HomeA la uneREPRISE DU DIALOGUE MAJORITE/OPPOSITION : On a tourné en rond pour sacrifier aux formalités

REPRISE DU DIALOGUE MAJORITE/OPPOSITION : On a tourné en rond pour sacrifier aux formalités


A l’issue du dialogue amorcé le jeudi 25 septembre dernier entre la Majorité et l’Opposition, sous l’égide du président Blaise Compaoré qui avait laissé les protagonistes face à face, après avoir expliqué les objectifs qu’il recherchait en initiant ce dialogue, les deux parties s’étaient retrouvées le lundi 29 septembre dernier à Kosyam pour définir les points de discussion dans le cadre de ce dialogue. Au terme de cette deuxième rencontre, cinq points avaient été retenus pour faire l’objet des échanges entre les protagonistes à savoir : « premièrement, la question de la révision de l’article 37 de la Constitution, deuxièmement, la question de l’installation du sénat, troisièmement, les questions relatives à l’organisation de l’élection présidentielle de novembre 2015, quatrièmement, les questions relatives à l’organisation et au fonctionnement du Conseil constitutionnel, et cinquièmement, la question de la contribution de la société civile à la recherche de solutions consensuelles en vue de consolider la paix ».

 

Les observateurs avertis n’attendaient pas grand-chose de ce dialogue

 

Mais le 30 septembre, les discussions avaient été suspendues pour recueillir l’avis de la base, notamment au niveau de l’Opposition. Hier lundi 6 octobre, elles ont repris à Kosyam, à l’abri des oreilles indiscrètes de la presse qui n’était pas invitée aux débats, mais ont fait flop, l’opposition ayant suspendu sa participation.

Pour tout dire, les observateurs avertis de la scène politique burkinabè n’attendaient pas grand-chose de ce dialogue, d’autant plus que les positions ont toujours été tranchées, connues depuis longtemps et chaque camp semblait  camper sur la sienne.

Si bien que l’on avait le sentiment qu’on tournait en rond pour sacrifier aux formalités, en attendant le blocage que tout le monde voyait venir.

En tout cas, en allant à ce dialogue,  l’Opposition avait réaffirmé « avec fermeté son rejet de la modification de l’article 37 de la Constitution et l’organisation d’un référendum ainsi que de la mise en place d’un Sénat ». Ce qui laisse penser qu’elle y était allée d’une part par élégance politique, et d’autre part pour ne pas être accusée d’être le facteur bloquant du dialogue.

De son côté, la Majorité ne posait pas des actes et ne  tenait pas de discours tendant à montrer un fléchissement dans sa volonté de recourir à un référendum pour modifier la Constitution, en vue de permettre à Blaise Compaoré de se représenter à l’élection présidentielle de 2015. D’où le scepticisme des uns et des autres quant à une issue heureuse de ce dialogue. D’autant plus que, comme cela a été dit et redit, la position d’arbitre que voulait adopter le président Blaise Compaoré dans cette partie où sa propre équipe était en jeu,  était difficile à tenir. Du fait même du soutien d’un camp à sa cause, sa neutralité était sujette à caution et son impartialité difficile à justifier. Si Blaise Compaoré n’avait pas été au centre même du débat, son arbitrage aurait certainement été accueilli avec moins de réserve et beaucoup plus d’enthousiasme, dans cette question qui divise les Burkinabè. Mais dès lors que c’est sa personne même qui est au cœur du débat, l’opposition qui ne voulait pas se laisser rouler dans la farine, s’arc-boutait à l’argument de laisser les points qui ne feraient pas  l’objet de consensus en l’état, d’autant plus que c’étaient la règle et l’esprit qui avaient prévalu lors du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP).

