo. De ce point de vue, l’on pourrait s’attendre à ce que la Justice ivoirienne n’ait pas la main lourde dans les verdicts qu’elle va prononcer contre les anciens camarades de « l’enfant de Mama ». Ce cas de figure, qui tient compte de la realpolitik, a de fortes chances de ne pas rencontrer l’assentiment du bureau de la procureure de la Haye. En effet, la CPI, dans sa volonté plusieurs fois exprimée, de traquer les auteurs des crimes graves de la période post-électorale, pourrait ne pas se satisfaire de tels verdicts qui prennent en compte des préoccupations domestiques. C’est pourquoi, l’on peut comprendre pourquoi, en dépit des engagements pris par la partie ivoirienne de juger tous les crimes, y compris les crimes de sang, la CPI ne renonce pas à se saisir du dossier Simone Gbagbo.

C’est dans ce contexte marqué par l’annonce du jugement des partisans de l’ancien président de l’Eburnie et par un bras de fer entre la justice ivoirienne et la CPI au sujet du cas Simone Gbagbo, qu’un deuil vient frapper la famille de l’ancien président.

 

le comportement de la famille Gbagbo est à blâmer

 

En effet, de retour du Ghana où elle était en exil, Marguerite Gado, la mère de Laurent Gbagbo, dont la santé était fragile, est décédée à l’âge de 94 ans, alors qu’elle était en partance pour Gagnoa sa ville d’attache. Le régime d’Alassane Ouattara, selon le ministre de la Sécurité  Hamed Bakayoko, a présenté ses condoléances à la famille Gbagbo. Dans le même temps, le ministre a fait une révélation selon laquelle   la famille Gbagbo, bien avant le décès de Marguerite Gado, avait refusé l’offre du gouvernement de prendre en charge Maman Gbagbo. Le régime avait, entre autres, proposé une ambulance médicalisée pour la transporter d’Abidjan à Gagnoa. Cette offre étatique a rencontré le « niet » de la famille. Elle a décidé de la faire partir malgré son état, dans un véhicule ordinaire. C’est au cours de ce voyage que Maman Gbagbo a rendu l’âme. Cela dit, l’offre du régime d’Alassane Ouattara de soigner Maman Gbagbo, dans la polyclinique la plus huppée d’Abidjan, a été une bonne initiative. Le contraire, politiquement, aurait desservi Alassane Ouattara.   Il aurait renvoyé aux calendes grecques toute possibilité de réconciliation nationale. Moralement et humainement, il se serait rendu coupable d’avoir laissé mourir une compatriote vieille et malade, qui, de surcroît, a porté dans ses entrailles son prédécesseur. Alassane Ouattara avait donc l’obligation politique et morale d’engager l’Etat ivoirien dans la prise en charge de Marguerite Gado. Cela est tout à son honneur. Du même coup, il démontre aux Ivoiriens et au monde, qu’il a transcendé le traitement ignoble qui avait été réservé aux restes de sa propre mère, feue Nabintou Cissé, par des gens supposés proches de Laurent Gbagbo. C’est pourquoi l’on ne doit pas craindre de dire que dans cette affaire, le comportement de la famille Gbagbo est à blâmer, car il montre que le contentieux qu’elle a vis-à-vis de Alassane Ouattara n’est pas seulement politique.

Que l’on n’aille surtout pas lier l’attitude de cette famille à un principe de dignité, car cet argumentaire ne tiendrait pas la route. Et si c’est par   orgueil, cela est également déplacé. En tout état de cause, la famille Gbagbo doit porter sur sa conscience le décès de cette honorable mamie. Elle s’en allée à cause du refus, par son propre cercle familial, de l’assistance de personne en danger de mort.

 

Pousdem PICKOU