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Sit-in au Diamond Cement


Les travailleurs réclament une augmentation de salaires

Les travailleurs de la société de production de ciment, Diamond Cement Burkina, ont observé un arrêt de travail le 24 février 2014. Ils réclament une augmentation de salaires et de bonnes conditions de travail. Ils ont pu rencontrer, en fin de matinée, le directeur commercial, qui les a rassurés que des dispositions seront prises bientôt pour une amélioration des conditions de vie et de travail.

Une augmentation des salaires, de bonnes conditions de travail, la reconnaissance d’un délégué de personnel, voilà ce que réclament les agents de la société de production de ciment national, Diamond Cement Burkina (DCB). Pour se faire entendre, ils ont organisé un sit-in devant ladite unité industrielle sise à Zagtouly à quelques encablures de Ouagadougou. Après avoir pris des dispositions pour assurer le service minimum, ils ont bloqué l’entrée de l’usine et interdit à toute personne d’y accéder. Selon la chargée de caisse et des opérations de banque, Hawa Magané, que nous avons rencontrée sur le lieu du sit-in, c’est le dialogue de sourd entre les agents et la direction, qui a conduit à cette situation. A l’entendre, ce sont des revendications vieilles de 12 ans qui sont encore posées sur la table. « C’est pourquoi ils ont décidé d’exprimer leur ras-le-bol en faisant un sit-in », a-t-elle dit. « Nous ne sommes pas contents des conditions de travail et des salaires. Il devait y avoir normalement une cantine », a-t-elle estimé. En plus des difficultés soulevées par les responsables du sit-in, s’ajoutent d’autres difficultés. Pour Benjamin Nikiéma, opérateur, c’est le manque d’un responsable des ressources humaines qui pose problème. « Quand vous avez un problème et que vous vous adressez à celui qui est là-bas, il vous fait savoir qu’il n’est pas responsable », a-t-il déploré. Selon Landry Guissou, c’est la rémunération, 1 000 F la paie journalière, qui n’est pas à la hauteur du travail abattu. En outre, le salaire accuse un retard. A l’entendre, ils sont payés à la quinzaine et c’est souvent le 5 ou le 6 du mois suivant qu’ils perçoivent leurs salaires. « Ce matin, quand on est arrivé, on a constaté qu’il y a un sit-in pour réclamer une augmentation de salaires. Mais nous voudrions que cette augmentation touche tout le monde. Pour que toutes les catégories d’agents soient prises en compte », a-t-il souhaité. Comme tous les autres travailleurs, Abdoul Nassir, et Madi Kaboré trouvent que le traitement salarial et les conditions de travail posent de sérieux problèmes. Madi Kaboré, frigoriste, a dit avoir été employé depuis 2002 et n’a toujours pas constaté un changement. « Il y a des gens qui meurent ici. D’autres ont eu les bras amputés. Et l’administration ne fait pas de suivi pour savoir ce qu’ils deviennent. Mais quand on préfère le travail au vol, c’est dans l’espoir que le travail puisse aider à satisfaire ses besoins. Il arrive qu’on soit en rupture de masques et avec la poussière, on est contraint de travailler sans masques. Même les chaussures de sécurité, nous n’en avons pas », a-t-il déploré. Selon le directeur commercial, Hyppolyte Guinguéré, que nous avons rencontré, les problèmes seront résolus. « On a promis d’augmenter les salaires et de voir un certain nombres de conditions de travail. On s’y attèle parce que c’est lié au fait qu’il y a un nouveau directeur qui vient d’arriver et comme il est nouveau, il a pris du retard. Mais nous allons discuter avec eux tout à l’heure, pour résoudre ça», a-t-il confié. Selon lui, le système d’assurance sera revu. « Ils ont une prise en charge à l’intérieur de l’usine. Mais elle concerne seulement l’ouvrier. Et ils ont dit qu’ils souhaitaient une assurance qui couvre non seulement l’ouvrier mais aussi sa famille. Nous avons vu qu’il était préférable de prendre une assurance des ouvriers avec une compagnie d’assurance que de dépenser des millions au niveau de l’usine pour l’ouvrier tout seul », a-t-il indiqué. Au moment où nous quittions les lieux, le directeur commercial rencontrait les travailleurs et une délégation était sur le point de se rendre à l’inspection du travail.

Issa SIGUIRE et Adama SIGUE

ENCADRE

Ce que dit le chimiste Daouda Ouédraogo

« Nous sommes sortis ce matin pour manifester notre mécontentement vis-à-vis de la direction de DCB. Depuis 2002, aucun travailleur n’a rencontré le PDG pour discuter de quoi que ce soit. On a l’impression qu’il se fout des travailleurs, pourvu qu’il ait son argent. Alors, nous disons que trop, c’est trop. Vous ne pouvez pas recruter des gens, les flatter au départ avec des conditions de stage qui avoisinent leurs salaires. On m’a recruté avec le niveau maîtrise et le salaire de base n’atteint pas 100 000 F CFA. On ne nous paye pas bien les heures supplémentaires. Nous nous sommes levés pour que l’opinion nationale et internationale sache qu’au Burkina Faso, il y a une entreprise indienne qui exploite les nationaux avec la complicité des dirigeants. Ce que je trouve bizarre, c’est que le Laboratoire national ne met jamais pied ici pour contrôler le ciment. C’est nous qui broyons le ciment pour qu’il fasse le contrôle et puis, nous recevons les résultats plus tard. Dans quel pays vivons-nous ? C’était un sit-in spontané, je ne saurai tout dire, parce qu’il y en a trop. Allez-y voir le laboratoire de l’unité de production de ciment : c’est un dépotoir. Il n’y a même pas un seul produit qui date de 2008. Je suis un chimiste donc je connais ; je sais de quoi je parle. Et quand tu demandes aux Indiens chefs de laboratoire, ils disent qu’un produit chimique ne se périme jamais. Je ne sais pas d’où ça vient? Alors, comment pouvons-nous travailler dans ces conditions ? Chaque fin d’année, on voit les cortèges de véhicules fond rouge qui viennent prendre des cadeaux. Donc, voilà pourquoi on a l’impression qu’il y a une coalition pour exploiter la population. L’IUTS qu’on me coupe dépasse le huitième de mon salaire total. Je me demande si c’est l’IUTS que l’Etat burkinabè connaît ou si c’est l’IUTS de DCB ? C’est ainsi que la fois passée, nous avons dit que nous ne pouvons plus continuer de vivre dans ces situations ; nous allons rencontrer le DG pour qu’il nous dise pourquoi les choses sont comme ça. »


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