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REPRISE DES MANIFS AU TOGO


 Le pouvoir gagnera-t-il l’opposition à l’usure ?

L’opposition togolaise reprend du service aujourd’hui 9 mai et le jeudi 10 mai prochain. Après donc une trêve de quelques semaines, la coalition des 14 partis de l’opposition redescend dans la rue pour continuer son combat contre les velléités de pouvoir à vie de Faure Gnassingbé qui renâcle à une perspective d’alternance à la fin de son troisième mandat en 2020. En effet, depuis un an maintenant, les opposants togolais sont vent debout contre la monarchisation de fait du régime en place depuis 2005 voire plus, en comptabilisant le règne de Gnassingbé père. Si la stratégie de Jean Pierre Fabre et de ses 13 apôtres, allusion faite aux partis membres de la coalition, semble de mettre la pression sur Gnassingbé fils à travers la rue, il apparaît de plus en plus qu’il en faut plus pour inquiéter le locataire de  Lomé II. En effet, si Faure Gnassingbé a dû avoir la tremblote, les jours qui ont suivi le gigantesque mouvement de contestation lancé en août dernier, par le désormais enfant terrible de Sokodé, Tikpi Salifou Atchadam, aujourd’hui, il montre plutôt les signes d’un capitaine qui a pu reprendre le contrôle de son gouvernail après une vague de tempête. Depuis que le régime a pu imposer à l’opposition de nouveaux itinéraires pour son chemin de croix qui doit se faire dorénavant en périphérie de Lomé, on peut dire que cela constitue une victoire d’étape pour les autorités togolaises qui sont en train de prendre le contrôle de la situation pour ne pas dire que le rapport de force est maintenant en leur faveur.

Les opposants togolais se doivent d’être beaucoup plus imaginatifs

En tous les cas, cette journée de mercredi s’annonce déterminante pour l’opposition qui doit réussir le pari de la mobilisation, si elle ne veut pas voir sa lutte s’estomper comme le voudrait le régime en la contraignant  à manifester sur des itinéraires de quartiers périphériques. Ce qui réduit la visibilité des manifs et leur impact sur les activités socio-économiques de la ville ; toute chose qui agace l’opposition qui a peur de voir ainsi son mouvement marginalisé.

Tout compte fait, l’opposition ne doit s’en prendre qu’à elle-même, pour n’avoir pas pu maintenir suffisamment la pression sur le régime en sortant de la routine des marches pour trouver d’autres stratégies à même de contraindre le président Faure à capituler. Pour certains, ce ne sont plus les marches de rue qui pourront troubler le sommeil du pouvoir en place qui semble désormais dans la logique d’avoir l’opposition à l’usure. On le sait, la flamme de la contestation contre la dynastie des Gnassingbé devient moins ardente depuis un certain temps. C’est dire si les opposants togolais qui, certes, luttent pour une noble cause politique, se doivent d’être beaucoup plus imaginatifs en trouvant d’autres formes de pression sur le régime, au risque de lasser les populations qui ont plutôt des besoins primaires et qui ne sauraient, tout le temps, battre le pavé. Autrement, à défaut de pouvoir chasser Faure par la rue, qu’elle se prépare pour le ratatiner par la voie des urnes comme cela a  été le cas en Gambie avec Yahya Jammeh.

Drissa TRAORE


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