HomeA la uneSAFIATOU LOPEZ AUX MAGISTRATS : « Si nous n’avons pas fui devant les balles assassines du RSP, ce ne sont pas les robes noires qui nous feront fuir »

SAFIATOU LOPEZ AUX MAGISTRATS : « Si nous n’avons pas fui devant les balles assassines du RSP, ce ne sont pas les robes noires qui nous feront fuir »


La présidente d’honneur du Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC), Safiatou Lopez, a été auditionnée, sous convocation, a-t-elle dit, de la Justice burkinabè, le 28 juillet 2016.  A l’issue de cette audition, nous l’avons rencontrée pour comprendre.  Elle dit avoir été auditionnée à cause des propos tenus lors de son sit-in  devant le palais de justice le 3 juin dernier. Lisez plutôt.

« Le Pays » : Vous étiez à la police… De quoi était-il question ?

Safiatou Lopez : Le commissaire Sankara  m’a appelée,  il y a de cela quatre jours.   Il m’a dit que le  procureur et les syndicats des magistrats  ont  déposé une plainte contre moi.   Je lui ai demandé s’il y avait une convocation. Il m’a répondu non et m’a demandé de passer pour un entretien.  Je lui ai  dit que j’allais repasser le lendemain.    J’ai appelé ensuite mon avocat pour l’en informer. Il m’a dit qu’il était absent mais souhaiterait être présent.  Je l’ai  appelé pour changer de date. Et cette date, c’était aujourd’hui.

Que vous reproche-t-on ?

 Ils ont dit que c’était les propos que j’ai tenus devant le palais de justice lors de notre sit-in.  Alors, j’ai maintenu mes propos.  J’ai dit que  l’insurrection populaire n’a pas été dirigée contre une institution, encore moins contre un individu mais contre un système vieux de 27 ans.   J’ai aussi répété que  la Justice était responsable de l’incivisme qui prend de l’ampleur aujourd’hui au Burkina Faso.  C’est parce qu’on a  le sentiment qu’il n’y a pas de justice que chacun fait ce qu’il veut.  Nous allons continuer à dénoncer.  J’ai dit que si c’était pour cela qu’il faut m’arrêter, il n’y a pas de problème.  Mais qu’ils (NDRL : les magistrats)  sachent que   même si c’est à la Maison d’arrêt et de correction (MACO), je vais  continuer à dénoncer certains comportements.  Ils m’ont demandé si j’étais prête à incendier le palais de justice.  Je leur ai dit que la Justice doit normalement être au service du peuple.  Si nous avons pu arrêter le mandat du Parlement en 2014,  nous pouvons changer le système judiciaire  actuel plein de bandits aux cols blancs.  Ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014  et en septembre 2015 n’est pas une fiction.   Des gens sont  morts et nous  réclamons  justice. Je crois que nous ne demandons pas trop.  L’arrogance de la Justice doit s’arrêter.   Quand Antoine Kaboré dit que la population est tenue  d’accepter les  décisions  des magistrats parce que ce sont les magistrats  qui décident, je dis  non.  La Justice est au service du peuple burkinabè.   La Justice doit rendre des décisions équitables.  Même les magistrats  ne sont pas au-dessus de la justice.  Il y a des juges qui ont été nommément cités  dans des affaires de corruption lors des conférences de presse, mais les magistrats n’en parlent pas. Ils  sont aussi des justiciables parce que c’est le  contribuable qui paie leurs salaires.   Quand ils disent  que ce ne sont pas les gens en tee-shirts qui ont chassé Blaise Compaoré, je dis non. Il a fallu conscientiser le peuple.  Il a fallu faire comprendre au peuple burkinabè, la réalité de ce qui se passait.  Beaucoup de personnes subissaient, mais ne savaient pas comment s’exprimer.

Que vous ont-ils donné comme réponse ?

 Ils ont dit qu’ils vont rendre compte. Ils ont fait le Procès-verbal (PV).  J’ai l’ai signé. J’ai dit que j’assume et je  reconnais l’avoir dit.  Si nous n’avons pas fuit devant les balles assassines du RSP, ce ne sont pas les robes noires qui nous feront fuir.  Que certains arrêtent leur arrogance.   La société civile a joué un rôle important  dans ce qu’est devenu le Burkina Faso.  Nous avons reçu un prix international.   Nous  avons donné un exemple au monde entier.  Ceux qui sont en prison aujourd’hui ont été arrêtés grâce à la pression populaire.  S’il y a des libérations provisoires, qu’on donne des explications au peuple burkinabè. Antoine Kaboré  n’était pas sur le terrain quand on chassait  Blaise Compaoré.  Nous ne savions même pas que les magistrats avaient des syndicats pendant ces 27 années de règne de Blaise Compaoré.  Ils ne se sont jamais prononcés sur la modification de l’article 37 de la Constitution,  sur le  Sénat et le référendum non plus.  En toute sincérité, j’ai découvert qu’ils avaient un syndicat après l’élection présidentielle.  Nous nous sommes battus pour l’indépendance de la Justice mais pas pour le libertinage.   Nous avions cru qu’il y avait les politiques qui s’ingéraient dans les décisions de justice, mais nous avons compris que ce n’était pas le cas.

Propos recueillis par Issa SIGUIRE

 


Comments
  • Cette dame il cfaut se mefier car je pense qu elle n est pas credible en effet dans leur elan de casser le corps des magistrats du pouvoir en place cette dame n est qu un instrument

    29 juillet 2016
  • La Justice Doit Bien Faire Travail

    30 juillet 2016
  • Honnêtement, en quoi les propos de dénonciations sur la justice à triple vitesses de Madame Safiatou Lopez/ Zongo et relatives aux « agissements voilés » de la justice dans des libérations d’inculpés méritent-ils tant de capharnaüms procéduraux policiers et judiciaires ? Est-ce qu’exprimer et diffuser ses opinions citoyennes est-il un délit dans ce pays ? Non, franchement, si nos juges et nos magistrats veulent se réhabilités aux yeux du peuple burkinabé, ils devraient plutôt s’occuper des dossiers séreux de crimes de sang et économiques qui moisissent dans leurs tiroirs depuis des décennies. Au demeurant, on peut estimer même que dans cette affaire de manifestations de la société civile, les citoyens burkinabé sont des victimes morales, d’autant plus qu’ils défendent la promotion d’une « vraie justice » dans l’intérêt général de la société burkinabé ! Alors, chers magistrats et juges burkinabé reconnaissez au moins qu’au-delà de votre corporation syndicale, le peuple burkinabé s’est battu et a même « payé un lourd tribut » les 30 et 31 octobre 2014, pour que entre autre, le principe de l’indépendance de justice soit une réalité au Burkina Faso ! Par conséquent, tachez de ne pas utiliser votre pouvoir pour brimer et faire des règlements de comptes à l’endroit du peuple intègre, sinon « la justice divine qui est imparable pourrait s’abattre sur la mafia judiciaire » ce qui serait plus grave et dommageable que de simples propos d’une citoyenne patriote ! Vraiment, ce n’est pas en ce moment où la situation socio-économique du pays est préoccupante, qu’il faut soulever des faux problèmes qui sont loin des préoccupations citoyennes ! A bon entendeur ! Salut !

    31 juillet 2016
  • Ah, j’ai maintenant un avis réservé sur cette dame. Avant, je la détestais fondamentalement.
    Mais après ces propos, je suis réservé pour ne pas dire que j’approuve ce qu’elle dit. Elle doit simplement être canalisée car ce qu’elle dit, il y a la vérité la-dedans.

    1 août 2016

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