SITUATION NATONALE : Les femmes disent non à la modification de l’article 37
Les femmes de l’Opposition politique et de la société civile ont battu le pavé hier dans la soirée pour exprimer leur opposition à la tenue du référendum. Elles entendent se battre aux côtés des hommes pour barrer la route à la modification de la Constitution et à la mise en place du Sénat. Elles ont eu la visite des leaders de l’Opposition dont Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso autrement, et Zéphirin Diabré, chef de file l’Opposition.
« Libérez Kosyam, libérez Kosyam, libérez Kosyam » ; tels étaient les cris lancés par les femmes de l’Opposition politique et de la société civile. Elles ont battu le pavé hier dans la soirée, pour dire non à la révision de la Constitution qui permettrait au président Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat en 2015. Vêtues de leur « Liouli pendé », spatules en mains, elles sont parties de la Maison du peuple pour rejoindre le rond-point des Nations unies, bravant ainsi l’interdiction et le dispositif de dissuasion dressé par la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Là, Saran Séré/Sérémé a livré, au nom de toutes les femmes, un message à l’endroit des Burkinabè, notamment au président Blaise Compaoré et aux forces de l’ordre. « Nous sommes pour la paix, nous sommes engagées pour la cohésion sociale, mais nous disons que nous n’allons pas avaler toutes les couleuvres parce que nous voulons la paix», a-t-elle dit avant de lancer des messages au président du Faso, aux forces de l’ordre et à la population toute entière. « Les femmes des partis politiques de l’Opposition, des OSC et des mouvements, en tant que mères soucieuses du bien-être de nos enfants et de la paix et de la concorde, de l’ancrage démocratique, lançons un appel au président du Faso pour le retrait sans condition et sans délai du projet de loi portant modification de la Constitution, afin d’éviter toute dégradation de la paix sociale prévisible, au vu des nombreuses manifestations spontanées suite à l’annonce de la loi démocraticide. A nos forces de défense et de sécurité, nous vous exhortons à observer un comportement républicain. Ne retournez pas les armes achetées par notre peuple pour sa protection et sa défense contre ce même peuple. Soignez dignes car nous voulons être fières de vous. Au peuple entier du Burkina, nos enfants, le défi nous est lancé de mériter le nom que nous portons, le nom d’hommes intègres Burkinabè », a martelé Saran Séré/Sérémé. Il faut noter que des leaders de l’Opposition ont soutenu les femmes, en marquant de leur présence effective le lieu de la marche. Parmi eux, Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso autrement et Zéphirin Diabré, chef de file de l’Opposition politique burkinabè.
Issa SIGUIRE et Rita BANCE/ OUEDRAOGO
ENCADRE
Propos de quelques manifestantes
Lorence Ilboudo, sécretaire à l’organisation des femmes du MPP
« Nous mettons en garde le gouvernement, nous mettons en garde Assimi Kouanda et ses alliés »
« Toute personne a le droit d’user de cette désobéissance civile, tout en étant pacifique. C’est un droit pour nous les femmes de pouvoir manifester notre mécontentement. Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin d’autorisation pour cela, tant que nous ne cassons pas, tant que nous n’insultons pas et ne détruisons pas. Nous pensons que c’est un droit et nous allons exploiter cela. Actuellement, la balle est dans le camp des députés ; c’est à eux de nous sortir de cette situation. Aujourd’hui, nous disons aux députés de nous faire sortir de cette crise puisqu’ils en ont la possibilité. Nous avons voulu, en organisant cette marche, montrer à quel point les femmes sont déterminées et leur soif du changement. Nous mettons en garde le gouvernement, nous mettons en garde Assimi Kouanda et ses alliés contre toute modification de l’article 37, parce que les femmes ne vont pas rester en marge de cette lutte. Nous ne voulons pas laisser nos maris et nos enfants seuls dans ce combat, dans la mesure où c’est un combat juste. »
Mme Kadidia Koanda
« La spatule est un symbole très fort dans l’histoire de la femme »
« La spatule est un symbole très fort dans l’histoire de la femme. C’est pourquoi nous, femmes de la société civile et de tous les bords politiques, sommes sorties pour manifester notre mécontentement et dire au président du Faso, Blaise Compaoré, que trop, c’est trop. Vu le nombre d’années qu’il a passé au pouvoir, il doit quitter et laisser la place à d’autres personnes, puisqu’il n’est pas le seul fils du Burkina. Cette marche est un avant goût de la marche de l’Opposition qui est prévue pour demain. Ce qui est intéressant dans cette marche, c’est que chacune est venue par conviction personnelle, librement. Personne n’a été soudoyée. »