HomeA la uneREVENDICATIONS SOCIALES : Quand le Premier ministre vole en douceur dans les plumes des syndicats

REVENDICATIONS SOCIALES : Quand le Premier ministre vole en douceur dans les plumes des syndicats


Le Premier ministre (PM) Paul Kaba Thiéba a convié, le samedi 25 février 2017 à son cabinet, les organisations syndicales pour échanger autour du bouillonnement du front social. Cette rencontre qui était censée demander aux syndicats de lâcher du lest, s’est plutôt terminée en queue de poisson.

 

Les organisations syndicales regroupées au sein de l’Unité d’action syndicale (UAS) ont répondu favorablement à l’invitation du chef du gouvernement Paul Kaba Thiéba, qui entendait leur exprimer ses préoccupations par rapport à l’effervescence du front social. Il était entouré à l’occasion de ses ministres de la Fonction publique et du Travail, Clément Sawadogo, de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Siméon Sawadogo et celui de la Communication et porte-parole du Gouvernement, Remis Dandjinou. Dans ses propos introductifs, le Premier ministre a relevé qu’« au lendemain de la rencontre annuelle gouvernement-syndicats, et alors même que nous nous apprêtions à en tirer toutes les leçons et à mettre en œuvre les engagements convenus, le front social est à nouveau en proie à une nouvelle tempête marquée par des mouvements itératifs, exactement comme il y a de cela quelques mois. » Puis, il ajoute que « tout se passe comme si les yeux fermés, certains travailleurs n’ont plus la moindre affection pour le bien commun et pour l’équilibre de l’Etat. Tous les moyens sont bons, insiste-t-il, pour obliger l’Etat à accroître les avantages même secondaires, au risque d’engager notre pays dans une escalade et un cycle sans fin.» Pour le Premier ministre, il y a de quoi se poser des questions « sur les motivations de cette agitation frénétique et contagieuse qui, de toute évidence, menace la paix sociale, affaiblit l’Etat et peut hypothéquer les chances du développement de ce pays. » Alors, sans être exhaustif, il pense que cela est dû en premier lieu à «l’accumulation des problèmes sous le régime déchu et que la parole libérée a révélé, à la faveur de l’insurrection populaire et de l’installation d’un régime véritablement démocratique, les tares du régime précédent.

 

« Il y a des syndicats qui sont instrumentalisés »

 

On ne solutionne pas de vieux problèmes en un laps de temps. » Jusque-là religieusement bien suivi par ses « convives » d’un matin, Paul Kaba Thiéba poursuit en ces termes : « Comme autre source d’explication, la volonté à peine voilée de certaines organisations et de certains acteurs politiques de se servir d’agitations syndicales comme piédestal pour l’atteinte de leurs objectifs politiques (je dirai même politiciens). Cela n’est pas nouveau et est connu de tous. » Cet argument fera ronronner certains participants. Et au Premier ministre de caresser dans le sens du poil comme pour apaiser les esprits en ces termes : « Que l’on se comprenne bien, mon propos ne vise pas à discréditer la lutte syndicale dont les mérites historiques sont reconnus jusqu’au-delà de nos frontières. » Mais, il demande aux syndicats d’éviter dans leurs actions « la politique et la pratique de la surenchère » car les « marges de manœuvres de l’Etat sont limitées avec une masse salariale au-dessous de 40% des ressources propres de l’Etat. » Pour lui, l’esprit de l’insurrection populaire ne doit pas signifier « diktat des fonctionnaires, égoïsme et anarchie, ou tout simplement dictature de la petite bourgeoisie des services sur le reste du peuple ». Ce propos du PM provoqua un air un peu étouffant dans la salle. Et comme pour en rajouter une couche, Paul Kaba Thiéba  se détache de son discours et il s’improvise un « langage de vérité » à sa manière. Le ton devient plus menaçant. Morceaux choisis : « Il y a des syndicats qui sont instrumentalisés par les hommes politiques. Que celui qui veut faire la politique descende dans l’arène politique et on va s’affronter à visages découverts ». Visiblement agacé par des commentaires des syndicalistes sur son nouveau gouvernement, il « clashe », de passage, le président d’au mois de l’UAS, Paul Kaboré, qui aurait dit que l’on a remplacé la peste par le choléra.

Impatients de prendre la parole, les représentants des syndicats tenaient visiblement à rendre les « coups ». Le premier intervenant est Paul Kaboré, qui dira être dans son droit d’apprécier les actions du gouvernement. Et il n’aura pas le temps d’arrondir les angles en faisant savoir au Premier ministre qu’il ne respecte pas ses engagements. Pendant ce temps son vice-président, Yamba  Georges Kouanda, insiste pour prendre la parole. L’atmosphère est davantage tendue. Et quand ce dernier a ouvert son micro, il chargea davantage le chef du gouvernement d’en faire trop dans l’art du rétropédalage et de ne pas être « un homme de parole. » En effet, pour les représentants syndicaux, le Premier ministre les aurait utilisés pour négocier avec le  syndicat national des agents du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’artisanat (SYNAMICA) qui menaçait d’aller en grève le 25 janvier 2017, en plein dialogue gouvernement-syndicat. Les tractations auraient abouti à un protocole d’accord auquel le Premier ministre aurait donné son aval. Paul Kaba Thiéba dit n’avoir jamais pris d’engagement dans ce sens. Les échanges prenant une allure de tic au tac, les journalistes ont été priés de sortir de la salle. Quelque temps après, les leaders syndicaux sont aussi sortis de ladite salle. Ils ont confié à la presse qu’ils ont interrompu la rencontre pour aller mieux se concerter pour répondre aux propos du Premier ministre. Mais dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions du dialogue gouvernement-syndicat achevé le 1er février 2017, l’UAS et le gouvernement se retrouveront ce lundi 27 février pour discuter essentiellement de l’IUTS et du décret relatif aux retenues sur salaire pour faits de grève.

 

Drissa TRAORE

 

 


Comments
  • Les representants des mouvements syndicaux ont bien fait de quitter.Rien qu’à la lecture de l’article,mon cœur veut decrocher.Mais nous rendons grace à Dieu de ce qu’il de nous reveler leur vrai visage.Donc davantage de fermété.

    27 février 2017
  • quand on est incapable on demissionne

    27 février 2017

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