HomeA la uneRETOUR ANNONCE DE KATUMBI EN RDC : Rentrera, rentrera pas ?  

RETOUR ANNONCE DE KATUMBI EN RDC : Rentrera, rentrera pas ?  


Rentrera, rentrera pas ? C’est la question que tout le monde se pose, depuis que l’opposant RD congolais a annoncé son retour au bercail et ce, après un peu plus d’un an d’exil en Belgique. Moïse Katumbi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, poursuivi par la justice congolaise pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », avait été autorisé par le procureur général à quitter la RDC pour se rendre à Bruxelles où il a subi des soins médicaux. Condamné par contumace, le 22 juin 2016, à trois ans d’emprisonnement  pour « spoliation d’immeuble », l’ex-gouverneur du Katanga a vu son séjour médical se transformer en un exil forcé ; les autorités congolaises ayant prévenu qu’elles procèderaient à son arrestation  dès sa descente d’avion. Et comme pour ne rien arranger, Kinshasa, à travers le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, vient de franchir un nouveau palier en affirmant que Moïse Katumbi n’est pas un Congolais mais plutôt un Italien. Face à un tel acharnement sur fond de haine et de xénophobie cocardière, on se demande s’il faut en rire ou en pleurer. Car, pour autant que l’on sache, Moïse Katumbi a été pendant 8 ans (de février 2007 à septembre 2015) gouverneur du grand Katanga sous le régime de Joseph Kabila dont il était réputé être proche. Tout « Italien » qu’il serait, personne n’a entendu rouspéter le pouvoir congolais, pour la simple et bonne raison que Katumbi ne lésinait pas quand il s’agissait de cracher au bassinet. Là, il était Congolais, puisqu’il faisait l’affaire du prince régnant. Mais maintenant qu’il a tourné dos au président Kabila, on lui fait voir des vertes et des pas mûres, allant jusqu’à soulever des débats de caniveau.

La frilosité dont font montre les autorités congolaises, cache mal un manque de sérénité

Du reste, dossier pour dossier, qui du président Kabila ou du ministre de la Justice qui joue la grande gueule, est mieux logé que Katumbi à qui on cherche à faire porter tous les péchés de la RDC ? Est-ce lui qui a commandité l’assassinat de Floribert Chebeya, du nom de ce défenseur des droits humains tué en 2010 avec son chauffeur Fidèle Bazana ? Est-ce lui qui avait revendiqué avec une fierté malsaine le crash du Boeing 727, abattu le 10 octobre 1998 dans l’Est de la RDC, faisant 43 morts ? En fait, on ne le sait que trop bien. La frilosité dont font montre les autorités congolaises, cache mal un manque de sérénité. Car, Moïse Katumbi, il faut le dire, gène par sa force de frappe et par sa popularité, tant et si bien que Kabila  et ses sbires font tout pour le détruire politiquement aux fins de l’empêcher de se présenter à la prochaine présidentielle prévue pour se tenir en fin décembre prochain. C’est pourquoi, faisant feu de tout bois, Kinshasa va jusqu’à tomber dans la boue en remettant au goût du jour le sujet pour le moins suranné qu’est la question de la nationalité de Katumbi. En le faisant, Kabila et son clan oublient qu’ils sont en train de fabriquer un héros qui, s’ils n’y prennent garde, pourrait leur faire rendre gorge. Car, comme on le dit, la roue de l’histoire tourne ; tant et si bien que les bourreaux d’aujourd’hui pourraient devenir les victimes de demain. Il faut donc savoir raison garder, le rapport de forces n’étant toujours que circonstancié.  Et de toute évidence, si Katumbi, de retour au pays, venait à être arrêté, la RDC pourrait de nouveau sombrer dans le chaos. Ce d’autant plus qu’il y a des raisons de croire que ses militants ne se laisseront pas conter fleurette. A moins que ce ne soit l’objectif recherché par Kabila qui pourrait prétexter du contexte pour faire retarder les échéances électorales censées mettre fin au processus de transition en cours. On attend donc de voir !

Boundi OUOBA


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