HomeLe fait du jourREVISION DU CODE ELECTORAL : La police gaze les anti, les pro applaudissent

REVISION DU CODE ELECTORAL : La police gaze les anti, les pro applaudissent


Le vote de la loi portant révision du code électoral au Burkina Faso par le Conseil national de transition (CNT), le 7 avril 2015, s’est déroulé dans une ambiance électrique. Dispositif sécuritaire renforcé, manifestations de groupes pro et anti-révision du code électoral, courses-poursuites entre forces de l’ordre et manifestants aux abords du CNT, ont marqué la journée.

 

Dès les premières heures du 7 mars 2015, une ambiance particulière régnait aux abords du Conseil national de la transition (CNT). Le controversé projet de révision du code électoral devant être soumis en plénière, un dispositif sécuritaire avait quadrillé le siège du CNT. En effet, l’accès était filtré et les commerces non loin ont été sommés de fermer. Ceux qui étaient contre la révision du code électoral étaient postés non loin du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), tandis que ceux qui y étaient favorables se tenaient devant le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ). Là, les pro-révision du code électoral, composés d’organisations de la société civile telles le mouvement « Je m’engage pour ma patrie » (JEP), l’Association pour la démarche et la participation citoyenne (APDC), le mouvement « Plus rien ne sera comme avant », le Citoyen africain pour la renaissance (CAR), disent être venus pour soutenir le vote.

Et le nombre des manifestants grandissait au fur et à mesure que l’heure fatidique, 16h, approchait. De même, les esprits s’échauffaient et le simple fait d’être soupçonné d’être contre la révision du code électoral était dangereux. Cela, un individu soupçonné d’être de l’UBN l’apprendra à ses dépens. Il est 13h 40 lorsque, taxé d’infiltré, il a failli être lynché et sa voiture caillassée. Sauvé entre autres par l’intervention de l’administration du CNP/NZ, c’est sans demander son reste qu’il prendra ses jambes à son cou. De même, 2 jeunes échapperont à la bastonnade grâce à la rapidité de leurs jambes, peu après 15h. Tout petit regroupement de personnes était proscrit. Les responsables de la mobilisation étaient quant à eux au four et au moulin pour contenir les éventuels débordements. Ayant appris que les anti-révision du code électoral étaient postés près du CBC, un groupe s’est détaché du CNP/NZ pour aller en découdre avec eux. Il a fallu que les responsables de la mobilisation fassent des pieds et des mains pour les en dissuader. Il est 15h 38mn et c’est pendant ces tractations qu’une forte détonation s’est fait entendre. C’était la police qui dispersait les anti-révision du code électoral. Cris de joie, applaudissements, bref, les pro-vote étaient en liesse. S’étant résolus à rester cantonnés au bord de la voie sans déranger la circulation, ils ovationnaient les forces de l’ordre quand elles passaient.

 

Les antis gazés

 

Du côté du CBC, l’ambiance était tout autre. Le matin, quelques pneus avaient été brûlés au rond-point de la Bataille du rail. Voulant rééditer ce geste aux environs de midi, les manifestants durent abandonner et se disperser, face au refus catégorique des commerçants qui ont leurs boutiques situées aux alentours. C’est finalement dans l’après-midi qu’un groupe de jeunes, avec une banderole sur laquelle on pouvait lire « Front patriotique citoyen », fit irruption vers le CBC, à destination du CNT, après 15h. Mais ils feront long feu car le groupe sera vite dispersé par les forces de l’ordre. La scène s’est déroulée en quelques minutes. En effet, avançant les mains en l’air, ils disaient manifester contre le vote de la loi qui, pour eux, est exclusive. « Nous avançons les mains nues », scandaient-ils, pendant que la Police les sommait de reculer. Refusant d’obtempérer, une première détonation se fit entendre, suivie d’une seconde. Du gaz lacrymogène atterrit au milieu des manifestants, les obligeant à prendre la poudre d’escampette. Ils se dispersèrent alors dans les six-mètres du quartier Bilbalogo. Quelques minutes plus tard, ils se regroupèrent, rue Balm Naaba, tout en continuant de scander leur désapprobation de la révision du code électoral. Là encore, les forces de l’ordre firent irruption afin de les disperser à nouveau, au grand dam de ceux-ci. «  Nous avons juste manifesté notre mécontentement et dit que nous ne sommes pas pour l’exclusion, mais plutôt pour l’inclusion », a lancé Yvonic Somé, l’un des manifestants.

Somme toute, la loi a été votée à la majorité absolue, au grand bonheur de ceux qui soutenaient le projet de révision du code électoral.

 

Thierry Sami SOU

 

 

Quelques réactions à l’issue du vote de la loi

 

Marcel Tankoano, président du M21

 

« La loi a été votée et sa mise en application va suivre »

 

« Nous sommes dans une grande joie car c’est la victoire du peuple sur un régime qui l’a pendant plusieurs années maintenu dans la misère et la pauvreté. Ce peuple qui s’était insurgé contre ce régime continue d’avancer afin de bien mener la transition en place. La loi a été votée et sa mise en application va suivre. Il n’y aura pas de problème car c’est la volonté du peuple. Et ce peuple a le droit d’être satisfait et d’être content. Par ailleurs, certains caciques de l’ancien régime ont été arrêtés et nous attendons qu’ils soient jugés et que la vérité triomphe. Les responsabilités doivent être situées et la Justice doit faire son travail. Nous voulons savoir qui a donné l’ordre de tirer et qui a tiré sur le peuple qui ne demandait que de meilleures conditions de vie. Il faut aussi que les familles des victimes de l’insurrection soient indemnisées et que la prise en charge des blessés continue. »

 

Safiatou Lopez, président de l’APDC

 

« C’est la victoire de tous les patriotes »

 

« C’est la victoire de tout le peuple burkinabè. C’est la victoire de tous les patriotes du Burkina Faso. Je me sens dans ce vote et c’est un sentiment de joie qui m’anime car je suis fière de mes frères et sœurs qui sont au CNT. Ceux qui se sont abstenus, je respecte leur choix ; ceux également qui ont voté contre, je respecte aussi leur choix. Cette loi a été adoptée et nous nous reconnaissons dans celle-ci. Nous ferons tout pour son application, car c’est la volonté du peuple qui s’est exprimée. Au-delà des intimidations, le peuple est resté soudé et la loi a été votée. Donc, je suis fière .»

 

 


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