HomeBaromètreSITUATION NATIONALE : « Réconciliation ou pas, le pays doit avancer »

SITUATION NATIONALE : « Réconciliation ou pas, le pays doit avancer »


 

 

L’auteur du point de vue ci-dessous parle de la réconciliation nationale qui, depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, est sur toutes les lèvres. Tout en s’interrogeant sur la crédibilité de la CODER, il affirme ceci : « Réconciliation ou pas, le pays doit avancer ». Lisez plutôt !

 

Certes, toute Réconciliation suppose que des affrontements ou des litiges graves ont été constatés au sein d’un peuple meurtri et frustré, et les responsables et/ou les complices sont connus et ont adressé leur demande de Pardon aux victimes et/ou aux ayants droit.

Pour le cas du Burkina, il y a eu des infractions pénales dont des assassinats, des crimes économiques et financiers impunis, la mauvaise gestion du foncier et des pertes d’emplois.

Ces infractions intentionnelles ont été commises à la suite d’ambitions politiques iniques jouies. Ainsi, la meurtrissure et les frustrations doivent être apaisées par la Réconciliation qui a ses critères et ses conditions. En attendant, Réconciliation ou pas, le pays doit avancer. Mais, pour des intérêts égoïstes, l’avancement du pays est conditionné à la Réconciliation.

A cet effet,  pour la vraie Réconciliation, il est mis en place le HCRUN qui s’occupe d’en rassembler les faits, les critères et les conditions. Mais, comme si dès lors le HCRUN est défaillant, une coalition de politiciens qui ont joui des ambitions iniques, ont fondé la CODER pour une Réconciliation subtilement orientée sur la situation politique actuelle qui est jugée  comme étant une crise socio-politique. Mais, en réalité, il s’agit d’une crise judiciaire intentionnelle dans laquelle les victimes et/ou les ayants droit ont soif de justice.

Les assassinats impunis, les pertes d’emplois et la mauvaise gestion du  foncier étant les faits saillants, la CODER vient de présenter parallèlement ou en opposition au HCRUN, un mémorandum pour une Réconciliation à sa manière auprès d’une Justice dite traditionnelle.

En effet, sans évoquer les pertes d’emplois et la mauvaise gestion du foncier et sans énumérer les assassinats et nommer le responsable, la CODER a affirmé que les faits incriminés  remontent de 1960 à nos jours et ont pour responsables, tous les acteurs  (?).

Tout Burkinabè étant un acteur, ça sous-entend que depuis 1960, tous les Burkinabè sont responsables  des faits incriminés et par conséquent, la Réconciliation doit être précipitée.

Cette affirmation traduit, d’une part, que même les notables et les sages en sont aussi responsables, et, d’autre part, depuis 1960, il a manqué la morale et la justice pour  éduquer lesdits  acteurs  à  éviter les infractions.

En rappel, il s’agit d’infractions pénales dont des assassinats, des brûlés vifs à mort impunis et non comme vu en Afrique du Sud ou au Rwanda, des affrontements entre populations. Lesquels assassinats ont été commis aux fins de réaliser les ambitions politiques iniques du pouvoir le plus long (1987 à 2014) qui est l’auteur desdites infractions.

Aussi, ce pouvoir a eu à son actif : l’immoralité, l’incivisme, l’intolérance, l’égoïsme, les pertes d’emplois, la sous-traitance de l’emploi, la mauvaise gestion du foncier et la vie chère.

Outre les infractions précédentes, ce pouvoir a commis la forfaiture mortelle sur l’Article 37 de la Constitution qui a causé sa chute. Donc, la CODER connaît le responsable des infractions. Ces infractions qui remontent de 1987, résultent de discordes politiques tranchées par la violence. Mais, du fait de l’impunité, elles constituent la crise judiciaire qui interpelle la Justice et la Réconciliation.

Cependant, la stratégie des membres de la CODER consiste à ne pas dénoncer la cause des infractions, le responsable des infractions, à liquider le HCRUN  et à comptabiliser ces infractions en perte et profit. Tout de même, le besoin de Réconciliation, confirme la meurtrissure, les frustrations et la soif de justice.

A travers son mémorandum, on perçoit que la CODER a sciemment fait une confusion  des époques des faits incriminés, aux fins de ne pas nommer l’époque macabre et le responsable. Aussi, on perçoit son indifférence à la douleur des victimes et/ou des ayants droit ; mais surtout, sa stratégie pour le compromis politique  et l’impunité qui sont l’objectif visé à travers cette Réconciliation qu’elle voudrait piloter.

