HomeA la uneSITUATION NATIONALE : Paul Kaba Thiéba obtient le quitus de la représentation  nationale  

SITUATION NATIONALE : Paul Kaba Thiéba obtient le quitus de la représentation  nationale  


 

 Conformément à l’article  63 de la Constitution burkinabè, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a fait, le 5 février 2016, sa déclaration de politique générale devant les députés.  La lutte contre le chômage des jeunes,  l’autonomisation des femmes, la sécurité intérieure, l’accès aux services sociaux de base,  sont entre autres les chantiers sur lesquels le Premier ministre entend  engager son gouvernement.  Le contenu du message  a convaincu la représentation nationale  qui l’a crédité de 72 voix pour et 53 abstentions.  Ce qui lui vaut  son investiture.

Paul Kaba Thieba peut poursuivre ce qu’il a entamé comme actions   en tant que chef de l’Exécutif burkinabè. Ainsi en ont décidé les députés de l’Assemblée nationale le 5 février dernier.  En effet, 72 députés ont voté pour,  contre 53 abstentions. Avant ce plébiscite du chef de l’Exécutif burkinabè, place a été faite au différents groupes parlementaires pour que ceux-ci motivent leur vote. Le groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale a été le premier à passer. Tout en appréciant les différentes orientations du gouvernement pour le développement du pays, le groupe parlementaire a dit être attaché à la promotion d’une justice sociale et à la paix. Il a donc décidé de voter l’abstention, en attendant de constater la réalisation concrète des différentes actions entreprises dans le programme quinquennal en cours d’exécution.

Pour sa part, le groupe parlementaire Burkindlim s’est dit satisfait de l’exposé du Premier ministre. S’adressant au Premier ministre, le groupe parlementaire Burkindlim a indiqué que sa déclaration traduit les ambitions et les aspirations du vaillant peuple burkinabè qui ne demande que la justice sociale, l’emploi et la bonne gouvernance. « Pour ces raisons, le groupe parlementaire Burkindlim votera « pour » la déclaration de politique générale du Premier ministre », a affirmé le porte-parole  du groupe. Le groupe parlementaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) s’est quant à lui, réjouit de l’exercice auquel s’est adonné le Premier ministre. Mais le CDP a dit rester « perplexe » devant ces « déclarations d’intention », au regard de certaines grandes préoccupations. Il s’agit, entre autres, pour le groupe parlementaire CDP, de la place et du rôle de la justice qui « méritent d’être cernés ». « Nous pensons que la justice doit s’inscrire résolument dans le respect des procédures, notamment celle  de la présomption d’innocence et des conventions internationales ratifiées par notre pays. Devrait-on te punir d’abord avant de te juger ? C’est pourquoi il nous semble impératif que les citoyens qui croupissent en prison depuis plusieurs mois, sans jugement, soient admis au moindre bénéfice de la liberté provisoire si aucun impératif de sécurité ne les en empêche. Car, l’abus de la détention préventive ne constitue pas une bonne administration de la justice », a souligné le président du groupe parlementaire CDP. En outre, « l’exclusion n’a-t-elle pas été légalisée au Burkina Faso sous la Transition, à travers les dispositions de la loi électorale ? », s’est-il interrogé avant de demander que cette loi soit relue. Evoquant ces raisons et bien d’autres encore, le groupe parlementaire a appelé à voter « abstention », après avoir dit ceci au Premier ministre : « Votre déclaration de politique générale n’étant que des intentions et des engagements, nous vous attendons au résultat pour vous apprécier ». Comme le groupe parlementaire CDP, le groupe parlementaire, Union pour le progrès et le changement (UPC) a également appelé à voter « abstention ». Entre autres raisons invoquées, l’absence de l’évaluation du coût, l’absence d’un schéma de financement, la non désignation de l’impact en termes de taux de croissance, en termes d’amélioration des revenus des populations, et d’amélioration des finances publiques, dans la déclaration de politique générale du Premier ministre. Dernier à prendre la parole, le groupe parlementaire Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a félicité le Premier ministre pour sa politique générale qu’il a qualifiée de claire, pertinente et cohérente. « Votre plan d’action s’inscrit en droite ligne avec le programme du président Roch Marc Christian Kaboré, président du MPP, aujourd’hui président de tous les Burkinabè », a dit le président du groupe parlementaire MPP au Premier ministre. Pour le groupe parlementaire MPP, le plan d’action du Premier ministre prend en compte les aspirations du peuple burkinabè, de la jeunesse, des personnes âgées et des femmes. Le MPP a donc appelé à voter « pour » et a donné « quitus » au Premier ministre pour la conduite de l’action gouvernemental.

