REMISE DE DOCUMENTS A LA CPI PAR JEAN PING CONTRE ALI BONGO : Quelles chances de succès ?

Ça y est ! Le candidat malheureux à la dernière présidentielle au Gabon, Jean Ping, a mis hier, 15 décembre 2016, sa menace à exécution. On se rappelle qu’au lendemain des massacres perpétrés contre ses militants qui contestaient la victoire d’Ali Bongo au siège du parti de l’opposant, ce dernier avait menacé de  porter l’affaire devant la Cour pénale internationale. C’est donc désormais chose faite. En effet, Me Emmanuel Altit avocat de Jean Ping, a remis des documents au bureau de la procureure de  la CPI que l’opposant qualifie de preuves des violences commises par les forces de l’ordre gabonaises contre des civils. Preuve, pourrait-on dire, que Jean Ping n’entend pas lâcher prise, malgré l’évolution considérable de la situation sociopolitique au Gabon en faveur d’Ali Bongo dont le pouvoir semble aujourd’hui reconnu par la communauté internationale. En tout cas, cette accusation  contre Ali Bongo pour crimes contre l’humanité, dénote de la volonté de son adversaire de pourrir son mandat. Et l’on pourrait dire qu’Ali Bongo n’est pas à plaindre. Car, il aura fait des pieds et des mains pour arracher la victoire des mains de l’opposant Jean Ping, bafouant ainsi les principes démocratiques sur l’autel de ses intérêts personnels.  Ali Bongo a certes réussi à sécuriser son butin mais cette nouvelle donne montre qu’il ne pourra en jouir tranquillement. Et l’on pourrait dire que c’est de bonne guerre. Ce d’autant que le périple de Jean Ping en Occident pour solliciter le soutien de ses dirigeants, a été couronné par la publication du rapport de l’Union européenne qui met davantage en doute la victoire d’Ali Bongo. Ce rapport ayant apporté de l’eau au moulin de Jean Ping qui continue à réclamer à cor et à cri la victoire que lui aurait volée son adversaire, il ne pouvait dormir sur ses lauriers, surtout qu’il a promis aux parents des victimes de ne pas baisser les bras.

La balle est désormais dans le camp de la CPI

Certes, cette action est un coup de poignard dans le flanc d’Ali Bongo, mais l’on se demande quelles sont ses chances de succès. Faut-il le rappeler, les chefs d’Etat africains avaient fait bloc contre la CPI afin qu’elle ne puisse poursuivre un des leurs en exercice. Et même si le président kenyan, Uhuru Kenyatta, a mis ce pacte à rude épreuve en se rendant volontairement à la CPI, il faut reconnaître qu’il n’est pas totalement brisé. Car, on peut se hasarder à dire qu’aucun dirigeant du continent noir ne milite aujourd’hui pour le jugement d’un de ses homologues en exercice. Et Jean Ping qui n’est pas un novice en politique ni en diplomatie, le sait. En vérité, cet acte de Jean Ping vise juste à mettre du sable dans le couscous d’Ali Bongo mais surtout à blesser son orgueil car, ce dernier avait commencé à donner l’impression d’être un chef d’Etat bien élu à travers ses faits et gestes. Comme le dit l’adage, « il n’y a pas meilleure manière de honnir le roi que de l’invectiver en public ». Et en politicien futé, Jean Ping sait que son action fera les choux gras des médias qui accourent au Gabon pour la couverture médiatique de la Coupe d’Afrique des nations de football dont la billetterie est ouverte depuis hier, 15 décembre 2016. Toute chose qui pourrait mettre mal à l’aise le locataire du palais du bord de mer. En tous les cas, Jean Ping a fait son travail et la balle est désormais dans le camp de la CPI qui menait déjà depuis fin septembre 2016, une enquête préliminaire sur la période électorale au Gabon. Et si Fatou Bensouda ne veut pas accorder l’impunité aux autorités gabonaises, elle doit mener de sérieuses investigations sur le sol gabonais afin de dire qui de Jean Ping qui parle de 22 personnes tuées ou d’Ali Bongo qui avance le chiffre de 4, a raison.

Dabadi ZOUMBARA