HomeA la une Répression de la manifestation de l’opposition en Guinée

 Répression de la manifestation de l’opposition en Guinée


Attention aux dérives !

La marche organisée par l’opposition politique, hier  23 octobre, à Conakry, pour protester contre «la violation par le pouvoir d’un accord conclu en août » sur l’installation des élus locaux après le scrutin contesté du 4 février dernier, s’est soldée par de violents heurts par endroits, dans la capitale guinéenne. La police a abondamment tiré du gaz lacrymogène en direction des marcheurs qui avaient, rappelons-le, bravé l’interdiction de manifester par les autorités. Dans cette répression, la vitre du véhicule du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a été endommagée, selon lui, par des impacts de balles, blessant ainsi son chauffeur. Et dans la foulée, il dénonce « une tentative d’assassinat » tout en pointant un doigt accusateur sur le président Alpha Condé. C’est dire à quel point le climat politique est  délétère actuellement à Conakry. Ce rassemblement vite dispersé, a été organisé dans un contexte de vive crispation politique entretenue par des velléités du chef de l’Etat guinéen de s’offrir un troisième mandat consécutif. Pour les opposants qui accusent « le pouvoir de corrompre certains de ses élus pour s’assurer le contrôle de mairies à travers le pays », le professeur Alpha Condé a adopté une attitude pour le moins ambiguë quant au respect du nombre de mandats présidentiels. D’ailleurs, pour le chef charismatique de l’opposition, Dalein Diallo, « c’est presque devenu un secret de Polichinelle : Alpha Condé veut tenter l’aventure de tripatouiller la Constitution pour s’offrir un 3e  mandat » et selon lui, seule la pression est en mesure de l’en dissuader. Mais seulement, l’on peut se poser la question de savoir si Condé est du genre à céder à la pression de la rue. La réponse est non. Et la preuve en a été donnée hier avec cette répression pour le moins violente.

Il y a lieu de craindre que cette bataille de l’opposition ne se termine par un autre massacre

Et comme pour faire monter davantage la pression sur le régime de plus en plus frileux, l’opposition appelle ses militants à redescendre encore dans la rue, ce mercredi, puis le 30 octobre, avec une journée ville morte la veille, le 29 octobre. On est donc parti pour des semaines d’affrontements entre ceux qui se prévalent de leur liberté de manifester garantie par la Constitution et les forces de l’ordre. Pour qui connaît la l’ego surdimensionné du chef de l’Etat guinéen, par ailleurs ancien dirigeant de la FEANF et opposant historique aux différents régimes qui se sont succédé en Guinée depuis Sékou Touré jusqu’à Moussa Dadis Camara, il y a lieu de craindre que cette bataille de l’opposition qui consiste à prendre le régime à la gorge pour ne pas qu’il engloutisse les mairies qui lui reviennent de droit, ne se termine par un autre massacre comme celui du 28 septembre. Eu égard au passé, l’on croise les doigts pour voir comment vont se terminer ces séries de manifestations de rue, tant dans le pays d’Almany Samory Touré, les régimes ont toujours la manie d’avoir  recours à la soldatesque pour mater les opposants quand ils les assaillent par les contestations.

Drissa TRAORE


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