Certes, de 1960 à une certaine date, à des degrés divers, des infractions ont été commises mais les responsabilités ont été établies avec des condamnations.

En effet, responsabilité pour responsabilité du pouvoir, les regrettés Présidents : Maurice Yaméogo, Sangoulé Lamizana et Saye Zerbo ont été jugés et emprisonnés. Mais il n’a pas été question de discordes qui avaient nécessité une Réconciliation et la vie allait bon train.

Aussi, en 1987 le Président Thomas Sankara qui a été et reste le réformateur de ce pays en Burkina Faso et le modèle de l’intégrité et du patriotisme, a payé de sa vie pour avoir osé réclamer  la  souveraineté, l’intégrité  et le développement endogène du Burkina.

Egalement, pour les crimes des époques, 1960 à 2001, il y a eu la Journée nationale de pardon où les victimes et/ou les ayants droit inscrits, ont pardonné et ont été dédommagés à des centaines de millions d’argent et ont bénéficié de la restitution des biens saisis.

Dans ce cas, ceux qui se sont inscrits à cette Journée dont les victimes de la Révolution, n’ont plus de reproches à adresser sur personne. Raison pour laquelle, au terme de cette journée, Thomas Sankara est reconnu Héros national ; mais reste une des victimes des assassinats  impunis qui constituent  les  graves infractions.

Par contre, après cette journée, bien qu’il ait été dit sous serment : « Plus jamais ça au Burkina », les discordes politiques, les violences et les assassinats ont persisté.

Cette réalité interpelle que les infractions restées impunies et non pardonnées,  remontent de 1987 à 2015, d’une part, avec les récentes victimes et, d’autre part,  avec les victimes et/ou les ayants droit qui ne se sont pas inscrits à la Journée nationale de pardon. Car, le Pardon  a été motivé non pas par la vérité mais par l’argent à engranger.

Cependant, en 2001, à la suite de l’assassinat de Norbert Zongo et des autres dont Dabo Boukari, les brûlés vifs à mort et les portés disparus, les sages avaient recommandé une Réconciliation devant apaiser les meurtrissures.  Mais, cette Réconciliation a été refusée avec la participation active de certains membres de la CODER.

Outre les infractions pendantes, depuis 1960 à nos jour, il n’y a pas eu d’affrontements ou de litiges graves ou de crises sociales non résolues entre les populations qui se fréquentent toujours et vaquent sans gêne à leurs occupations quotidiennes. Raison pour laquelle, outre que des politiciens se sentent mal, le vivre-ensemble est cohérent.

On perçoit donc que la perte du pouvoir, l’exclusion des élections de 2015 et le coup d’Etat mortel arrêté, ont motivé  la CODER qui a un autre objectif sur la Réconciliation.

Cette exclusion bien que légitime et légale, est pour la CODER, la crise socio-politique pour laquelle, il faut l’apaiser par la Réconciliation à sa manière et non pas à la manière du HCRUN. Cela confirme que la CODER est dans son combat contre cette exclusion.

Pourtant, cette exclusion a résulté du refus de respecter les clauses de l’Article 37, les différents appels à la raison et la parole donnée. Aussi, il a manqué la patience et le respect de l’esprit et de la légitimité de l’Insurrection populaire et la mémoire des martyrs.

Puis, sans retenue et sans faire preuve de patriotisme, cette exclusion est passée de la CEDEAO au Coup d’Etat mortel, et la énième voie est la Réconciliation à leur manière.

Au bon sens, est-il juste qu’un gestionnaire défaillant puisse être candidat à son remplacement ? Pourquoi vouloir aussitôt reprendre la gestion du pays ou être dans un gouvernement d’un autre parti ?  Cette attente non réalisée est donc la crise socio-politique.

Bien que les membres de la CODER soient restés attachés à la gestion défaillante, soient complices de la forfaiture mortelle et devaient bénéficier du coup d’Etat mortel contre cette exclusion, ils ne reconnaissent pas avoir commis d’infractions. Mais sans considérer les conséquences de leurs ambitions politiques mortelles, et que partout, toute population déchaînée se livre à la casse, ils estiment être victimes de vandalisme  évident.

