HomeA la uneRENOUVELLEMENT DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : C’est bien, mais attention aux dérapages

RENOUVELLEMENT DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : C’est bien, mais attention aux dérapages


Le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 7 janvier 2015, a adopté un rapport « relatif à un décret portant modalités de désignation et de révocation des Directeurs généraux des établissements publics, des sociétés d’Etat, des sociétés d’économie mixte à participation majoritaire de l’Etat, des fonds rattachés aux départements ministériels et des projets/programmes de la catégorie A.

Ce décret habilite le Conseil des ministres à nommer et à révoquer directement, durant la période de la Transition, les directeurs généraux, sur proposition des ministres de tutelle technique, sans requérir l’avis des conseils d’administration ou du Comité interministériel de sélection des candidats.

L’adoption de ce décret vise à alléger les procédures de désignation et de révocation des directeurs généraux en tenant compte des délais et exigences de la Transition ».

Cette décision risque de faire encore des gorges chaudes, dans ce Burkina post-insurrectionnel où toutes les décisions des autorités de la transition ne sont pas favorablement accueillies. Pendant que certains y verront une chasse ouverte aux sorcières, d’autres applaudiront à tout rompre. Mais une chose est sûre, le gouvernement Zida semble décidé à marquer de son empreinte cette période transitoire, et l’on est porté à croire qu’il veut s’en donner les moyens.

Ce serait de bonne guerre, même si l’on pourrait s’interroger sur l’opportunité d’une telle décision, en cette si courte période de transition.  Certains pensent que cela devrait être du ressort de la prochaine équipe. D’autres, par contre, s’en félicitent et croient voir, au-delà de l’aspect lourdeur de l’administration qui peut retarder la prise de certaines décisions, une façon pour le gouvernement de contourner les Conseils d’administration dont certains auraient pu s’opposer ouvertement à la révocation de certains DG.

Quoi qu’il en soit, l’on peut dire que ce sont les deux faces d’une même médaille, mais le plus important est de voir laquelle des faces sert le mieux les intérêts du peuple et de l’Etat, toutes les deux comportant bien entendu leurs avantages et leurs inconvénients, ainsi que leurs risques.

Cette décision ne devrait pas s’appliquer systématiquement et à tout va

En tout cas, avec cette décision, l’épée de Damoclès plane désormais, ostensiblement,  sur la tête des DG, et l’on peut s’attendre à ce que les Conseils des ministres soient attendus avec appréhension par ces derniers, comme au temps de Thomas Sankara, sous la Révolution.

A l’analyse,  il y a lieu de croire que le gouvernement a besoin d’une certaine marge de manœuvre et veut se donner les coudées franches dans son action. Cela est tout à fait normal à bien des égards, car, même dans certaines grandes démocraties, à nouveau dirigeant, nouvelle administration. De cette manière, à l’heure du bilan, vous êtes entièrement comptables des actions que vous aurez posées. L’on peut donc comprendre que la transition veuille s’appuyer sur « ses hommes », et surtout rester dans la logique de la cohérence de l’insurrection populaire qui veut un changement en profondeur, avec des hommes nouveaux, en rupture totale avec le système Compaoré. Mais attention aux dérapages ! Attention aux abus, attention au choix des hommes, attention au népotisme et aux mauvaises nominations qui pourraient faire monter le mercure social.  Il est bien de ne pas faire les choses à moitié, et de vouloir faire bouger les lignes dans le sens du renouveau, et d’en poser les jalons. Mais il est impératif que les choses se passent dans la transparence, sans précipitation et sur des critères objectifs. Surtout pas sur la base de la délation qui pourrait ouvrir la porte à des règlements de comptes, avec pour effet le manque de sérénité dans les services.

Il est vrai que compte tenu de l’aspect stratégique de certains postes, certaines nominations, sous l’ancien régime, n’étaient pas faites sur la base de la compétence et du mérite, mais sur le degré de soumission et de servilité des intéressés vis-à-vis du pouvoir d’alors. Pour cela, il y a donc un risque à garder certains DG qui, en suppôts fidèles de l’ancien régime, pourraient poser des actes à même de nuire à l’action de la transition. Car, qu’on se le dise, certains Burkinabè n’ont pas encore fait le deuil du défunt régime.

