HomeFocusREUNION DU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU SUR EBOLA :Tardive mais salutaire

REUNION DU CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU SUR EBOLA :Tardive mais salutaire


 

La propagation du virus Ebola préoccupe le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni depuis hier mardi à New York. Et il n’a pas tort. A ce jour, Ebola a fait plus de 4 000 morts.

Le drame avec ce virus, c’est qu’il se répand insidieusement. L’heure est grave parce qu’Ebola frappe en dehors de notre continent, considéré jusqu’alors par certains comme le berceau du fléau. De plus en plus, en Occident, on se sent enfin et directement concerné au plus haut point. D’où l’importance de la réunion du Conseil de Sécurité, qui vise à endiguer le fléau. Dans les pays occidentaux, les patients et ceux qui meurent de la maladie, sont soit des ressortissants de pays où sévit le fléau, soit des expatriés qui y travaillaient. Le virus voyage et se transmet, sans aucun égard pour les mesures de prévention. Venus dans le cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale, experts et humanitaires font désormais partie du monde des gens vulnérables. Le fléau ne connaît ni frontière, ni origine raciale, encore moins l’âge,  la race, le sexe, la profession, etc. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le Président Barak Obama des Etats-Unis, et le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ont invité la communauté internationale à redoubler d’effort pour venir à bout de l’épidémie.

Le défi est énorme car l’humanité est en danger. Avec le nombre de personnes infectées et des morts qu’on enregistre au fur et à mesure, chacun prend conscience que tout le monde est concerné. Certes, le Conseil de sécurité s’est saisi du dossier. Mais il est quand même regrettable qu’il ait attendu que les grandes nations soient atteintes dans leur chair, pour réagir avec vigueur. Toutefois, le fait de voir le Conseil de Sécurité se préoccuper de l’expansion du virus, montre jusqu’à quel point l’affaire est prise au sérieux, loin des espaces africains. De plus en plus de pays industrialisés vont devoir prendre la menace au sérieux. Nul n’est à l’abri du fléau. Ce n’est plus une affaire de « mangeurs de singe, de rat ou de chauve- souris ». Chacun  se sent concerné, quelles que soient les performances de son système de santé. Toute décision prise au niveau de la grande instance onusienne, va engager l’ensemble de la communauté internationale et ses différents leviers sur le terrain. Il faut à présent espérer que les Nations unies et les partenaires mobiliseront les ressources qui conviennent. Il faut faire sortir le fantôme qui a déjà pris place dans la maison.   De même, de grands pays comme la Chine populaire, devraient s’impliquer davantage dans ce combat.

 

Il faut conjuguer les efforts pour parvenir à neutraliser Ebola

 

En effet, aux yeux de nombreux Africains, la Chine de Pékin dispose de systèmes performants de santé et de remèdes efficaces contre plusieurs fléaux. Pourtant, sans que l’on sache pourquoi, ce pays se met généralement en retrait des actions, laissant alors la voie aux autres membres du Conseil de sécurité. Ceux-ci sont très actifs sur le terrain. Le temps n’est-il pas venu justement pour ceux qui se mettent en retrait, de s’impliquer dans la riposte au virus   Ebola ? Par ailleurs, l’Afrique qui est représentée au Conseil de sécurité, devrait avoir son mot à dire, faire émerger sa propre vision du fléau et proposer des pistes de solution. Mais, en dehors de cet espace, les pays africains devraient s’organiser davantage, et surtout soutenir et financer la recherche.

La lutte contre les grands fléaux, ceux de Ebola et du Sida notamment, montre jusqu’à quel point l’Afrique est désarmée. La dépendance à l’égard des autres est si manifeste que le continent est désemparé, lorsqu’ils tardent à intervenir.   Ne faut-il pas pour l’Afrique revoir sa vision de la recherche en général, la recherche sur la santé en particulier ? Manque de volonté politique sans doute, dans une Afrique qui ne manque pourtant pas de ressources. En effet, le continent dispose de nombreuses structures régionales et panafricaines, et de laboratoires relativement bien outillés. On ne compte plus les experts qualifiés sur place comme dans la diaspora. Ils ont maintes fois fait leurs preuves ici et ailleurs. Il suffit de les soutenir réellement !

On le sait : le plus souvent, ce sont les frustrations de nos élites qui nourrissent la recherche en Occident. Il nous faut donc faire des options, tout en restant ouverts aux autres. Réorienter et réorganiser notre recherche de manière à consolider les acquis, à former des générations de chercheurs, à équiper nos laboratoires et encourager la coopération Sud-Sud. Tels sont en substance, quelques défis à relever. Triste de voir les autres se saisir à chaque fois de nos problèmes pour tenter de les résoudre à notre place ! Honte aux dirigeants qui prennent plaisir à transférer leurs devoirs à l’étranger, mais qui sont prompts à crier « haro sur le baudet » lorsque les questions de souveraineté les interpellent.

Nous pensons aussi que l’Union Africaine (UA), les organisations sous-régionales et régionales devraient coopérer davantage, et prendre à bras-le-corps certaines questions qui intéressent le continent au plus haut point ! Il faut songer à réduire l’extrême dépendance et investir beaucoup plus sérieusement dans la recherche. Qu’il s’agisse de pandémies ou d’épidémies, tant que les Etats africains ne prendront pas le secteur de la recherche au sérieux au point de le doter de moyens appropriés, la lutte contre certains fléaux sera vaine. La situation du personnel soignant, autant que celle des patients, devrait interpeller partout la conscience de ceux qui ont demandé et obtenu le suffrage des électeurs.

Aucun Africain ne saurait être indifférent aujourd’hui, au sort des victimes de Ebola, et de manière générale, tous ceux qui sont à risque au Liberia, en Sierra Leone en Guinée et ailleurs. Lorsqu’il y a péril aux portes d’un seul pays du continent, chacun doit se sentir concerné. Dans nos nations en construction, les défis se relèvent ensemble, et en parfaite symbiose avec la communauté internationale. Et non en nous fermant les uns aux autres. En cela, la réunion du Conseil de Sécurité nous interpelle tous : nul n’usera du droit de veto, car nul ne doit se sentir aujourd’hui à l’abri face à Ebola ! Le virus étant dans la ligne de mire des Nations Unies, il nous faut conjuguer les efforts pour parvenir à le neutraliser.

 

« Le Pays »


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