HomeA la uneREPRESSION DE MANIFS CONTRE KABILA : La RDC n’est pas aidée

REPRESSION DE MANIFS CONTRE KABILA : La RDC n’est pas aidée


 

En République démocratique du Congo, l’opposition et la société civile sont vent debout contre le président Joseph Kabila, en fin de mandat depuis le 20 décembre 2016 et constitutionnellement disqualifié pour se succéder à lui-même, mais qui continue de jouer les prolongations. Pour ce faire, Kabila fils use de méthodes dilatoires de tous genres pour ne pas organiser les élections devant désigner son successeur d’ici la fin de l’année 2017. C’est pourquoi il continue de jouer au jeu du chat et de la souris avec ses contempteurs qui n’entendent pourtant pas non plus se laisser compter fleurette. En effet, en réaction à la sortie du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) annonçant l’impossibilité d’organiser les élections avant la fin de l’année conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre, l’opposition a annoncé un plan de contre-attaque à travers une série d’actions qu’elle envisage de mener en vue de contraindre le pouvoir à revoir sa copie.

Les couteaux sont désormais tirés entre le président congolais et son peuple

Ces actions prévoient, entre autres, des  journées villes mortes les 8 et 9 août prochains en guise d’avertissement, avec pour point d’orgue un appel à la désobéissance civile à partir du 1er octobre prochain, notamment à travers le refus « de s’acquitter des impôts, taxes, redevances, factures d’eau et d’électricité », etc. De son côté, la société civile n’est pas restée les bras croisés. En effet, pas plus tard que le 31 juillet, le mouvement citoyen la Lucha (Lutte pour le changement)  appelait ses militants à descendre dans la rue dans le but d’exiger de la Ceni la publication d’un « calendrier électoral tenant compte du délai de décembre 2017 et rappeler qu’avec ou sans élections, le président Kabila n’aura pas un seul jour de plus au pouvoir au-delà de décembre 2017 ». Mais comme il fallait s’y attendre, le pouvoir n’a pas lésiné sur les moyens pour empêcher la tenue de ces manifestations qui n’avaient pas été autorisées. Conséquence, plusieurs grandes villes du pays étaient en ébullition avec des courses-poursuites entre forces de l’ordre et manifestants, qui se sont soldées par de multiples arrestations aussi bien au sein des militants de la société civile que des journalistes venus couvrir l’événement. C’est dire si les couteaux sont désormais tirés entre le président congolais et son peuple, à propos de l’élection présidentielle qui cristallise toutes les attentions. Et bien malin qui saurait dire qui de Joseph Kabila et de ses contempteurs aura le dernier mot. Toutefois, avec la répression brutale des manifestations du 31 juillet et les arrestations qui s’en sont suivies, l’on est porté à croire que le pouvoir congolais a choisi de bander les muscles en faisant dans la répression aveugle et barbare, pour briser toute tentation de passer par la rue comme moyen de pression contre son gouvernement.  Et le fait de ne pas faire de distinction entre manifestants et journalistes, traduit à souhait non seulement une volonté de réprimer dans le silence, mais aussi celle d’un pouvoir certainement excédé par une presse très critique qui le tient à l’œil et qui le gêne aux entournures dans sa volonté de rouler le peuple dans la farine. Mais, cette méthode d’intimidation aura-t-elle l’effet escompté ? L’on attend de voir. D’autant plus que dans l’agenda de l’opposition, d’autres manifestations sont prévues pour se tenir dans les jours à venir.

Kabila semble s’amuser avec l’opposition comme un félin avec sa proie

En tout état de cause, cette montée subite d’adrénaline et l’usage systématique et disproportionné de la force contre des manifestants aux mains nues n’augurent rien de bon pour la RDC. Bien au contraire, ils traduisent la volonté de Kabila de ne pas céder face à ses adversaires qu’il veut continuer à mener par le bout du nez, en feignant de prendre en considération l’accord de la Saint-Sylvestre censé tracer le chemin d’une sortie de crise en RDC. Dans ces conditions, il faudrait craindre une radicalisation des positions car, autant l’opposition et la société civile semblent  attacher du prix à cet accord, autant le président Kabila semble s’en soucier comme d’une guigne. En tout cas, l’on ne peut pas dire qu’il se sent lié par cet accord qui l’élimine de la course à sa propre succession. Et il a suffisamment fait montre de mauvaise foi dans son application, aussi bien dans la nomination du Premier ministre de Transition que dans celle du président du CNSA (Comité national de suivi des accords) où il a réussi, au grand dam de l’opposition, à placer des hommes acquis à sa cause. Pour ce qui est de l’organisation des élections avant la fin de l’année, malgré les agitations de l’opposition, beaucoup de Congolais ne se font  plus d’illusions que ce délai ne sera pas tenu. Et en ce qui concerne l’élargissement des détenus politiques dans le sens de la décrispation, au lieu de libérer, Kabila est plutôt en train d’embastiller comme cela a été encore le cas lors des événements du 31 juillet dernier, des opposants qui iront grossir les rangs des prisonniers politiques ou d’opinion en RDC. C’est à se demander si l’accord de la Saint-Sylvestre qui était déjà agonisant, n’est pas maintenant mort de sa belle mort. Les jours à venir s’annoncent donc incertains pour la RD Congo. Et avec tout cela, l’on peut dire que le compte à rebours a commencé, avec décembre 2017 comme date butoir. Qui de Kabila et de l’opposition l’emportera sur l’autre ? Rendez-vous dans cinq mois. En attendant, pour sûr, il va pleuvoir des trombes sur Kinshasa. Mais Kabila semble prêt à parer à toute éventualité. Donnant le sentiment, sûr de sa force, de s’amuser avec l’opposition comme un félin avec sa proie, en attendant le moment propice pour la dévorer avec appétit. Les Congolais sont donc prévenus.

« Le Pays »


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