HomeA la uneRESURGENCE DU VIRUS EBOLA AU LIBERIA : Doit-on décréter la fin d’une maladie comme on décréterait la fin d’une guerre ?

RESURGENCE DU VIRUS EBOLA AU LIBERIA : Doit-on décréter la fin d’une maladie comme on décréterait la fin d’une guerre ?


 

« Quand je veux, je charme. Quand je veux, j’épouvante », écrivait Corneille. Au moment où la maladie à virus Ebola fait sa réapparition au Libéria, ces vers de Corneille trouvent pleinement leur sens. Et cela, avec les pérégrinations que fait le  virus d’Ebola qui, au gré de ses humeurs, tantôt rassérène le peuple libérien, tantôt l’effraie. En effet, en mai 2015, le Libéria pavoisait en annonçant l’éradication du virus d’Ebola. Il n’a fallu attendre que six semaines après pour que le virus réapparaisse à Monrovia. Visiblement, la victoire dans la lutte contre le mal, était trop tôt annoncée. Et … trop belle pour être vraie. Le monstre, qui a déjà fait depuis 2013, plus de 11 300 morts en Afrique de l’Ouest dont 4 808 au Libéria, douche ainsi l’optimisme de Monrovia, en signant son come-back le 20 novembre 2015. Trois nouveaux cas d’Ebola déclarés et confirmés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). C’est dire si on ne doit pas aussi facilement décréter la fin d’une maladie, comme on décréterait la fin d’une guerre. D’autant plus que, dans le cas d’espèce, la maladie, favorisée par l’état de pauvreté des Africains et de délabrement des infrastructures sanitaires sur le continent, s’accommode également de certaines de nos pratiques culturelles. A titre illustratif, se serrer les mains lors des voyages ou au marché, relève, pour l’Africain, de l’expression de la convivialité qui, pourtant, peut lui être préjudiciable dans un contexte d’Ebola. Au regard de la survivance de telles pratiques, on est donc tenté de se demander si on pourrait un jour vaincre ce mal. Pour une lutte efficace contre le mal, il faudrait peut-être revoir la période d’incubation convenue par l’OMS. Sa prolongation permettrait de maintenir davantage la vigilance.

C’est une mauvaise publicité pour le Libéria

Il faudra aussi mettre l’accent sur « le système de surveillance et le dispositif de prévention mis en place par les autorités libériennes ». Certes, on peut comprendre l’empressement de celles-ci qui, pour des raisons politiques ou économiques, ont déclaré aussitôt après la période d’incubation, le pays totalement débarrassé du virus d’Ebola. Une façon pour elles de rassurer les investisseurs. Mais avec la réapparition du virus à trois reprises, en l’espace de sept mois, on peut dire que c’est une mauvaise publicité pour le Libéria. C’est pourquoi il lui appartient de  rectifier le tir. Aussi, lui faudra-il continuer à encourager la prise de mesures conservatoires telles que l’isolement des malades et des quartiers affectés par le mal, aux fins d’éviter que la pathologie  ne se métastase sur l’ensemble du territoire libérien, voire sur le reste du continent. Et pour y arriver, les autorités devraient notamment sensibiliser davantage la population afin qu’elle se départisse de ce complexe qui empêche le malade de se déclarer. Enfin, la science a une importante part à jouer dans la lutte contre la fièvre rouge, elle qui a produit quelques avancées sur le terrain thérapeutique, lesquelles  auront permis de sauver bien des vies humaines. Et le combat doit continuer. L’OMS et tous les scientifiques devront mettre les bouchées doubles. Car, cette énième résurgence du virus d’Ebola au Libéria montre qu’il ne saurait s’accommoder de mesurettes.

Adama KABORE


No Comments

Leave A Comment