 

C’est Blaise Compaoré qui détient la clé de la solution

 

Mais pour la majorité, il fallait laisser Blaise Compaoré décider en dernier ressort, ce qu’a toujours refusé l’Opposition. Si ce n’était pas un jeu de dupes, cela y ressemblait fort, étant donné qu’en adoptant une telle position, la Majorité savait pertinemment qu’en cas de désaccord, le président Compaoré, en dernier ressort, aurait toute la latitude de se réfugier derrière l’argument de l’arbitrage du peuple, pour obtenir son fameux référendum. Car, comme dit un adage africain « on ne partage pas la viande tout en se réservant les os ». Et l’on ne voit pas comment le président Blaise Compaoré pouvait agir contre ses propres intérêts.

Au demeurant, beaucoup d’observateurs pensent que tout ce ramdam participait de la stratégie de Blaise Compaoré pour parvenir à ses fins.  De blocage en blocage, et de perte de temps en perte de temps, il ne resterait plus que l’alibi du peuple pour départager les uns et les autres. Et tout porte à croire que l’Opposition a su lire dans son jeu pour adopter l’attitude qui est la sienne aujourd’hui.

Aussi, y a-t-il lieu de nourrir des inquiétudes face à ce blocage, entre tenants de la légitimité constitutionnelle d’une part et ceux de la légalité d’autre part, entre défenseurs de l’esprit de la Constitution d’un côté et de la lettre de cette même Constitution de l’autre Côté. Dans ce débat, pour l’opposition, l’on ne saurait éluder l’esprit qui avait prévalu a l’adoption du texte de l’article 37 en 1991.

En tout état de cause, c’est Blaise Compaoré qui détient la clé de la solution. Et il a une responsabilité historique devant Dieu et devant les hommes dans une question qui aurait pu ne pas en être une, mais qui focalise tout le souffle et toute l’énergie de la nation depuis plusieurs mois.

 

Outélé KEITA

 

 


Comments
  • Merci M. Keita pour votre reflection combien pertinente. Merci bocoup.

    6 octobre 2014
  • Bah, seuls les incrédules pensaient que la fumée blanche allait sortir de ce dialogue. Blaise Compaoré a toujours eu du mépris non seulement pour ses adversaires politiques, mais aussi pour sa population. Il ne connait que l’épreuve de la force. Les marches et autres discours ne l’émeuvent et ne l’émouvront pas. Les Burkinabè ont toujours eu la grande gueule car lorsque l’heure des actions arrivent, ils sont tous tapis dans les bars pour épiloguer.

    Dans cette affaire, seule la volonté du peuple pourrait faire fléchir Blaise.

    Dans cette affaire, seule l’armée pourrait aussi faire fléchir Blaise.

    L’opposition s’est laissée prendre au piège car elle devait dès le départ refuser le dialogue politique ou du moins l’accepter mais sous l’égide d’une tierce personne.

    Assimi vient de déclarer que le dialogue allait se poursuivre avec le Front républicain. Si ce n’est pas une honte, cela ressemble à un suicide politique.

    Dans tous les cas, le ciel du Faso était déjà sombre, mais cette fois-ci, à l’image du vol Air Algérie qui a crashé pour faute de mauvais temps, c’est le Faso ou du moins Blaise et le CDP qui se crasheront aussi à leur tour.

    7 octobre 2014
  • Bonjour la Grande Opposition et merci pour votre détermination courageuse

    C’était très prévisible, au départ l’initiateur-facilisateur était disqualifié car il avait fait son choix le camp des révisionnistes. Il cherchait un alibi pour aller au referendum fondé sur le mensonge et la ruse. Mais NOUS ALLONS DÉFENDRE LA CONSTITUTION PAR TOUS LES MOYENS SANS CADEAU JUSQU’AU DERNIER SOUFFLE SI LE REFERENDUM EST LANCÉ. L’ équation est très simple : Mr Blaise doit respecter la constitution, tout le monde est en paix. La constitution ne sera jamais modifiée à cause d’une seule personne nous ferons obstacle si toute fois il y a un passage en force. La mobilisation continue toujours avec plus de force et de détermination. Nul n’est indispensable pour son pays. Au Burkina, les compétences sont très nombreuses pour diriger ce pays qu’on aime. D’après le grand Me SANKARA les chars ou les pistolets n’ébranlent personne.