Pour autant, cette décision ne devrait pas s’appliquer systématiquement et à tout va. Il faudrait de la hauteur de vue et de la clairvoyance. Autrement, la transition risque de se tirer une balle dans le pied, si elle devait, aveuglément, fouetter dans le tas. Attention à la manipulation ! Et appuyez-vous sur des renseignements bien recoupés et fiables.

Maintenant que le ton est donné, faut-il s’attendre, dans les prochains jours, à une grande valse des DG ? Wait and see.

Outélé KEITA


Comments
  • Est-ce parce que ce sont des autorites de transition que le renouvellement est dangereux? Le systeme compaore n’est pas un systeme abstrait. ce sont les hommes qui font le systeme, alors ce sont les hommes qui l’ont fait. le renouvellement de ces personnes ne doit point surprendre. De toute facon dans un an un gouvernement elu viendra changer la donne et cela vous ne pourrez plus demander au nouveau president et a son gouvernement de faire attention. Puisque c est la rue qui a fait partir Blaise et puisque Zida n a ete que designe president alors vous pensez qu’il ne peut pas conduire selon une certaine ligne. c est dommage!

    8 janvier 2015
  • Et les ambassadeurs qui ont volé sous Compaoré et en lieu et place d’être sanctionnés sont nos représentants a l’étranger?

    9 janvier 2015
  • Bonjour, pour ma part on peut comprendre que le Conseil des Ministres veuille suivant des informations à sa disposition démettre une DG. Il est par contre difficilement justifiable que le Conseil veuille nommer les DG sans passer par la procédure d’appel à candidature. La RTB a montré que cela se peut se faire en un temps record. Et en attendant ce recrutement rien n’empêche qu’un intérimaire soit nommé. Tel qu’arrêté on a plus le sentiment que c’est pour permettre aux Ministres de positionner leurs amis à des postes qui, à tort ou à raison, sont réputés juteux. Car si ce sont des gens nommés par appel à candidature ils seront peu manipulables.
    Question subsidiaires à quel serasort seront mangés ces DG à la fin de la transition quand la mesure prendra fin?

    9 janvier 2015
  • Bonjour il est compréhensible que le gouvernement démette certains DG par mesure conservatoire. Par contre, la décision de nommer le DG sans appel à candidature est difficilement défendable et c’est un recul grave que le délai court de la transition ne peut justifier. Le recrutement du DG de la RTB s’est fait dans des délais assez brefs. Pendant la phase de recrutement on pourrait nommer un intérimaire comme c’est le cas à la CAMEG. La question épineuse qui se posera c’est le sort de ces DG lorsque la fin de la transition va engendrer la levée de cette mesure. Seront-ils maintenus à leurs postes ou seront-ils démis pour permettre le recrutement de DG suivant les normes prescrites?

    9 janvier 2015
  • “Certains Burkinabè n’ont pas encore fait le deuil du défunt régime.” J’imagine que vous ne croyez pas si bien dire monsieur le journaliste. Ils faut savoir que ceux qui n’ont pas encore fait ce deuil se recrutent essentiellement parmi les anciens dignitaires, les cadres de l’administration qui leur devaient leur postes dont principalement les DG et les chefs de projet dont il est question.
    Imaginez vous que des burkinabé continuent de dire que ce que le peuple a fait le 30 et 31 octobre est disproportionné par rapport aux forfaitures du régime.
    Je pense que le gouvernement a été inspiré d’adopter ce décret afin que nous allions à des élections libres, équitables et transparentes. Il y a un grand risque que certains de ces DG et chef de projet mettent leur influence et les moyens de l’administration au service de l’ ex parti majoritaire.
    Le risque qui guette le Burkina Faso aujourd’hui c’est une victoire ou un score très honorable de l’ancienne majorité, ce qui est fort possible. Si cela arrivait la prochaine étape pour nous c’est la centrafricalisation car les revanches voire les vengeances ne vont pas manqué; je touche du bois bien sûr.