Aussi, comme s’il ne s’agit que de litiges à résoudre, la Réconciliation est réclamée avec un revirement de procédure utopique pour une Justice traditionnelle. Dans tous les cas, la pièce maîtresse est la vérité ; mais personne ne veut assumer aucune responsabilité.

Pour preuve, bien que la nouvelle donne politique et judiciaire soit en place, sans se soucier de la douleur des victimes et de ce que la Justice dira, des proches de la CODER, usent du Droit, pour saboter les jugements. Aussi, d’autres proches instrumentalisés, ovationnent les accusés de crimes comme s’il s’agissait d’un procès d’opinions politiques.

Dans tous les cas, la Réconciliation commence par soi-même à être tolérant et patriote et par le respect des uns des autres. Mais, la CODER a laissé voir la rancune de la perte du pouvoir et l’indifférence face aux victimes des assassinats dont les martyrs.

Si donc, les précédents Présidents ont été jugés par rapport à leur gouvernance mais qu’un a été assassiné, pourquoi Blaise Compaoré qui reste l’auteur des ambitions politiques iniques, n’est pas cité comme responsable des conséquences néfastes de sa gouvernance ?

Certes, du 15 octobre 1987 au 16 septembre 2015, au mépris du Droit à la vie, et pour des ambitions politiques iniques, des assassinats qui sont des exclusions à vie de la politique, ont été commis. Mais, selon la CODER, le ou les responsables doivent être amnistiés.

Outre les infractions tantôt citées à son actif, le pire est que cette  gouvernance a tué la morale et le patriotisme, mais a favorisé l’incivisme, le gain facile qui est synonyme de banditisme et l’impunité qui ont contraint les populations à fonder les « Koglwéogo ».

Les exclusions sans appel ont donc résulté des ambitions iniques nourries par des discordes politiques sciemment conçues mais soutenues activement et jouies par des membres de la CODER. Etant donc en vie, ils se plaignent d’une exclusion saine et déterminée, et veulent d’une Réconciliation à leur manière.  Des discordes, on  peut citer :

1- celle qui a été tranchée par l’assassinat de Thomas Sankara et des autres dont des intellectuels civils et militaires qui ont été des exclus à vie de la politique et du monde ;

2- celle qui a imposé la Constitution du 2 juin 1991 avec des accrocs ;

3- celle qui a imposé la modification de l’Article 37 pour la suppression de la limitation des mandats présidentiels ;

4- celle qui a abouti à l’assassinat macabre de Norbert Zongo et des autres ;

5- celle qui est passée par la énième tentative de modifier l’Article 37 et par l’assassinat du Juge Nébié Salif, la mort subite d’Arba Diallo  et  les martyrs de 2014 ;

6- le coup d’Etat mortel de septembre 2015, avait voulu couvrir toutes ces discordes.

Ainsi, ces discordes ont eu pour conséquences, les faits incriminés impunis ou non résolus qui constituent la crise judiciaire dans laquelle, bien que les membres de la CODER aient joui de ces discordes, ne citent pas le  responsable.

Par contre, les membres de la CODER ayant joui des discordes et ayant refusé la Réconciliation de 2001, ils ne doivent pas piloter cette Réconciliation.  Car, il s’agit de faire la lumière sur les infractions commises sous la gouvernance de leur idole  Blaise Compaoré.

Si Blaise Compaoré n’avait pas pris le pouvoir par le sang, le garder par le sang et l’impunité ; mais avait respecté sa parole : « Plus jamais ça au Burkina » et le perdre par le sang, la Réconciliation ne serait pas attendue. Aussi, ne pas être dans un gouvernement ne serait pas une crise ou une cause de division par laquelle, face aux attaques terroristes, on marque son indifférence parce que  la Réconciliation traîne.   Certes, Blaise Compaoré étant conscient de ses actes,  a quitté le pays de lui-même et à 65 ans, a pris une autre nationalité aux fins de ne pas répondre à la Justice burkinabè. Par conséquent, la CODER  qui tient à la Réconciliation et sachant que Blaise Compaoré est la clef de la Réconciliation, elle se doit de le convaincre de répondre à la Justice burkinabè. Sa comparution témoignera son patriotisme et la sincérité de la CODER.

 Ouédraogo Adama,

 Fonctionnaire à la retraite

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      


No Comments

Leave A Comment