HomeA la uneROCH MARC CHRISTIAN KABORE, PRSIDENT DU FASO

ROCH MARC CHRISTIAN KABORE, PRSIDENT DU FASO


Lors de son séjour à Djibo, le 18 juin dernier, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a prononcé un discours à l’occasion de la rencontre qu’il a eue avec les forces vives de la région. Il a appelé les uns et les autres à l’unité, seul gage pour nous permettre de vaincre l’ennemi qui trouble notre sommeil. Lisez !

« Monsieur le Gouverneur, 
Emir du Canton de Djibo, 
Autorités coutumières et religieuses de Djibo, 
Opérateurs économiques, 
Membres de la société civile participant à cette rencontre,
Je voudrais, avant tout propos, me souvenir de toutes les filles et tous les fils de Djibo et du Soum de façon générale, qui ont perdu la vie, depuis que nous avons engagé cette lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Je voudrais en particulier me souvenir, parce que nous sommes à la mairie de Djibo, du maire de Djibo, qui a été lâchement attaqué et assassiné pas loin de sa ville. En mémoire de toutes ces personnes, je voudrais vous demander toutes et tous, que nous puissions observer une minute de silence. 
Je vous remercie ! 
Je voudrais souligner simplement, que j’ai décidé de venir vous rendre visite ce matin ici à Djibo, notamment aux forces vives, mais également aux Forces de défense et de sécurité que j’ai rencontrées ce matin avant cette rencontre.  Je voudrais dire que nous sommes très conscients des difficultés que vous vivez, et le maire a eu l’occasion d’en égrener certaines. Il apparaît clairement que l’ensemble de ces difficultés, que ce soit au niveau des commerces, de l’activité économique, de l’ONEA, que ce soit au niveau du carburant, ne pose qu’une seule question: la question de la sécurité du Soum, la question de la sécurité de Djibo, la question de la sécurité au Sahel.  Tant que nous n’allons pas ensemble travailler à résoudre cette question, comme on dit, partout où il y a la guerre, partout où il y a des combats, il est vain de penser au développement. On ne pourra jamais faire un développement dans ces conditions-là. C’est pourquoi je voudrais tout d’abord saluer la résilience des populations, des hommes et des femmes de Djibo et du Soum de façon générale. Parce qu’ils ont payé le prix le plus cher de cette bataille que nous menons depuis. Malgré tout, ils sont restés debout. Ils sont restés à continuer à faire ce qu’ils doivent faire, à continuer de vivre, à développer leur région, malgré les difficultés, à faire avancer le développement du Burkina Faso.  Je suis venu également pour que les populations de Djibo sachent que le Soum et Djibo font partie du Burkina Faso. Ce n’est pas un pays à part. Nous sommes tous ici des frères et des sœurs. Nous avons tous décidé, toutes communautés confondues, de créer ensemble ce que nous avons appelé la Haute-Volta qui, aujourd’hui, est le Burkina Faso. Cela veut dire que nous avons décidé de vivre ensemble, de créer les conditions pour que chacun, sur le plan culturel, sur le plan administratif, sur le plan de sa participation au développement, ait sa place pour contribuer à construire le Burkina Faso. C’est pourquoi j’ai dit, et je répète encore, que dans ce combat que nous menons, il faut qu’on sache faire la différence entre le bon grain et l’ivraie. C’est important. Le combat que nous menons, c’est contre le terrorisme, c’est contre les terroristes, et nous devons chaque fois trier et voir clair pour éviter que des innocents soient pris dans le travail que nous faisons et cela est important.  Je l’ai répété ce matin devant les Forces de défense et de sécurité, je le répète devant vous, parce que ça nécessite des conditions que nous devons mettre ensemble.  La première des conditions, il n’y a pas une communauté qui est mauvaise en elle-même. Ça n’existe nulle part. Nous ne pouvons pas nous asseoir dire que dans cette communauté-là, eux tous sont mauvais. Il y a des brebis galeuses par communauté. Et ces brebis galeuses-là, nous devons travailler à les extirper, sinon, elles vont empoisonner toute l’atmosphère. Ça veut dire ceci : autant nous ne pouvons pas dire que telle communauté, ils sont globalement mauvais, nous ne pouvons pas dire ça pour faire de la stigmatisation des communautés. Autant, nous ne pouvons pas non plus faire le repli sur soi pour justifier les actes des mauvaises personnes qui sont en notre sein. C’est ce travail-là que nous devons faire pour que les communautés se soudent, pour qu’entre les Forces de défense et de sécurité et les populations, les rapports soient encore soudés, pour qu’au Burkina Faso, nous puissions avoir ce vivre-ensemble que nous avons connu depuis longtemps.  Quand nous regardons aujourd’hui, combien de Burkinabè dans ce conflit ont perdu la vie, c’est une somme que je dirais grave. Cela nous interpelle tous, à faire un effort parce que nous devons éviter les escalades sur le plan du langage. Nous devons travailler malgré la douleur et les difficultés que nous rencontrons, à avancer ensemble. (…). Cela me semble important, pour qu’à Djibo, vous sachiez que malgré toutes les difficultés qui sont rencontrées, les Burkinabè de l’Est, de l’Ouest et du Sud sont avec vous, et vous soutiennent dans leur cœur, dans leurs prières, dans leurs actions quotidiennes. 
