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SANCTIONS PRISES CONTRE DES MAGISTRATS INDELICATS PAR LE CSM


Un acte hautement pédagogique !

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a tenu sa troisième session, du 14 au 21 mai 2018. A cette occasion, il a examiné douze dossiers inscrits à son ordre du jour. A l’issue de ses délibérations, le conseil de discipline a mis hors de cause cinq magistrats et prononcé à l’égard des autres, des sanctions allant du blâme à la révocation. Selon la secrétaire permanente du CSM, les magistrats concernés par les procédures disciplinaires ont été informés de leur droit de recours qui court à compter de la notification à eux faite de la décision du conseil de discipline en la forme administrative. Il faut d’emblée dire que le peuple burkinabè trépignait d’impatience de savoir le sort qui serait réservé à ces magistrats, depuis qu’il a été informé que de forts soupçons de corruption et autres pratiques peu orthodoxes étaient retenus contre eux. Depuis le 21 mai 2018, cette impatience n’a plus lieu d’être, puisque des sanctions, et non des moindres, ont été prononcées contre ceux qui sont censés avoir posé des actes aux antipodes de l’éthique et de la déontologie du métier de magistrat. Nous disons bien « censés », puisque les magistrats concernés par les procédures disciplinaires, ont la possibilité d’exercer leur droit de recours à compter de la notification de la décision du Conseil de discipline. C’est peut-être pour ces raison que les identités des sanctionnés n’ont pas été portées à la connaissance du grand public. En attendant que les professionnels du droit éclairent notre lanterne sur le sujet, l’on peut déjà saluer à sa juste mesure l’acte du Conseil supérieur de la magistrature. Car il a une portée hautement pédagogique. En effet, ceux qui disent le droit, ont l’obligation professionnelle et éthique d’être droits. Cette condition n’est pas négociable si tant est que les magistrats veuillent rendre leur jugement crédible aux yeux de l’opinion.

Le CSM doit emboucher la trompette de la vertu et du grand bien

Car, à tort ou à raison, bien des Burkinabè sont installés dans l’idée qu’ils ne sont pas rares, les magistrats qui se sont assis sur leur serment et sur le code déontologique de la profession. Et comme les uns et les autres craignent de se voir traîner en justice pour outrage au corps, les récriminations se susurraient. Maintenant que les magistrats eux-mêmes ont eu le courage de traquer d’autres magistrats au point d’en sanctionner certains, le peuple burkinabè au nom duquel ils rendent la justice, devrait s’en féliciter et encourager le CSM dans sa volonté de nettoyer les écuries d’Augias. Et cette œuvre de salubrité publique menée par des magistrats contre d’autres magistrats, est un signe de grandeur. Cette dynamique ne doit en aucun cas être arrêtée. Dans les autres corps de métier, il est coutumier de voir des fonctionnaires et autres agents de l’Etat rendre gorge et payer cher pour avoir commis des fautes dans l’exercice de leur métier. Appliquer la même rigueur de la loi aux magistrats indélicats, avant d’être une obligation professionnelle, est d’abord une question d’équité et d’égalité de tous les Burkinabè devant la loi qui, selon Rousseau, est l’expression de la volonté générale. Le CSM doit d’autant plus emboucher la trompette de la vertu et du grand bien, pour reprendre les mots de Platon, qu’il est chargé de veiller sur l’orthodoxie d’une tâche qui a, peut-on dire, un caractère divin, c’est-à-dire, rendre justice. Est par ces temps où les magistrats, à la faveur de l’insurrection populaire, ont réussi à arracher leur indépendance, il revient au Conseil supérieur de la magistrature de travailler, chaque jour que Dieu fait, pour que cette indépendance n’ait pas pour vocation de développer un corporatisme grégaire et primaire en se faisant, par exemple, l’avocat de magistrats dont les actes ternissent l’image du corps. Quand un membre est gangrené, il faut avoir le courage de l’amputer au risque de le voir contaminer l’ensemble du corps. L’on peut avoir la faiblesse de croire que c’est à cette opération douloureuse mais utile que vient de se livrer le CSM, en prenant des sanctions contre des membres de la corporation. Encore une fois, chapeau bas au CSM !

Sidzabda


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