    Une autre vie est possible après Kosyam car on ne nait pas président, on le devient. Johny RAWLINGS OU Alpha KONARE ne sont pas morts après leurs mandats, ils vivent dans la paix sans inquiétudes.

    QUE LE BURKINA BÉNISSE LE BURKINA. AMEN
    PAIX ET JOIE A TOUS LES BURKINABÉS. AMEN

    NON AU REFERENDUM
    NON AU SÉNAT.
    NON A LA RÉVISION DE l’A37
    NON AU POUVOIR A VIE D’UN PRÉSIDENT
    VIVE LE PEUPLE BURKINABÉ
    VIVE LA DÉMOCRATIE A 2 MANDATS
    VIVE L’ALTERNANCE 2015

    ACHILLE TAPSOBA LE BOBOLAIS

    7 octobre 2014
  • tres belle analyse.bcp de courage au pays et a la vraie opposition

    7 octobre 2014
  • Bonjour.
    Le dialogue inclusif ou exclusif a pris fin comme il fallait s’y attendre. Même un élève non éveillé du CP1 sait que les carottes étaient déjà cuites. C’est ce que l’on appelle blanc bonnet-bonnet blanc. Comment dire que les points non consensuels doivent être soumis au président qui prendra une décision ? Laquelle, si ce n’est d’appeler au référendum ? Dans cette histoire, il y a une personne qui ne respecte pas la parole donnée. Au CCRP où l’Opposition n’avait pas participé, il a été dit clairement que les points non consensuels resteraient en l’état. Cela a-t-il été respecté ? Le président a juré de respecter et de faire respecter la Constitution quatre fois et pour lui respecter la Constitution, c’est chercher les possibilités qu’elle offre et non ce qui est évident : la limitation de son mandat en 2015. Assimi fait rire quand il veut imputer la responsabilité à l’Opposition. Pourquoi la majorité ne veut pas entendre parler de la fin du pouvoir de Blaise en 2015 ? C’est pourtant écrit dans cette même Constitution et la Majorité n’a jamais fait cas de cela. Si la constitution autorise sa révision sous certaines conditions, elle dit clairement que le mandat est limité. Pourquoi la Majorité passe cela sous silence ? Dans tous les cas, c’est le président qui après avoir feint d’être démocrate est entrain de montrer son côté dictatorial et c’est tant pis pour sa soi-disant réputation de faiseur de paix par une certaine médiation réussie ailleurs. Il appartient à tous les Burkinabé sensibles à la démocratie de se lever pour faire barrage à un pouvoir qui se monarchise de jour en jour. Une seule personne fut-il président ne peut pas arrêter la vie d’une nation. Cette même Constitution proscrit le pouvoir personnel et les gens doivent le lui signifier.

    7 octobre 2014
  • Le grand médiateur international a échoué dans son propre pays!

    7 octobre 2014
    • Son objectif c’était d’échouer pour pouvoir convoquer son référendum. Mais il finira par se mettre le doigt dans son œil. Il veut transformer le problème entre lui même et l’A37 en problème d’intérêt national. Car des 16 millions de Burkinabè, c’est lui seul qui se butera à l’A37 en 2015.
      Même si “tous les chemins mènent à Rome”, il se rendra compte que tous les chemins ne mènent pas à la modification de l’A37.
      2015, fin du pouvoir d’Etat pour le père des tripatouillages constitutionnels! La leçon qui lui sera donnée par le peuple va effrayer les apprentis sorciers des autres pays: RDC, Congo Brazza et j’en passe.

