HomeA la uneRETOUR ANNONCE DU MAROC DANS L’UA : Pourquoi maintenant ?

RETOUR ANNONCE DU MAROC DANS L’UA : Pourquoi maintenant ?


 

Le 27e sommet de l’Union africaine (UA) qui a baissé ses rideaux le 18 juillet dernier à Kigali au Rwanda, avait, entre autres sujets au menu, la question du retour du Maroc dans l’institution, après 32 ans d’absence. Finalement, ce retour devra être validé par un vote au sein de la Commission de l’UA. Pour la petite histoire, le Royaume chérifien avait claqué la porte de l’institution panafricaine en 1984, suite à l’admission en son sein de la République arabe Sahraouie démocratique (RASD).  Mais au-delà des implications politiques d’un tel retour, la question que l’on pourrait se poser est celle de savoir pourquoi maintenant. Qu’est-ce qui a bien pu changer depuis lors pour valoir ce retour annoncé du Maroc au sein de l’institution africaine, d’autant plus que la RASD n’en a pas été exclue ? Si l’on s’en tient à la teneur du message du roi Mohammed VI, adressé à l’institution, c’est parce que « cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé ». Avant toute considération, il y a lieu d’encourager et de saluer le retour du Maroc dans la grande famille africaine. Car, quoi qu’on dise, le Maroc n’est pas n’importe quel pays. En plus d’être un potentiel bon contributeur, sa présence pourrait donner un second souffle à une UA en mal de réussite voire d’inspiration dans la résolution de nombreux conflits sur le continent alors qu’en la matière, le Maroc a une expérience et une expertise qu’il pourrait faire valoir.  Sans oublier les nombreux projets économiques structurants qu’il développe à l’échelle du continent et surtout le rôle important qu’il joue dans la promotion d’un islam tolérant, au moment où le continent et le monde entier font face à la montée en flèche des fondamentalistes religieux. Ce qui fait dire à certains analystes que l’UA aurait plus à perdre qu’à gagner, en tenant le Maroc hors de l’Organisation. D’autant plus que depuis son retrait pour la raison que l’on sait, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, beaucoup d’Etats africains n’ayant plus les mêmes convictions qu’ils avaient par rapport à la question de la RASD. C’est pourquoi l’on peut croire que le moment choisi par le Maroc pour annoncer son retour au sein de l’UA, n’est pas le fait du hasard. Au-delà des raisons officielles, on peut avancer les considérations suivantes : d’abord, le Maroc a pu se rendre compte que malgré son retrait, l’institution a continué de fonctionner et a même quelque peu grandi au point d’avoir une plus grande aura aujourd’hui, malgré toutes les critiques qu’elle essuie. Alors que dans le même temps, la Ligue arabe sur laquelle il aurait pu se replier, semble avoir opéré le chemin inverse, au point d’être aujourd’hui moins audible.

Autant ce retour peut être vu d’un bon œil, autant il pourrait provoquer des secousses au sein de l’union

Ensuite, les pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’UA, qui étaient pour la plupart ceux-là mêmes qui s’étaient battus pour l’indépendance des pays africains, ne sont plus de ce monde pour défendre la cause d’une RASD dont le combat pour l’autodétermination pouvait s’apparenter à bien des égards, au leur. Enfin, l’on peut aussi imaginer aisément que la puissante diplomatie chérifienne a travaillé dans l’ombre pour faire évoluer les positions de certains Etats par rapport à la question de la RASD. Et c’est certainement fort de cela que le roi Mohammed VI, tout en s’interrogeant si « l’Union africaine n’est pas en contradiction évidente avec la légalité internationale »,  estime que « le temps est venu d’écarter les manipulations, le financement des séparatismes », et que par rapport à la question du Sahara, l’Afrique institutionnelle ne peut plus supporter plus longtemps les fardeaux « d’une erreur historique et d’un legs encombrant ». De quoi convaincre plus d’un que ce retour annoncé du Maroc peut être un changement de stratégie pour mieux combattre son ennemi intime de l’intérieur, c’est-à-dire au sein de l’UA. L’adage selon lequel, « les absents ont toujours tort », le Maroc peut l’avoir fait sien. Mais il ne faut pas se leurrer. Autant ce retour peut être vu d’un bon œil, autant il pourrait provoquer des secousses au sein de l’union, si cela devait déteindre sur l’avenir de la RASD dans l’Union. Car, on connaît aussi la position de certains pays comme l’Algérie et l’Afrique du Sud par exemple, qui n’épousent pas la position du royaume chérifien par rapport à la question de la RASD. En tout état de cause, l’ONU est saisie de la question, et l’on attend de voir comment elle sera définitivement réglée.

Outélé KEITA


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