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REVENDICATIONS DE LA CS-MEF : Des agents s’en démarquent


Le ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID) enregistrera bientôt un nouveau syndicat. L’annonce a été faite hier,  18 juin 2018, par les initiateurs, un groupe d’agents du MINEFID. C’était au cours d’une conférence de presse qu’ils ont organisée à cet effet, à la Direction générale de la coopération (DGCOOP) à Ouagadougou. A l’occasion, le groupe a appelé l’ensemble des travailleurs du MINEFID à se démarquer des « positions maximalistes » dans les revendications de la Coordination des syndicats  du ministère de l’Economie, des finances et du développement  (CS-MINEFID).

 

Le mur de la Coordination des syndicats  du ministère de l’Economie, des finances et du développement  (CS-MINEFID)  se fissure. En effet, un groupe d’agents du ministère de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID) appelle l’ensemble des agents dudit ministère dont certains observent depuis le mois de mai dernier des grèves et sit-in à répétition, à se démarquer « des positions maximalistes dans les revendications de la CS-MINEFID ». Avec à leur tête, un ancien secrétaire général adjoint du Syndicat national des agents des finances (SYNAFI), ces agents qui disent se démarquer de la CS-MEF ont annoncé la création, dans les tout prochains jours, d’un nouveau syndicat rassembleur qui va défendre les intérêts matériels et moraux de l’ensemble des travailleurs du MINEFID. Car, pour eux, la CS-MEF qu’ils avaient mandatée pour défendre leurs intérêts, a échoué. «  Nous n’allons plus nous asseoir et laisser d’autres défendre nos intérêts ; c’est pourquoi nous avons décidé de défendre nous-mêmes nos intérêts », a lancé Ludovic Patrice Bazié, porte-parole du groupe, pour justifier la création, bientôt, de leur syndicat. Il a déploré le fait que la CS-MEF ait refusé de prendre part à la conférence sur le système de rémunération des agents publics. A son avis, la coordination devrait participer pour défendre les acquis des travailleurs. «  Parce que si vous ne participez pas, d’autres vont décider à votre place ». Qu’à cela ne tienne, il a invité les travailleurs à regagner les bureaux car, pour lui, tout n’est pas perdu. Il estime que les conclusions de la conférence feront l’objet de négociations et il serait bien de négocier avec le gouvernement pour voir dans quelle mesure les agents qui ont contracté des prêts sur la base du fonds commun, pourraient éponger leurs prêts. Selon M. Bazié, si le droit de grève est légal, il faut cependant reconnaître que son recours de façon systématique et abusive est un facteur de destruction des efforts de relance économique et sociale en cours dans le pays. A l’en croire, les grèves et sit-in entamés depuis le mois de mai par les agents du MINEFID, affectent sérieusement le fonctionnement des activités dans l’Administration publique, d’une part, et les activités économiques, d’autre part. Parcourant les points revendicatifs de la CS-MEF, il dira qu’aucun argument objectif ne peut conduire un syndicat responsable à un tel niveau de radicalisation. «  Certains points de revendication de la plateforme de la CS-MEF frisent le gangstérisme syndical », a-t-il signifié. Prenant le cas du check off, il dira qu’il y a lieu de s’interroger sur la réticence de la CS-MEF, malgré les dispositions du décret  instituant le prélèvement volontaire à la source des cotisations syndicales des travailleurs des secteurs public et parapublic.  « Comment peut-on, par exemple, prélever la cotisation syndicale d’un agent sans son consentement et de surcroît, l’utiliser sans pouvoir produire un bilan de gestion », s’est-il interrogé. Et de déplorer le fait que le débat sur le fonds commun occulte le regard militant sur la gestion du bureau syndical et sur l’orientation des luttes. « Le SYNAFI, par exemple, est conduit par un bureau incomplet et dont le mandat est échu depuis le 19 décembre 2015. Toute chose qui est en porte-à-faux avec les dispositions de la loi portant liberté d’association », a martelé M. Bazié.

 

Des méthodes  discriminatoires

 

Et de révéler qu’à la date du 20 février 2017, c’est plus d’une quarantaine de millions de F CFA que le SYNAFI a perçus à travers les précomptes à la source des cotisations (check off) et la subvention accordée par le MINEFID (5 000 000 de F CFA par an) dont il dit ignorer l’utilisation.    C’est pourquoi certains agents, a-t-il renchéri, ont porté plainte en bonne et due forme, le 4 octobre 2017, contre le secrétaire général du SYNAFI auprès de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC).  A l’en croire, d’autres agents envisagent même de porter plainte contre le SG du SYNAFI auprès du procureur du Faso. Ludovic Patrice Bazié et ses camarades ont également dénoncé des méthodes qu’ils qualifient de discriminatoires du syndicat, vis-à-vis  de certains agents. Par exemple, au lieu de la totalité du fonds commun, certains agents, ont-ils dit, sont motivés à seulement 30% et d’autres à 60% sans une raison objective, bien que l’article 2 de l’arrêté portant règlementation et fixation des taux de FC alloués aux agents du MINEFID stipule que  « les fonds communs sont destinés à motiver de façon globale l’ensemble des agents du MINEFID. Ils sont guidés par les principes de la performance, de la solidarité et de l’équité ». Ils ont également déploré la contestation des nominations de certains agents à des postes de responsabilités au prétexte qu’ils n’ont pas été formés à l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF). « On relève également des menaces et intimidations subies par certains agents qui n’adhèrent pas aux mots d’ordre du syndicat lors des mouvements sociaux », ont révélé les conférenciers.

La sauvegarde du bien commun

 

Face donc à ces difficultés, ils préconisent la relecture de l’arrêté portant conditions d’éligibilité et modalités de répartition du fonds commun alloué aux agents des structures du MINEFID autres que les régies de recettes pour expurger, disent-ils, toutes les dispositions discriminatoires et rétablir la justice, le traitement égal de tous les agents du MINEFID aux fonds de motivation, l’élimination de toutes les formes de discrimination dans la motivation et la promotion des agents, l’inclusion et la participation de tous les acteurs du MINEFID dans la mise en œuvre des recommandations issues de la conférence sur la rémunération des agents publics. Ils ont, au regard du contexte difficile que connaît le pays (famine, attaques terroristes …), lancé un appel pressant aux agents du MINEFID à se démarquer des positions « maximalistes dans les revendications syndicales qui, estiment-ils, répondent plus à d’autres chapelles qu’à la défense des intérêts des travailleurs ». Ils ont également invité les autorités à prendre des mesures idoines pour une sortie de crise et la sauvegarde du bien commun. A la question de savoir quelle sera la stratégie de lutte de leur syndicat, Ludovic Patrice Bazié et ses camarades ont indiqué que leur stratégie sera basée sur le dialogue. Ils ont aussi précisé que de nombreux agents du MINEFID épousent leur position et le futur syndicat regroupera aussi bien des agents des finances, du Trésor que des impôts.

Dabadi ZOUMBARA

 

 

 


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