      7 octobre 2014
  • Majorité/Opposition, ce sont tous des roublards. Aucune partie n’est allée au dialogue avec franchise, chaque camp étant toujours campé sur sa position. Inutile de jeter l’échec à telle ou telle partie, vous êtes tous responsables. Si le pays prends feu, vous êtes tous responsables. L’objectif général recherché par chacun de vous est l’affrontement des fils et filles de la nation afin que chaque camp mesure sa force de frappe.
    Vous êtes incapables de vous assoir pour discuter de questions qui vous divisent et vous jouez aux enfants en accusant l’un l’autre de l’échec du dialogue initié par d’autres personnes.
    Ce n’est pas parce que vous êtes incapables de trancher une question qui vous divise qu’elle doit rester en l’état. Bien sûr, c’est vous, majorité et opposition, avec vos enfantillages qui ne peuvent pas trouver une issue. La majorité ne va pas renoncer à la modification de l’article 37 et l’opposition ne sera toujours pas d’accord pour une modification de l’article 37. Et, aucune médiation n’aboutit.
    Dans ces conditions, vous voulez quoi ?
    Autant ne plus participer à aucune médiation puisque de tous façon ça ne va pas aboutir.
    Souffrez, dans ces conditions, que le Président du Faso prenne ses responsabilités . Il est avant tout le premier magistrat du pays et garant de la paix. Même si la modification de l’article 37 lui est profitable, devant l’incapacité de la majorité et de l’opposition de trouver un consensus, il est obligé de prendre la décision qu’il juge nécessaire et endosser la responsabilité. Mais, il ne sera pas seul responsable en cas de KO dans le pays ; vous, majorité et opposition, serez aussi comptables.
    Tant mieux, s’il décide de laisser l’article 37 en l’état.
    Tant pis, s’il décide de modifier l’article 37. Là, majorité et opposition seront contentes puisque chacun va pouvoir montrer ses muscles. L’objectif commun recherché par les deux camps sera atteint et se sont les conséquences qu’il faut attendre de récolter.
    Cela va nous amener où ? Dieu seul sait.
    Plusieurs hypothèses de sortie de crises sont déjà développées par de grandes personnalités, parmi lesquelles le Président J. B. OUEDRAOGO. Je croie qu’il est temps de bien voir ses propositions pour en choisir une, car il n’est pas trop tard pour cela.
    Tôt ou tard, les parties seront obligées de revenir voir ses propositions.

    7 octobre 2014
  • Je pense sincèrement que le Président Blaise a refusé le vouvoiement pour le tutoiement; alors, il va se faire tutoyer mal. Comment peut –il depuis près de 30 ans se mettre à ruser avec son peuple et à le mépriser autant? Aucun respect pour les gens, c’est son naam et son avenir ou survie qui l’intéresse même s’il s’en défend dans Jeune Afrique. Monsieur le Président, est-ce que vous savez que tout a une fin? Sauf Dieu, et si vous l’avez oublié, c’est juste un rappel et c’est gratuit. Qui a dit que quel que soit la durée de la nuit, le jour va se lever? Vous allez voir qu’on ne méprise pas autant son peuple. Pour moi, je demande que l’on supprime la Constitution et qu’il n’y ait plus un texte auquel on fait référence car cela ne sert à rien. Chacun fait ce qu’il veut. C’est de l’anarchie ce que vous faites monsieur le président. Vous êtes au-dessus des règles, même la Constitution que vous avez juré de respecter. Aucune logique. Le Burkina ne va pourtant pas disparaitre quand vous ne serez pas là, de cela, je peux vous garantir et cela veut aussi dire que personne n’est indispensable. Pourquoi vous voulez obliger les gens pour les diriger alors que vous semblez dire que c’est une charge? Vous avez fait semblant d’être un faiseur de paix en « éteignant le feu ailleurs, alors que vous voulez l’allumer chez vous. Tous les conseils que vous avez donné aux protagonistes en RCI, Togo, Guinée, Sierra Léone, Liberia, Angola et j’en oublie étaient juste de l’hypocrisie, non, je ne crois pas.

    7 octobre 2014

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