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RESULTATS DEFINITIFS DE LA PRESIDENTIELLE GUINEENNE


Tout est accompli pour Alpha Condé ! C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, après un référendum controversé taillé sur mesure et un processus électoral émaillé de fraudes et de violences, le natif de Kankan vient de s’octroyer un nouveau bail au palais Sékoutoureya. En tout cas, les résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle, le donnent vainqueur avec 59,50%  des voix. Il est donc réélu dès le premier tour et ce, en dépit de l’atmosphère sociopolitique toujours très tendue. Alpha Condé tient désormais sa chose, peut-on dire. Les « sages » de la plus haute juridiction guinéenne, n’ont pas créé la surprise. Ils sont restés loyaux au prince régnant tant et si bien qu’ils ont rejeté tous les recours des candidats de l’opposition avec à leur tête, Cellou Dalein Diallo qui a d’ailleurs appelé à une journée « villes mortes » sur toute l’étendue du territoire guinéen. Ils invoquent, comme c’est généralement d’ailleurs le cas,  un manque de preuves ; estimant donc qu’en fait de fraudes, il n’en est rien. Le « machin » d’Alpha Condé  a donc parlé. Pouvait-il, du reste, en être autrement quand on sait qu’en Afrique, les Cours constitutionnelles sont le plus souvent des caisses de résonance des régimes en place avec des juges qui, plutôt que d’un devoir d’ingratitude, croient devoir une fière chandelle à celui qui les y a promus ? Ainsi va la démocratie en Afrique où les hommes, il faut le dire, sont généralement plus forts que les institutions. En fait, le problème de fond, c’est que la plupart des dirigeants africains ne croient même pas en  la démocratie. Ils  la clament sur tous les toits mais dans la pratique, il n’en est rien. C’est le cas d’Alpha Condé qui, après une décennie de règne, refuse de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. Pire, il est même prêt à donner la mort pour mourir au pouvoir et bénéficier ainsi de funérailles nationales.

 

Les grands juges guinéens ont préféré protéger leurs intérêts

 

A preuve, les violences qui ont suivi l’annonce de sa victoire à la présidentielle du 18 octobre, ont fait officiellement une vingtaine de morts. L’opposition, de son côté, parle de 46 morts. L’un dans l’autre, la Guinée aurait pu faire l’économie de cette comptabilité macabre. Elle n’avait pas besoin de ça. Alpha Condé, n’ayons pas peur de le dire, du haut de ses 82 piges, a déçu plus d’un. Car, voilà un homme qui, pendant des décennies, est resté un opposant intraitable et ce en dépit de l’adversité et qui, à son avènement au pouvoir, avait suscité beaucoup d’espoirs mais qui,  au fil des ans, s’est mué en un véritable dictateur. Très irascible, il se croit  même sorti  de la  cuisse de Jupiter si fait qu’il s’érige parfois en donneur de leçons. Pour lui, la démocratie n’engage que ceux qui y croient.  Cela dit, pour autant que la Cour constitutionnelle guinéenne eût voulu se montrer indépendante et impartiale, elle aurait pu procéder à un recomptage des voix et ce, pour plus de transparence et de crédibilité du scrutin.  Comme ce fut d’ailleurs le cas aux Etats-Unis où en dépit des récriminations de Trump, la victoire de Joe Biden ne fait l’ombre d’aucun doute. Hélas, les grands juges guinéens ont préféré protéger leurs intérêts  et autres privilèges que de chercher à entrer dans  l’histoire par la grande porte.

 

Boundi OUOBA

 


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