    9 janvier 2015
  • Le décret du ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale sur les nominations des DG de sociétés d’Etat est illégal. Cela ne relève pas de ses prérogatives car il ne s’agit pas de la gestion pure et simple de la carrière des fonctionnaires. C’est la commission interministérielle chargée des appels à candidatures pour le choix des DG qui est habilitée à faire ce travail. Cette commission relève de la tutelle administrative du Premier ministère et de la tutelle économique du ministère des finances. La commission est composée de technocrates en marge des ingérences politiques pour choisir des DG sur la base de leurs compétences assorties d’enquêtes de moralité d’au moins 3 mois. Le ministre de la fonction publique a outrepassé ses attributions pour s’immiscer dans un domaine qui a commencé à faire ses preuves de qualité et qu’il va compromettre par des nominations de copinage et de népotisme par la simple volonté des ministres qui pourront nommer et révoquer des DG selon leurs humeurs et intérêts. Les Conseils d’administration évaluent annuellement les DG nommés suite à des appels à candidatures. Le Premier ministre ZIDA et le Président Kafando devront être vigilants pour ne pas se laisser induire en erreur par des ministres et personnes qui cherchent plutôt leurs propres intérêts qu’une gestion rationnelle de la chose publique.

    9 janvier 2015
  • Il faut laisser le gouvernement de transition travailler. Que tous ceux qui ont failli soient remplacés de leurs postes. Il faut que la mesure s’apllique également dans les sociétés d’état à tous les niveaux hiérarchiques des directeurs centraux aux chefs de service car les nominations se faisaint par complaisance. Par exemple à la SONABEL, Salif KABORE avait placé ses hommes pour mieux la sucer (la société est déficataire actuellement) et la DRH recrutait le personnel moyennant des dessous de tables.

    9 janvier 2015
  • L’ancien président Mathieu Kerekou du Benin disait qu’il faut se méfier des gens qui se prétendent des grands intellectuels.Car si vous ne faites pas attention ils vont à coups d’enfumage ,de développements savants ,de mystification vous faire commettre des bêtises .Tous ces prétendus grands juristes qui sous couvert de la société civile se sont rues sur les postes ministériels sont en réalité une bande d’affairistes qui veulent s’enrichir très rapidement en plaçant leurs copains aux postes De DG pour engager le pompage des deniers par le canal des marchés publics .Ce texte de Loada est un texte scélérat et une grande escroquerie doublée d’une usurpation de prérogatives qui ne sont les siennes Par exemple comment un ministre peut remettre en cause un organe créé par le premier ministère et qui lui est rattaché de surcroît .Sil doit y avoir modification des attributions du comité interministériel c’est au titre du premier ministère pas au titre du ministère de la fonction publique Vraiment le BURKINA est-il toujours un État organiser ou Bonse Yaar ou chaque ministre invite les textes suivants ses calculs et intérêts personnels? On est ou finalement ?

    9 janvier 2015
  • Si le gouvernement de transition ne fait pas attention, certaines de ses décisions hâtives risquent de se retourner contre lui en matière de droit. Si le gouvernement veut s’arroger le droit de faire des nominations et des limogeages selon ses humeurs et intérêts masqués, des citoyens qui seraient arbitrairement limogés pourraient ester en justice pour que le droit soit dit et bien dit. Par exemple, un DG nommé par suite d’appels à candidatures pour un mandat à durée déterminée, s’il est arbitrairement limogé pourrait revendiquer ses droits en termes de dommages et intérêts à coups de millions et ce serait la faute du gouvernement de transition si la justice doit exiger du trésor public des frais pour dédommager des citoyens brimés. Me.Sankara a fait savoir que la sanction de suspension des partis politiques était maladroite après le rétablissement de la constitution. L’expérience du CNT prouve déjà que les prétendus acteurs de la société civile qui jouaient aux donneurs de leçon en matière de bonne gouvernance sont loin de la réalité aujourd’hui où ils se transforment en affairistes prêts à s’enrichir très vite et bien avant la fin de la transition. Pour y parvenir, ils veulent installer leurs hommes de complicité dans l’administration publique et aux postes juteux. A ce rythme, les prochains rapports de l’ASCE risquent de comporter des noms des membres du CNT et du gouvernement de transition. Ils auraient alors prôné le changement du pays pour leurs propres intérêts et non au nom du peuple en général.

    9 janvier 2015
  • Mêm au MENA ,sous KOMBA Boly les postes clés revenai à ses parent et à ce de KAYA.Pourvu que toi tu es de sa région elle te nomait les yeux fermés.Des directions du ministère sont actuelemen pour Koumba.Cè du régionalisme il faut soigner sa.Moi chauffer j’ai soufer de koumba parce que celui qe lui elle a placé à la tête de notre structur nous insulte come de gros bébé .

    15 janvier 2015

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