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ROCH EN CHINE 


  Jour de noces entre Ouaga et Pékin

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, entame aujourd’hui et ce, jusqu’au 2  septembre, une visite d’Etat en République de Chine. Si Pékin s’est imposée depuis deux décennies, comme une destination incontournable pour la quasi-totalité des dirigeants africains, c’est la première fois, depuis 28 ans, qu’un Chef d’Etat burkinabè se fait l’hôte de la superpuissance asiatique. En effet, après le divorce de 1994, les deux Etats convolent de nouveau en noces et pour l’occasion, rien ne semble avoir été laissé au hasard pour célébrer ces retrouvailles au plus haut niveau  : dépôt de gerbes de fleurs au monument des Héros du peuple à la place Tiananmen,  cérémonial  d’accueil au grand Palais du peuple et banquet présidé par le président chinois, Xi Jinping hilmself.

Le séjour du président du Faso au pays du Yangzi Jiang  vise à sceller officiellement le mariage avec la Chine

Pour cette première visite, pour peser du poids qu’il  peut, le chef de l’Etat burkinabè s’est coiffé de deux casquettes : celle de l’Etat burkinabè et celle du continent africain. En effet, en sus de la visite officielle d’Etat à Etat, le président du Faso prendra part, avec ses pairs du continent, au 3e Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) prévu pour se tenir du 02 au 05 Septembre à Pékin. D’une pierre donc, Roch entend faire deux coups même si, en réalité, les deux évènements ne sont que les deux faces d’une même médaille : l’intérêt du Burkina Faso qui passe nécessairement par celui du continent tout entier et vice-versa.

S’agissant d’abord de la visite d’Etat que rend le premier des Burkinabè à la Chine, l’on peut la situer dans la suite logique de la rupture diplomatique entre le Burkina Faso et Taïwan. De ce point de vue, l’on peut donc dire que le séjour du président du Faso au pays du Yangzi Jiang  vise à sceller officiellement le mariage avec la Chine. En témoigne l’inscription, comme point d’orgue, dans l’agenda de son voyage, de l’inauguration de la nouvelle ambassade du Burkina Faso à Pékin, qui devrait demeurer comme le sceau de la nouvelle alliance. Mais au-delà de l’officialisation des rapports entre les deux pays, ce voyage vise aussi à prospecter toutes les opportunités qu’offre le géant d’Asie. Pour réussir cette mission, le président du Faso  n’a pas fait dans la demi-mesure. Il s’est fait accompagner par une importante délégation forte de 8 ministres, d’un aéropage de conseillers  et d’une cinquantaine d’hommes et de femmes d’affaires qui ont pour charge de décrypter tous les indices d’affaires lors des visites prévues d’entreprises emblématiques et des rencontres économiques de haut niveau. Et, l’on imagine aisément qu’au-delà des possibilités d’affaires commerciales, le Burkina saisira l’occasion de faire miroiter à son nouvel époux ses plus beaux atours que sont ses potentialités minières et son marché de consommation. Enfin, profitant de la nouvelle lune de miel,  Roch Marc Christian Kaboré saisira sans doute au vol l’offre de  diversification des partenaires  au plan stratégique et sécuritaire que lui offre son nouvel allié. L’on sait que depuis son accession au pouvoir, le Burkina Faso est dans l’œil du cyclone terroriste qui menace dangereusement son envol économique et sa stabilité socio-politique.

On peut déjà se réjouir d’une coopération pleine d’espoirs

La Chine qui s’est montrée intéressée par le financement des forces du G5 Sahel peut être un atout essentiel dans le corps à corps mortel que le Burkina a engagé avec l’hydre terroriste sans pour l’instant pouvoir lui porter l’estocade.

En attendant donc les retombées de cette visite dont se surprennent à rêver tous les Burkinabè, l’on peut déjà se réjouir d’une coopération pleine d’espoirs au regard non seulement des grands chantiers déjà annoncés pour le Burkina Faso dans les domaines de l’agriculture, de la santé, des infrastructures, de l’économie numérique, de la défense, de la sécurité et de la formation mais aussi du fait que la superpuissance chinoise est pleine de promesses pour le développement économique en Afrique. On le sait, en deux décennies, la Chine est devenue le partenaire économique le plus important de l’Afrique  et ce partenariat est considéré sur le continent  comme des plus bénéfiques. En effet, non seulement il apporte des solutions tangibles à l’équation  des financements et des  infrastructures, mais aussi il a l’avantage de participer au dynamisme des relations commerciales sur le continent ainsi qu’à la création d’emplois, au  développement  des compétences et au transfert de connaissances et de nouvelles technologies. Cerise sur le gâteau, le partenariat avec la Chine jouit du label de non-interventionnisme. En effet, il n’est pas soumis aux mêmes conditionnalités des Occidentaux qui s’érigent parfois en donneurs de leçons.  Or, comme on le sait en Afrique, la manière de donner compte autant, sinon plus,  que le don lui-même.

Cela dit, tout en plaidant pour le renforcement de la coopération avec la Chine, les Chefs d’Etat africains doivent prendre conscience que celle-ci n’est pas désintéressée. Car non seulement le dragon asiatique bave de convoitises autant que les Occidentaux, pour les richesses minières du continent mais aussi il rêve de transformer le vaste marché africain de consommation en un simple débouché pour sa production manufacturière comme l’indique déjà l’invasion des produits chinois.

« Le Pays »   

 


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