HomeLe fait du jourSITUATION NATIONALE : Forte mobilisation des OSC pour exiger la dissolution du RSP

SITUATION NATIONALE : Forte mobilisation des OSC pour exiger la dissolution du RSP


La coordination des Organisations de la société civile (OSC) exige la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) afin d’avoir une Armée unifiée. Elle a fait entendre sa voix lors du meeting qu’elle a tenu le 7 février 2015, à la place de la Révolution à Ouagadougou, en présence de leaders politiques, de la société civile et de milliers de personnes.

 

A l’appel de la coordination des Organisations de la société civile, la place de la Révolution a été prise d’assaut par une grande foule, le 7 février dernier. Cela, pour mettre en garde « ceux qui s’agitent et mettent en péril la bonne marche de la transition ». Après avoir chauffé à blanc le public à l’aide de slogans hostiles au Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et aux partis politiques de l’ex-majorité, le meeting a débuté aux environs de 9h par l’exécution du Ditanyè. Sur les pancartes on pouvait lire les messages suivants : « Le RSP est une menace pour la transition » ; « RSP, une milice d’égoïstes et de terroristes » ; « 10 vigiles suffisent pour la sécurité du président du Burkina Nouveau » ; « Nouvelle mission du RSP, Boko Haram au Nigeria » ; « Si votre patron vous manque, rejoignez-le à Yamoussoukro » ; « Je suis Zida ».

Après l’exécution de l’hymne national, ce fut alors à la représentante des femmes, Martine Yabré, de donner le ton. Selon elle, il n’est plus question que les femmes restent à la maison pendant que les hommes se battent pour la sauvegarde de la démocratie, d’où leur présence au meeting. Et d’interpeller le RSP sur sa responsabilité historique dans la bonne marche de la transition. A la population, Martine Yabré a conseillé vivement la vigilance car, selon elle, « le plus dur a commencé ».

Si on a fait partir le patron, ce ne sont pas les employés qui peuvent résister

« Si on a fait partir le patron, ce ne sont pas les employés qui peuvent résister », a estimé pour sa part Hervé Ouattara, président du Bloc 21. Selon lui, la mobilisation de ces derniers jours est un avertissement à l’endroit de tous ceux qui veulent mettre en péril la bonne marche de la transition. Et d’inviter la population à la vigilance, afin de « nettoyer définitivement le pays ». L’un des moments forts de ce meeting a été sans conteste le passage de Luc Marius Ibriga du Forum des citoyens de l’alternance (FOCAL). «  On a commencé à balayer, mais il reste des ordures », a-t-il relevé d’entrée de jeu. En effet, ce dernier a demandé à ceux qui espèrent un retour prochain de Blaise Compaoré aux affaires, de revenir à la réalité, car ce ne sera jamais possible. Luc Marius Ibriga a par ailleurs estimé que le peuple burkinabè avait été trop clément avec « ceux de l’ancien régime qui s’agitent», et que désormais, il faudrait appliquer la loi, rien que la loi et toute la loi. Evoquant le préambule de la Charte de la transition et l’article 166 de la Constitution, il a d’abord expliqué que  « la trahison de la Patrie et l’atteinte à la Constitution constituent les crimes les plus graves à l’encontre du peuple ». Des fautes dont les coupables sont frappés de 5 ans d’inéligibilité, selon la Charte africaine de la démocratie des élections et de la gouvernance.

 Il faut que le RSP comprenne que les 30 et 31 octobre 2014 ont été une insurrection populaire et nous n’allons pas nous laisser voler notre victoire, a poursuivi Luc Marius Ibriga.  Le pouvoir appartient au peuple et non au RSP, a-t-il martelé, avant d’exiger la dissolution de cette garde prétorienne, d’autant plus que le président Michel Kafando dit ne pas en avoir besoin.

C’est sur cette même lancée que s’est inscrit R. Seydou Ouédraogo, en dénonçant l’ingérence militaire dans la politique. Pour lui, même la géographie de l’Armée est à revoir, car elle est anti- démocratique. « Si nous ne travaillons pas en synergie pour la démilitarisation du pouvoir, cela nous bouffera un à un », a-t-il prévenu. Et de conclure en appelant le procureur du Faso à ouvrir un dossier contre Blaise Compaoré et tous ceux qui ont attenté à la Constitution.