Ce passage a mis fin aux motivations de vote. Quelques minutes plus tard, le vote est fini et le dépouillement est entamé rapidement, compte tenu du temps. C’est sur le coup de minuit que le président de l’Assemblée nationale a donné les résultats. « 125 votants, 53 abstentions et 72 pour », a dit Salifou Diallo. Toute chose qui vaut investiture du Premier ministre, pour conduire l’action du gouvernement. « M. le Premier ministre, vous avez le soutien populaire pour faire face aux attaques et stabiliser ce pays pour qu’enfin, notre peuple puisse vivre libre et vaincre dans la liberté la pauvreté… Nous vous souhaitons bon vent dans vos tâches », a conclu le Président de l’Assemblée nationale avant de dire : « La séance est levée ».

C’était en présence de plusieurs membres  du gouvernement, des  représentants de plusieurs   missions  diplomatiques  en poste au Burkina Faso, des  représentants  d’institutions internationales et des présidents d’institutions  burkinabè.  A l’occasion, les députés étaient presque tous, habillés en Faso Danfani, conformément au souhait de leur président, Salifou Diallo. C’est d’ailleurs sur un ton amical que ce dernier, avant le début de la séance, a  félicité ses pairs pour cet acte qu’il a qualifié de patriotique. «  Je vous félicite pour la tenue locale, notre fierté nationale. Même  si les tenues ne sont  pas les mêmes, parce que celle  de Ouahigouya ne peut pas être comme celle de Fada, l’essentiel est fait », a-t-il lancé. Après  la procédure protocolaire, notamment l’appel nominatif, la déclinaison des différents actes de la séance, Paul Kaba Thiéba a été invité à la barre.  Pendant  2 heures d’horloge, il a égrené les chantiers  sur lesquels son gouvernement entend poser des actes forts.  Tous ces chantiers devraient, selon lui, converger vers un seul objectif.  « Faire du Burkina Faso un pays où il fait bon vivre».   La réforme de la  justice, l’érection d’un Etat de droit, la réduction du chômage à tous les niveaux, le  recul considérable  de la pauvreté au pays des hommes intègres, l’offre de santé, une formation de qualité pour tous, bref, le travail est énorme.  En  déclinant ce que son gouvernement entent poser comme actes, Paul Kaba Thiéba a dépeint la situation peu reluisante du Burkina et ce, en utilisant les chiffres, ce qu’il connaît le mieux en tant que banquier de formation.  « Au titre des performances en termes de développement humain, il vaut de relever que le pays est classé au 183e rang sur 188 en 2014 selon l’Indice de développement humain (IDH) du PNUD. En outre, plus de 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté estimé à 153 530 F CFA par an et par personne », a-t-il rappelé. Le pays présente, a-t-il poursuivi,  des signes de fragilité, avec une croissance trop faible pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités sociales.  A l’en croire, le taux de croissance moyen enregistré au cours des dix dernières années est de 5,5%, alors que le taux de croissance démographique au cours de la même période est ressorti à 3,1% par an.  Avec un tel niveau de croissance du PIB, a-t-il signalé,  il faut  attendre 15 ans pour doubler le revenu par tête des Burkinabè. Pour y remédier, a-t-il dit, trois valeurs cardinales guideront l’action gouvernementale au cours des cinq  prochaines années.  Il s’agit du patriotisme, de l’attachement à l’éthique et à la probité et le volontarisme pour mettre le Burkina Faso sur un sentier de croissance forte, durable et inclusive. Pour cela, l’action gouvernementale reposera sur trois piliers. Le premier pilier consistera à   réformer les institutions,  moderniser  l’administration pour plus de justice sociale, de démocratie, de liberté et à la lutte contre les inégalités et la corruption.  Le second pilier  consistera à  mettre  en place un modèle de développement centré sur le renforcement du capital humain.  