(…)
Je voudrais dire également que l’ensemble des fils, qu’ils soient du Soum ou d’ailleurs, qui, par égarement, se sont retrouvés dans ces mouvements-là, et qu’aujourd’hui, désabusés et de bonne foi, s’ils veulent retourner chez eux, nous trouverons des voies et moyens pour qu’ils puissent regagner chez eux, participer au travail pour l’intérêt de la Nation. Cela me semble important à dire. Nous en avons parlé plusieurs fois, nous n’avons pas eu les passerelles pour cela, mais je tiens à dire que les désabusés qui veulent revenir dans leur pays, pour participer au développement de leur pays, il n’y a aucun problème pour qu’ils reviennent travailler pour l’intérêt du pays. Mais je voudrais dire, la seule chose qui nous permettra d’avancer, c’est que nous devons tous travailler, les Forces de défense et de sécurité, vous-mêmes populations, à faire en sorte que le bon grain, nous le consolidions, que le mauvais grain nous l’extirpions, sinon nous serons toujours dans une situation qui est déplorable pour tout le monde.  Vous savez très bien que le Gouvernement a mis en place un programme d’urgence pour le Sahel. Aujourd’hui, nous sommes venus ; on nous a dit que la route nationale numéro 22 (Kongoussi-Djibo) n’est pas finie. Il y a des problèmes d’eau, c’est une réalité, mais dans le programme d’urgence, un certain nombre de financements sont mis en place pour la région du Sahel, mais on ne peut rien réaliser. Le peu qu’on a tenté de réaliser a été attaqué et cassé. La route est bloquée, ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de sécurité pour que l’entreprise-même puisse travailler. Comment dans une situation de ce genre nous pouvons penser que le développement, nous pourrons l’engager,  nous pourrons permettre d’ouvrir les routes pour tous les transporteurs, tous les gens qui font le transport du carburant, des vivres ?  C’est pourquoi, je voudrais vous encourager, chacun à son niveau, pour ce qu’il peut faire, que nous travaillions pour la paix dans le Soum, pour la paix à Djibo, pour la paix au Burkina Faso.  C’est le message que je voulais vous passer. C’est le message que je voulais que chacun d’entre nous comprenne, que si on ne se donne pas la main, on ne pourra pas aboutir à des résultats. Si nous ne regardons pas en face les réalités, nous serons toujours en train de faire des discours et des bavardages qui n’apporteront pas de solutions. Nous ne pouvons pas assumer la responsabilité de ramener le Burkina Faso à une situation où nos arrières grands-pères se sont battus pour conserver l’homogénéité du pays. Il ne nous appartient pas, sur ce plan, de disloquer cette réalité. Voilà les deux messages que je voulais vous donner, et vous encourager, saluer votre résilience et vous dire que nous allons continuer à nous battre pour faire avancer un certain nombre de projets, même s’il faut consolider la sécurité pour pouvoir le faire.  Mais sachez que nous vous portons dans nos cœurs, et que nous ferons tout ce qui nous est possible pour que la victoire soit au peuple burkinabè, soit également aux citoyens du Soum et de Djibo de façon particulière. Nous demandons au Tout-Puissant de nous bénir tous, et de nous aider dans ce travail. Que chacun soit conscient du travail qu’il doit faire et que vraiment nous nous engagions dans ce défi qui vaut la peine. Tuer les gens, ça n’a aucun intérêt. Continuer à martyriser des populations depuis des mois et des années, ça n’a aucun intérêt. Travaillons à construire ! C’est construire qui est l’intérêt. C’est bâtir qui est plus difficile. Gâter, on n’a pas besoin d’être 150 pour gâter. Une seule personne gâte tout. Mais pour construire, on a besoin des bras de tous les Burkinabè. Je voudrais encore une fois vous remercier de votre attention.  Je ne vais pas monopoliser la parole, parce que je pense que ce n’est pas l’intérêt. Les missions que nous avons, sont de trois ordres : ramener l’administration à reprendre ses positions, ramener l’armée à reprendre ses positions, ramener les populations, parce que les gens se sentiront plus sécurisées, à regagner leurs localités et à pouvoir développer leurs cultures. Djibo aujourd’hui est le centre de repli de tous les réfugiés internes du Burkina Faso. Travaillons à ce que la paix revienne, que chacun puisse repartir dans sa localité s’installer, cultiver son champ et regagner sa vie qu’il avait auparavant.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso, le Soum et Djibo !
Merci ! »


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