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REPRISE DES POURPARLERS INTER SUD-SOUDANAIS Evitez un nouvel embrasement


Un mois après l’accord signé entre Salva Kiir et son adversaire Riek Machar à Addis-Abeba, pour mettre un terme aux hostilités, les deux belligérants se sont encore retrouvés dans la capitale éthiopienne autour d’une table hier, 10 juin 2014. Et ce, en vue d’évaluer l’application de l’accord, les progrès accomplis, et les consolider. Le moins que l’on puisse dire c’est que le cessez-le feu conclu le 9 mai a permis d’obtenir une accalmie, fût-elle précaire.

 

L’Amérique doit peser de tout son poids pour amener les deux belligérants à faire la paix

 

Certes, les belligérants n’ont pas réussi à mettre fin aux hostilités car ils se sont affrontés le week-end dernier dans les encablures de Renk, dans l’Etat du Haut-Nil. Mais les armes ne crépitent plus comme on les entendait avant la signature de l’accord à Addis-Abeba. Et il serait bien que la communauté internationale, notamment les Etats-Unis d’Amérique profitent de cette accalmie pour obtenir l’arrêt total des hostilités. L’Amérique qui est au chevet de ce jeune Etat et en prend soin comme de son propre bébé, doit continuer à peser de tout son poids pour amener les deux belligérants à faire la paix. Nul ne doute que l’Amérique est un partenaire crédible du Soudan du Sud. D’ailleurs, si cet Etat est devenu indépendant, c’est bien grâce aux Etats-Unis d’Amérique. Il ne fait pas de doute que le pays de l’oncle Sam a les moyens d’imposer la paix au Soudan du Sud. Du reste, si les belligérants ont plus respecté l’accord de cessez-le- feu du 9 mai que le précédent, c’est parce que l’Amérique s’y est fortement impliquée. En tout cas, il faut tout faire pour éviter un nouvel embrasement car les populations ont déjà payé un lourd tribut à cette guerre. Elles ne doivent plus servir de chair à canon. En vérité, Salva Kiir et Riek Machar devraient placer le Soudan du Sud au dessus de leur égo.

 

Chacun veut que le rapport de force soit en sa faveur

 

La communauté internationale devrait même exercer des pressions sur les parrains de cette guerre car si le conflit perdure jusque-là, c’est parce que chaque camp bénéficie de soutiens de taille. Si l’Ouganda ne continuait pas à fournir hommes et armes à Salva Kiir, ce dernier serait plus affaibli et par conséquent, plus disposé à dialoguer. Il est en de même pour Riek Machar qui vient d’enregistrer dans ses rangs, un général démissionnaire de l’armée régulière. En plus de ce soutien non négligeable, Riek Machar compte se rendre à Khartoum en vue d’obtenir le soutien d’Omar El Béchir pour vaincre son ancien compagnon d’armes. Et l’on peut, sans risque de se tromper, dire que c’est au regard de tous ces soutiens que les généraux de Riek Machar préviennent que si les pourparlers échouent, ils marcheront sur la ville de Bor. On pourrait d’ailleurs qualifier cette attitude des protagonistes de paradoxale car pendant que les deux parlent de négociations, chacun travaille à renforcer sa base, chacun veut que le rapport de force soit en sa faveur. Il s’agit là d’un jeu d’équilibre de la terreur pour maintenir les choses en état, et éviter ainsi qu’il y ait un vainqueur et un vaincu.   Mais pourrait-on   aboutir à une vraie paix des braves au Soudan du Sud,   chacun des seigneurs de guerre ne voulant pas   perdre la face ? En tout état de cause, Salva Kiir et Riek Machar doivent comprendre que la paix exige plus de courage que la guerre comme l’a dit le Pape François. En cela, ils doivent s’efforcer de respecter la date butoir de 60 jours qu’ils ont fixée pour la mise en place d’un gouvernement de transition. Ce serait le gage de leur volonté d’aller à la vraie paix.

Mais ce gouvernement n’aura de sens que s’il regroupe les deux protagonistes. En attendant qu’il soit formé, il faut saluer ce nouvel accord arraché grâce à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). Il vient renforcer le précédent accord dont l’application reste une préoccupation pour tous ceux qui œuvrent pour que la paix revienne au Soudan du Sud.

 

 

Dabadi ZOUMBARA


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