Quant au troisième pilier,  il consistera à la transformation structurelle de l’économie à travers la dynamisation des secteurs porteurs et le renforcement du rôle du secteur privé. La sécurité étant la priorité des priorités, le gouvernement organisera des assises nationales sur la sécurité, en vue de formuler une politique et une stratégie nationales de sécurité intérieure, reposant sur l’adhésion des populations et l’étroite collaboration des pays de la sous-région. La réconciliation sera également au cœur de l’action gouvernementale. Pour  arriver à une réconciliation vraie,  les recommandations de la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) seront mises en œuvre. La grande partie du budget national étant réservée  aux dépenses courantes, (94%), l’objectif du Gouvernement  Thiéba en matière de politique budgétaire est de mobiliser suffisamment de ressources propres pour couvrir le fonctionnement de l’Etat et dégager une épargne conséquente pour les investissements publics et sociaux.  Pour mobiliser ces fonds, le gouvernement réduira le train de vie de l’Etat, rationalisera les dépenses publiques. L’assiette fiscale  sera également élargie.  Au titre de l’optimisation des recettes douanières, des mesures seront mises en œuvre. Il s’agit de  résorber les trafics d’influence dans les régies financières, de rationaliser les exonérations douanières et d’améliorer leur gestion,  d’engager des discussions avec les autorités togolaises en vue d’une meilleure gestion et à défaut, de la fermeture des entrepôts ouverts à la frontière, qui alimentent la fraude.  Le manque à gagner sera recherché sur les marchés sous-régionaux et internationaux,  mais pas à n’importe quel prix. D’ailleurs, une structure chargée de réfléchir sur la dette publique sera mise en place.  Les fonds qui seront mobilisés seront investis  dans plusieurs domaines.  Dans le domaine de la santé, 361 Centres de santé et de promotion sociale seront normalisés   (dont 61 en 2016), 33 Centres médicaux avec antenne chirurgicale (15 en 2016) de 2 Centres hospitaliers régionaux en 2016, seront mis à niveau.  La poursuite de la transformation des CSPS des chefs-lieux de communes rurales en Centres médicaux (37 entre 2016 et 2017).  Les Centre hospitaliers régionaux (CHR)  seront  progressivement transformés  en Centre Hospitaliers universitaires (CHU), en commençant par Ouahigouya en 2016.  Outre l’accès à la santé, le gouvernement Thiéba offrira à la jeunesse burkinabè une éducation de qualité. Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement établira progressivement la gratuité de l’enseignement jusqu’à l’âge de 16 ans, tout en veillant à atteindre rapidement un taux d’achèvement de 100% pour le cycle primaire et post primaire. Le Gouvernement s’engage également  à construire au cours  du quinquennat, 310 nouveaux collèges du post primaire, 45 centres de formation technique et professionnelle, 20 lycées professionnels,   286 nouveaux lycées et 13 lycées scientifiques dans les différents chefs-lieux de régions.  En ce qui concerne le volet formation professionnelle, la coopération sera intensifiée avec les pays partenaires tels que Taïwan et l’Autriche, en vue de parvenir à un meilleur maillage du territoire national. Les universités  seront dotées d’infrastructures  capables d’accueillir le nombre de plus en plus croissant des étudiants.    Pour  pallier à court terme   l’insuffisance des capacités d’accueil dans les universités publiques, le gouvernement créera, dès 2016, une université virtuelle et mettra en place 13 espaces numériques ouverts qui y seront connectés, grâce à la technologie de l’Internet à haut débit. Les écoles professionnelles ENAM, ENAREF, ENSP, seront désormais  rattachées aux Universités. En plus de l’accès aux services  sociaux de base, l’environnement économique sera amélioré.   Pour améliorer le climat des affaires, mesuré notamment à travers les indicateurs « Doing Business Better », le Gouvernement entamera les réformes nécessaires pour créer un environnement propice au développement du secteur privé et facilitera l’intégration des entreprises aux marchés intérieur et extérieur.   