SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE AU PAYS DE KEREKOU : Le Bénin défend bien son label démocratique

 

Les résultats provisoires du scrutin présidentiel du 6 mars dernier au pays de Mathieu Kérékou, sont connus. Sur les trente-trois candidats qui convoitaient le fauteuil présidentiel, deux s’affronteront au second round, le 20 mars prochain, pour désigner le successeur de Thomas Yayi Boni au palais de la Marina. L’annonce en a été faite à l’aube de la journée internationale de la femme, par le président de la Commission électorale nationale autonome (CENA), qui a délivré les « grandes tendances » du premier tour, qui placent le Premier ministre Lionel Zinsou en tête, avec 28,44% des suffrages, suivi des deux hommes d’affaires, Patrice Talon, en seconde position avec 24,80%, talonné de très près par Sébastien Ajavon, crédité de 23,03% des voix et qui complète le tiercé de tête. Le quatrième, Abdoulaye Bio Tchané, a récolté 8,79% des suffrages pendant que l’ancien Premier ministre Pascal Irénée Koupaki se contente de 5,85% des suffrages, ce qui lui vaut d’occuper le cinquième rang. La portion congrue revient aux 26 autres candidats dont les scores oscillent entre 1 et 0%.

Le coup K.-O. était difficile à réaliser

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce scénario d’un second tour était attendu par les observateurs avisés de la scène politique béninoise, pour un scrutin qui s’annonçait des plus ouverts, surtout en l’absence d’un président sortant candidat à sa propre succession. Dans ces conditions, le coup K.-O. qui est dans l’air du temps, était difficile à réaliser, d’autant plus que la configuration des forces en présence préfigurait une partie serrée, surtout en ce qui concerne le quinté de tête qui constituait les favoris de ce scrutin. Avec une campagne plutôt civilisée, qui s’est passée dans le calme, un scrutin tout aussi apaisé et des résultats proclamés dans de brefs délais et incontestés jusque-là, force est de constater que le Bénin défend plutôt bien son label démocratique. On peut d’autant plus l’affirmer que malgré le soutien affiché du président sortant et du parti au pouvoir, le candidat Zinsou qui partait avec la faveur des pronostics, ne devance que d’une courte tête son principal challenger qui, lui-même, n’a sauvé sa mise que de justesse. Cela témoigne non seulement de la transparence du scrutin dont on n’aura pratiquement pas entendu de récrimination malgré les petites imperfections, mais aussi de la maturité du peuple béninois. Un peuple qui, en matière d’exemplarité démocratique sur le continent, prouve une fois de plus qu’il a plus de leçons à donner qu’à recevoir. Et puis, il y a les 64% de taux de participation qui témoignent de l’intérêt des Béninois à la chose électorale, et la performance de la CENA qui a mis un point d’honneur à publier les résultats dans un délai de 72 heures qu’elle s’était fixé. Toute chose qui permet d’éviter les suspicions de fraude. Cela dit, il faut espérer que le second tour de cette présidentielle se passera dans de meilleures conditions, et que le 20 mars prochain, la démocratie sera encore célébrée dans ce pays qui est l’une des fiertés du continent en la matière. Au même titre que le Sénégal qui  a aussi rendez-vous ce jour-là avec l’histoire pour un scrutin référendaire, et le Niger qui verra s’affronter deux poids lourds de la scène politique, en l’occurrence le président sortant Mahamadou Issoufou et son « ennemi intime », l’opposant Hama Amadou, pour le second tour de la présidentielle.

La partie s’annonce très serrée entre Lionel Zinsou et Patrice Talon

N’eût été le bûcher que dresse contre la démocratie, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, qui a donné rendez-vous, ce même jour, à ses concitoyens pour assister au « pénalty » qu’il s’est auto-octroyé à la présidentielle de son pays et qu’il tirera, toute honte bue, certainement sans gardien de but, le 20 mars 2016 aurait certainement été l’un des plus grands jours de gloire pour la démocratie sur le continent.  En tous les cas, le Bénin, le Niger et le Sénégal, pour ne retenir que ces bons exemples de démocratie, donnent rendez-vous avec le continent pour magnifier la démocratie. Au soir du 20 mars, plaise au Ciel que tous les cancres africains de la démocratie aient, pour une fois, honte ! Qu’ils aient honte pour tous les coups qu’ils assènent sans le moindre scrupule, à la gueule de la démocratie au point de prendre en otage leur pays. Pour revenir au Bénin, la partie s’annonce très serrée entre Lionel Zinsou et Patrice Talon. Et bien malin qui pourrait prédire le nom du gagnant de cette présidentielle des plus indécises au pays du vaudou. De prime abord, le troisième larron, Sébastien Ajavon, semble dans la position de faiseur de roi. Toutefois, la position de ce dernier ne saurait être le seul et unique enjeu de cette confrontation à plusieurs inconnues, tant le peuple béninois a su montrer à la face du monde sa maturité en matière de choix électoral. Et à l’étape actuelle des choses, il n’est pas certain que le soutien du président sortant, Yayi Boni, et l’image de candidat de la France qui colle à la peau de Lionel Zinsou, soient des atouts pour cette deuxième manche. Dans tous les cas, les urnes parleront au soir du 20 mars.

« Le pays »