HomeA la uneSACRE DES LEOPARDS DE LA RDC AU CHAN 2016 :  Une victoire qui divise

SACRE DES LEOPARDS DE LA RDC AU CHAN 2016 :  Une victoire qui divise


 

Le 7 février dernier, les Léopards de la RD Congo ont remporté à Kigali au Rwanda, le trophée de la quatrième édition du Championnat d’Afrique des Nations de football, compétition uniquement réservée aux joueurs locaux, en venant à bout des Aigles du Mali sur le score de 3 buts à 0. Et c’est dans une ferveur populaire des grands jours que le Onze national a été accueilli le lendemain à Kinshasa pour son brillant parcours à cette compétition au cours de laquelle en six matches, il n’aura finalement concédé qu’une seule défaite, en match de poule contre le Cameroun. De quoi fouetter l’orgueil et la fierté de tout un peuple entièrement acquis à la cause de ses félins qui ont su montrer, en dominant de la tête et des épaules leurs adversaires, que leur sacre à la première édition en terre ivoirienne, était loin d’être un effet du hasard. Une fois de plus, le football a montré qu’il est un puissant facteur de communion et de cohésion sociale, vu l’enthousiasme des supporters congolais. Mais dans le cas présent, le succès de la bande à Florent Ibenge est plutôt en train de diviser les Congolais. Pour cause, un twitt sur les comptes Facebook et Twitter du Secrétaire général de la principale formation politique de la majorité au pouvoir, Henri Mova Sakanyi, quelques minutes seulement après la victoire des Léopards, disant que « Les Léopards donnent un troisième mandat à Kabila ». Même si le message a été rapidement supprimé et que le propriétaire desdits comptes s’en défend, en affirmant avoir été victime de piratage, le mal est déjà fait. Et cette « plaisanterie » de mauvais goût a eu pour effet immédiat de provoquer le courroux des opposants au troisième mandat de Joseph Kabila, qui y  voient une tentative de récupération politique au profit du président de la République, constitutionnellement disqualifié pour être candidat à sa propre succession mais soupçonné de vouloir user de pratiques peu catholiques pour se remettre dans la course pour la prochaine présidentielle. Et ce qui devait être un moment de communion entre Congolais est en train de prendre les allures d’une bataille politique rangée. Du coup, la générosité même du gouvernement à l’endroit de ces illustres ambassadeurs peut paraître suspecte. Le football n’a pas besoin de cela. Il faut célébrer la performance des joueurs et de l’encadrement technique et reconnaître tout leur mérite.  Car, il n’est jamais facile de se hisser à un tel niveau dans les compétitions d’une telle envergure.

Le plus grand mal que l’on puisse faire à un peuple, c’est de se servir du football à des fins politiciennes

En tout état de cause, si tout cela a été fait à dessein, les opposants congolais sont dans leur bon droit de crier haro sur le baudet Kabila. Si ce sont des zélateurs immodérés et sans génie, qui n’ont rien trouvé de mieux que cette façon grotesque de défendre la cause de leur champion, ils lui auront rendu un bien mauvais service. Car, cette affaire, par ses répercussions, étale finalement à la face du monde la profondeur des divergences autour de la question du troisième mandat de Joseph Kabila. Pour sûr, l’intéressé lui-même se serait bien passé d’une telle mauvaise publicité qui lui fait au finish plus de mal que de bien. C’est pourquoi les sportifs congolais doivent rester au-dessus de la mêlée et célébrer les Léopards comme il se doit. Car, il ne faudrait pas que les sottises de politiciens stupides en manque d’inspiration mettent sous l’éteignoir l’exploit de ces athlètes méritants, qui ont su admirablement défendre la Nation, en montrant, avec la manière, que dans cette compétition, l’équipe de la RDC demeure à ce jour la meilleure, avec deux consécrations en quatre éditions. Le plus grand mal que l’on puisse faire à un peuple, c’est de se servir du football à des fins politiciennes, surtout quand cela concerne l’équipe nationale qui est l’âme de la Nation entière. Car, la victoire d’une équipe nationale est la victoire de tout un peuple, sans distinction de race, de classe sociale, de religion ni d’appartenance politique. Et l’équipe nationale ne saurait être l’otage des politiques, quel que soit leur bord. Cela dit, en dehors de toute autre considération, il ne faudrait pas non plus méconnaître aux politiques le droit de faire leurs les victoires de leur équipe nationale, au même titre que le reste de leurs compatriotes et de traduire aux acteurs la reconnaissance de la Nation. Ils ont aussi le droit d’en tirer une fierté légitime. A ce propos, sous de nombreux cieux, l’on a vu des dirigeants dont certains ne connaissaient rien du football, se montrer autrement plus généreux envers les ambassadeurs de leur pays qui leur ont rapporté des lauriers. C’est dire si le politique n’a jamais été vraiment loin des pelouses de football, surtout quand il s’agit de mobiliser les moyens  et de défendre les couleurs de la Nation. L’on se rappelle encore la Chancelière allemande, Angela Merkel, brandissant fièrement au mythique stade Maracaña de Rio de Janeiro au Brésil, la Coupe du monde 2014 remportée par la Mannschatf devant l’Albiceleste d’Argentine.  On se souvient aussi de Nelson Mandela, célébrant le triomphe des Bafana-Bafana d’Afrique du Sud sur la Tunisie dans la bonbonnière du FNB stadium de Johannesburg à la CAN 1996. A ce titre, même si Joseph Kabila était un dictateur de la pire espèce, ce serait lui faire un mauvais procès que de voir forcément une récupération politique dans son geste de générosité envers des garçons qui ont contribué à rehausser l’image du pays à l’extérieur. En toute chose, il faut savoir faire la part des choses.

Outélé KEITA


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