Cela se traduira par la création de technopôles qui  viendront assurer une meilleure intégration entre l’enseignement supérieur et la recherche/développement dont les résultats seront valorisés par des entreprises localisées sur le même site. Ces technopôles seront centrés sur les domaines du médicament, de l’agro-industrie et de l’industrie agro-alimentaire, de l’industrie textile, des produits carnés, des produits de la pêche et de l’industrie des équipements solaires. Pour accompagner le secteur privé, le  système bancaire et financier sera réformé.  Le gouvernement mettra en œuvre une réforme approfondie avec trois principales composantes à savoir : la création de la  caisse de dépôt et consignation, la création d’une banque agricole et  la banque dédiée aux PME/PMI qui permettra d’apporter une gamme de services financiers complète à cette catégorie d’entreprises.  Comme les entreprises ne peuvent pas fonctionner sans énergie, un effort sera consenti à ce niveau.  « Dans le domaine de l’énergie, mon Gouvernement a fait l’option d’une transition énergétique vers les énergies vertes et renouvelables, avec singulièrement une orientation vers l’énergie solaire conformément aux engagements pris par le président du Faso.  Il s’agira d’accroître la capacité de production d’électricité à travers la construction de centrales solaires, la promotion d’installations solaires par les particuliers et la poursuite des projets en cours dans le domaine de la production hydroélectrique et de l’interconnexion avec le Ghana. L’objectif visé, à terme, est d’accroître le taux de couverture nationale en électricité et le porter à 80% à l’horizon 2020, tout en mettant fin au délestage chronique. Le Gouvernement mettra en place une politique de libéralisation maîtrisée de la production d’énergie, à travers le partenariat public-privé, à partir de centrales solaires portées par des promoteurs privés, avec injection dans le réseau interconnecté de la SONABEL. Le développement passe par le développement des routes, dit-on.  Plusieurs axes routiers  tels  que la route Kongoussi-Djibo, la route Dédougou-Tougan connaîtront le début de démarrage des travaux de bitumage.   Pour doter notre pays d’infrastructures routières modernes et durables et fluidifier le trafic routier international, l’Etat entreprendra, au cours de l’année 2016, dans le cadre d’un partenariat public-privé, la construction de l’autoroute Ouaga-frontière de la Côte d’Ivoire.  S’agissant du transport ferroviaire, le Gouvernement travaillera à l’amélioration des performances du système actuel et à l’extension du réseau. La ligne Kaya-Tambao permettra la réalisation effective du projet intégrateur de la Boucle ferroviaire AFRICA RAIL,  (Abidjan-Ouagadougou-Dori-Tambao-Niamey-Parakou-Cotonou-Lomé-Bobo-Bamako-Dakar). Dans le transport aérien, des efforts  seront fournis.  A propos du transport aérien, l’ambition de mon Gouvernement est d’améliorer la qualité des services aéroportuaires, de réduire leurs coûts et d’accroître la desserte de l’Afrique et du reste du monde.  L’action gouvernementale sera conduite par une politique publique  « Plan national de développement économique et social » (PNDES) qui sera désormais le référentiel de développement de notre pays et le cadre fédérateur des interventions de nos partenaires au développement. Pour réduire le chômage des jeunes diplômés, le Gouvernement lancera très prochainement,  une campagne  de  recrutement au profit des jeunes diplômés  des universités. Ceux qui auront été sélectionnés suivront une formation pédagogique de 6 mois au terme de laquelle, ils recevront une affectation en qualité d’enseignants du secondaire ou du primaire. Toujours dans la lutte contre le chômage,  deux  agents communautaires de santé dans chacun des 8 000 villages du pays  seront recrutés  dès 2016 ».

Adama SIGUE et Issa SIGUIRE


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