HomeA la uneSITUATION A KIDAL : Vers une paix des braves  

SITUATION A KIDAL : Vers une paix des braves  


 

La situation reste très tendue au Nord-Mali notamment à Kidal entre les frères ennemis de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et le Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA). Cette montée de fièvre dans le septentrion malien est consécutive à l’entrée massive, mardi, des combattants du GATIA, à Kidal, capitale du Nord-Mali, jusque-là administrée par la CMA. Celle-ci y voit, en effet, une démonstration de force, même si elle admet que le principe du partage de la gestion et de la sécurisation de la ville avec le GATIA ne fait plus l’objet de débat. Elle exige donc du GATIA qu’il sorte de la ville pour y revenir avec « la manière », ce à quoi ce dernier ne veut accéder que partiellement par la réduction de ses effectifs présents.  Même si la situation reste volatile, le ton des deux protagonistes semble à l’apaisement. En effet, Alghabass Ag Intalla, chef du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad, une des composantes de la CMA, dans une sortie médiatique, affirme que « pour le moment, nous ne voulons pas la guerre » tandis que de son coté, un chef du GATIA assure vouloir trouver une solution qui satisfasse tout le monde. Les hommes bleus du désert semblent donc pour l’instant avoir renoncé à faire parler la poudre pour entendre le langage de la raison.  En attendant l’issue de ce conciliabule sous les tentes autour du thé, on peut se risquer à parier que le GATIA reviendra difficilement en arrière car il semble, dans ce casus belli, avoir de son côté la légalité et la légitimité. D’abord, parce qu’il ramène le « no man’s land » de Kidal dans la République. Ensuite, parce qu’il prend ses responsabilités pour exercer un droit naturel que les accords, du reste, lui garantissent mais que la Communauté internationale peine à faire appliquer face aux tergiversations de la CMA. Kidal est la capitale éternelle des Touaregs et le GATIA ne saurait en être exclue. La Communauté internationale, en tout cas, semble, cette fois-ci, mal fondée à  être complaisante vis-à-vis de la CMA car il serait incompréhensible d’exiger continuellement à une partie de se tenir tranquille quand l’autre partie ruse avec la loi.  Elle doit d’ailleurs assumer l’échec de sa stratégie qui consiste à faire camper deux armées nez-à-nez comme dans « la drôle de guerre » imposée à la France par Hitler.

La diplomatie des accords ne vaut que quand elle est assortie d’un rapport de forces sur le terrain

 

Il appartient donc à la CMA de « mettre beaucoup d’eau dans son thé » car à l’opposé, sa position du point de vue de la légalité est difficilement défendable. Mieux, elle doit savoir lire les signes des temps. Le contexte sous- régional lui est défavorable. La perte de l’un de ses parrains, notamment l’ex-président Blaise Compaoré et ses accointances supposées ou réelles avec les mouvements djihadistes dans un contexte global de levée de boucliers contre le péril terroriste, parlent contre elle. La France elle-même, qui semblait la protéger sous son aile, ne cache plus ses difficultés face au nombre élevé de ses zones d’intervention. Quoiqu’habituée aux tempêtes de sable du désert, la CMA gagnerait à revenir se mettre à l’abri de la République. Et c’est en cela qu’elle devrait applaudir et saisir au vol la perche que le GATIA lui tend  pour négocier sa réintégration dans le droit et sauver son honneur. Car ce qui se passe signifie tout au moins clairement 3 choses : primo, la supériorité militaire du GATIA, secundo, l’évolution de la position de la Communauté internationale et partant de celle de la France  qui se confondent dans leur mutisme et se réfugient désormais derrière le statut d’observateur, et tertio la suprématie politique de Bamako qui réussit l’habile manœuvre de se réintroduire à Kidal en se revêtant du manteau des populations locales. L’armée malienne aurait, en effet, été mal accueillie à Kidal mais le GATIA y a bien sa place. Quelle que soit l’issue des discussions, la leçon est désormais claire :  la diplomatie des accords ne vaut dans la crise au Nord- Mali que quand elle est assortie d’un rapport de forces sur le terrain, d’où « la démarche cavalière du GATIA ».

SAHO


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  • « il prend ses responsabilités pour exercer un droit naturel que les accords, du reste, lui garantissent mais que la Communauté internationale peine à faire appliquer face aux tergiversations de la CMA. Kidal est la capitale éternelle des Touaregs et le GATIA ne saurait en être exclue. La Communauté internationale, en tout cas, semble, cette fois-ci, mal fondée à être complaisante vis-à-vis de la CMA car il serait incompréhensible d’exiger continuellement à une partie de se tenir tranquille quand l’autre partie ruse avec la loi ». Elle doit d’ailleurs assumer l’échec de sa stratégie qui consiste à faire camper deux armées nez-à-nez.
    Que cette communauté assume donc son échec, puisque dans ce cadre du maintien de la paix, elle doit se devait d’agir pour amener les belligérants à respecter les accords qu’ils ont signés.
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    5 février 2016

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