Puis, ce fut le porte-parole du « Balai Citoyen », Hervé Kam, d’inciter le peuple à une veille citoyenne pour conserver les acquis de l’insurrection et la bonne marche de la transition. Selon lui, il est inacceptable que par deux fois, le RSP qu’il a rebaptisé « régiment d’insécurité présidentielle », ait interrompu le Conseil des ministres. Et d’exiger une garde républicaine pour assurer la sécurité de la présidence et de toutes les institutions. « Il y avait des enfants gâtés, 2 000 personnes au plus, qui recevaient des merci papa. C’est fini ; ils n’ont qu’à rejoindre le reste de l’armée », a dit Hervé Kam. Et de conclure en exigeant le traitement diligent du dossier Norbert Zongo, la réouverture du dossier Thomas Sankara et l’ouverture du dossier des martyrs de l’insurrection de fin octobre.

Issa SIGUIRE et Thierry Sami SOU

 

COMMUNIQUE DU RSP

Le Régiment de Sécurité Présidentielle tient à rassurer toute la population qu’il n’est pas en marge de la transition voulue par le peuple burkinabè. Il est engagé pour une issue heureuse du processus et du calendrier de la transition, qui permettrait de mettre en place un pouvoir légitime issu des élections démocratiques.

Loin de nous un quelconque agenda caché pour perturber ou interrompre cette marche du peuple qui doit d’ailleurs se souvenir du rôle joué par notre unité, afin d’éviter un bain de sang pendant les évènements de fin octobre 2014. Certaines décisions d’ordre organique au sein de notre corps en ont perturbé le fonctionnement normal. Ces dysfonctionnements ont été signifiés à SEM le Premier Ministre, le Ministre de la Défense nationale et des anciens combattants, dans le souci de faire rétablir

l’ordre hiérarchique normal depuis décembre 2014.

Les concertations avec la haute hiérarchie militaire, sur instruction du Président de la transition, chef suprême des armées, SEM Michel Kafando, autour de nos points qui sont exclusivement en rapport avec le fonctionnement normal du service, ont abouti à un résultat satisfaisant et nous remercions tous ceux qui, avec hauteur d’esprit, y ont contribué.

Nous réaffirmons notre appartenance à l’ensemble des forces armées nationales et c’est ensemble que nous allons remodeler notre pays au bénéfice et à la fierté de tous.

 

Vive le Burkina Faso »­

 

Ouagadougou, le 6 février 2015

 


Comments
  • Les choses défilent à une vitesse telle qu’il est difficile pour l’homme d’en avoir le contrôle. C’est en substance ce que disait le fondateur du RSP. En effet, Régiment de sécurité présidentielle, le RSP s’est retrouvé au lendemain de l’insurrection et la fuite de Blaise Compaoré un Régiment sans père. Accusé d’avoir tiré sur des martyrs de la Révolution, de partout on a commencé à demander son démantèlement, parce qu’on considère ses éléments comme des réactionnaires sans probité. Avec les remous en son sein, même le CDP a préféré signifier qu’il n’a rien à y voir. On a donc compris que le RSP mène une rébellion sans partisan . Les OSC, les syndicats, les partis politiques ayant commencé à bander les muscles, le RSP tente d’expliquer qu’il est du côté du peuple, ou en tout cas qu’il ne veut pas être le “Régiment sans peuple”. Espérons qu’il a compris que si le peuple choisit de se soulever contre lui, il sera renié sans pitié et traqué partout sur le territoire. Ses éléments fuiront le pays sans avoir eu le temps de prendre un quelconque document. Réfugiés sans papier ailleurs, ils seront considérés des renégats sans pays. Et bien entendu, comme le HCR n’a pas vocation à payer des salaires, ils seront comme tous les réfugiés, sans paye. Ils comprendront peut-être alors qu’un bon militaire doit toujours réagir sans passion.

    9 février 2015

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