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RENTREE SOLENNELLE DU BARREAU : Sous le signe des libertés dans les politiques publiques de sécurité


La saison est ouverte pour les avocats burkinabè. C’est la date du 27 avril 2017 qui a consacré la rentrée solennelle du Barreau autour du thème : « Les libertés dans les politiques publiques de sécurité : rôle de l’avocat ». Placée sous la présidence du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, cette grande messe du Barreau a connu la présence de représentants de barreaux amis, des membres du gouvernement, des présidents d’institutions … Du 27 au 29 avril donc, les avocats passeront au scanner les politiques de sécurité, les atteintes et les risques d’atteintes aux libertés ainsi que le rôle de l’avocat dans un tel environnement. La rentrée a eu lieu à la Salle de conférences de Ouaga 2000.

Comment assurer la sécurité sans attenter à la liberté ? Comment jouir de sa liberté sans enfreindre à la sécurité ? C’est la grande problématique à laquelle la rentrée solennelle du barreau 2017 devra trouver réponse à travers le thème : « Les libertés dans les politiques publiques de sécurité : rôle de l’avocat ».  En effet, avec l’apparition de nouveaux comportements infractionnels comme le grand banditisme, le terrorisme, la criminalité transfrontalière …, chaque jour apporte son lot de scandales en matière de protection des libertés publiques. Ces infractions et particulièrement le terrorisme, « exposent à la tentation tant des populations que des autorités publiques d’adopter des politiques de protection qui font peu de place, sinon aucune place, aux libertés constitutionnelles », a relevé le Bâtonnier du Burkina, Me Mamadou Savadogo. Sa consœur, Me Laurence Junod-Fanget, Bâtonnière de Lyon, invitée d’honneur à cette rentrée solennelle, est du même avis : « Avec la lutte contre le terrorisme, partout dans le monde, et en France particulièrement avec l’état d’urgence permanente, la sécurité a tendance à prendre le pas sur la liberté et cela est regrettable ». Décrivant ces attentats à la liberté sous le couvert de la sécurité, Me Mahamadou Savadogo, n’a pas passé sous silence la question des groupes d’auto-défense dits Koglwéogo. « Le mécanisme d’action de ces groupes ressemble fortement à une justice parallèle, puisqu’elle a ses propres principes, ses infractions, ses peines, ses procédures et ses acteurs, le tout sous les yeux impuissants de l’Etat », a-t-il affirmé.

 

Assurer la sécurité sans écraser la liberté

Après avoir dépeint ce tableau sombre, quel est le rôle de l’avocat ? Pour Me Mamadou Savadogo, l’avocat, sentinelle de l’Etat de droit et des libertés, ne peut avoir une posture d’indifférence face aux défis qui se dégagent dans un tel contexte. « Il a la responsabilité de veiller à la promotion, la protection et la défense des libertés là où il y a une tendance à les méconnaître pour des raisons de sécurité », a insisté le Bâtonnier. Il a interpellé ses confrères à jouer leur rôle afin que la sécurité puisse être assurée sans écraser la liberté.
Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a salué la pertinence et l’actualité de la problématique. « En effet, a-t-il dit, la liberté et la sécurité constituent deux droits fondamentaux qui ont été présentés à la fois comme incompatibles ou inconciliables, du moins en partie. » Toute la question, s’est-il interrogé, c’est de savoir comment l’Etat, dont la mission est de garantir la liberté et la sécurité, s’organise pour assurer la sécurité sans remettre en cause le droit à la liberté. Il dit être convaincu que les conclusions de cette rentrée solennelle favoriseront l’émergence d’un nouveau système judiciaire qui pourra concilier ces deux notions apparemment ambivalentes. « Les fruits de vos travaux sont très attendus afin qu’ensemble nous puissions prévenir ou corriger, le cas échéant, les facteurs qui seraient susceptibles de compromettre la cohabitation de ces droits », a-t-il insisté.
Des communications, des panels, un match de football et des visites touristiques constituent les différentes articulations de cette rentrée solennelle qui s’étale sur 72 heures.

Ousmane TIENDREBEOGO
(Collaborateur)

 


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