HomeA la uneREPRESSION DE MANIFS AU TOGO : Faure fait l’autruche  

REPRESSION DE MANIFS AU TOGO : Faure fait l’autruche  


 

Les jours se suivent et se ressemblent au Togo. Ils sont tous, en effet, rythmés par les manifestations de l’opposition dont l’objectif, on le sait, est de contraindre le pouvoir à revenir purement et simplement à la Constitution de 1992. Ce qui implique qu’au terme du mandat en cours de Faure Gnassingbé, celui-ci fera valoir ses droits à la retraite. De toute évidence, Gnassingbé fils n’y a jamais pensé. Comme son père, il caresse certainement l’espoir de mourir au pouvoir. Pour y arriver, il semble faire sienne l’idée de Machiavel selon laquelle « seule la fin justifie les moyens ». En effet, tout est mis en œuvre par Lomé, pour faire échec aux manifestations de l’opposition. Après les contre-marches que son camp a initiées en réponse aux marches de l’opposition, le pouvoir togolais est passé à la vitesse supérieure en n’autorisant les marches que le week-end. En somme, Faure fait l’autruche. Et c’est la pire des stratégies. En effet, ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’il fera baisser la température sociopolitique au Togo. La preuve est que malgré son oukase, l’opposition n’entend pas plier l’échine.

Le Togo n’est pas un pays de démocratie

Hier encore, elle a donné signe de vie à Lomé, à Sokodé et dans bien d’autres localités du pays. Pour tout dire, la capitale togolaise s’apparentait, ce 18 octobre, à Santiago de Chili aux pires moments de la dictature du Général Pinochet. En effet, il était impossible de circuler dans la ville de Lomé sans voir des militaires et des gendarmes armés jusqu’aux dents. Le pouvoir y a même déployé des chars. Cela montre à suffisance que le Togo n’est pas un pays de démocratie. C’est plutôt un pays qui a du mal à se défaire des pratiques martiales de l’époque de Gnassingbé père où la moindre contestation était perçue comme un crime de lèse-majesté et réprimée comme tel. Décidément, Faure Gnassingbé n’a pas encore pris conscience que sur les cendres du Togo que son père a vécu, est en train de germer un Togo nouveau qui, contre vents et marées, a de fortes chances de grandir en se fortifiant. L’emblème de ce Togo nouveau est Tikpi Salifou Atchadam, président du Parti national panafricain (PNP). Et le moins que l’on puisse dire à propos de cet homme, est qu’il tranche avec ces opposants « gâteaux » que le Togo a connus dans le passé et dont la particularité était de trahir les espoirs de changement portés en eux, pour entrer dans les bonnes grâces du clan Gnassingbé. En tout cas, pour le moment, l’enfant de Sokodé se montre imperturbable dans sa volonté d’arrimer enfin le Togo à la démocratie, la vraie. Et bien des Togolais le lui rendent bien en répondant massivement à toutes les manifestations qu’il organise à l’effet de signer l’acte de décès de la dynastie des Gnassingbé. Et la preuve, si besoin en était encore, que le Togo nouveau est déjà mâture, est que les Togolais et Togolaises qui en constituent la locomotive, ont eu la clairvoyance et la lucidité politiques de balayer du revers de la main le référendum que Faure leur a proposé en guise de sortie de crise. Et tous ceux qui sont épris de démocratie, en Afrique et ailleurs, se doivent de saluer cette hauteur de vue. En effet, les  consultations référendaires, sous nos tropiques, sont de véritables mascarades. Tout y est biaisé, du début à la fin : le recensement des électeurs, la production des cartes électorales, le vote, le dépouillement, etc. Bref, chaque étape du processus porte le sceau de la manipulation et de la triche.

Aucun peuple ne doit accepter que le Togo se résume à une et une seule famille

A cela, l’on peut ajouter les achats massifs de conscience des populations rongées, comme on le sait, par la misère et l’analphabétisme. C’est pour cette raison d’ailleurs que les dictateurs, lorsqu’ils sont acculés jusque dans leurs derniers retranchements, n’hésitent pas un seul instant à brandir l’arme du référendum. Manifestement, le pouvoir togolais est aujourd’hui dans cette posture. Et tout indique qu’il va s’y accrocher. De ce point de vue, l’on peut accuser tous les chefs d’Etat africains et toutes les structures sous-régionales africaines et internationales qui préconisent le référendum au Togo, d’être de connivence avec les tenants du pouvoir de ce pays, pour étouffer toute idée d’alternance démocratique. Et ils devraient en avoir honte. Car, le peuple togolais a trop souffert de la dictature. Pendant plus de 50 ans, il a ployé sous la férule d’une seule famille. C’était d’abord celle du père. Aujourd’hui, c’est le fils qui a pris le relais. Et tout porte à croire qu’il n’est pas disposé à passer le témoin à un autre Togolais, tant qu’il aura un souffle de vie. Et aucun peuple digne de ce nom ne doit accepter que le Togo se résume à une et une seule famille. Mais la nuit a beau être longue, le soleil finira par se lever. Faure Gnassingbé, aidé de certains de ses pairs africains, a beau jouer à l’autruche, cette vérité de la nature finira par le rattraper. C’est pourquoi, dès à présent, il serait bien inspiré de s’élever pour entendre la clameur du peuple togolais, pendant qu’il est encore temps. C’est la seule sortie noble qui s’offre à lui, s’il a encore un grain d’amour pour le Togo. Et puis, il est encore jeune. Il a donc l’énergie qu’il faut pour servir encore le Togo en dehors de la présidence. Sera-t-il capable d’accéder à ce conseil ? En tout cas, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

« Le Pays »


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