HomeLignes de mireSOMALIE :Qui arrêtera les Shebabs ?

SOMALIE :Qui arrêtera les Shebabs ?


Même boutés hors de Mogadiscio, ils demeurent dangereux. Les Shebabs, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, se sont encore illustrés comme à l’accoutumée de la pire des manières. En effet, ils viennent d’échouer dans une tentative de prendre d’assaut le palais présidentiel. Cette attaque est comme une piqûre de rappel à la mission de l’Union africaine dans ce pays (AMISOM) et aux autorités officielles. Il y a des batailles, dont on ne se repose quasiment jamais. Face à certains ennemis, il ne faut jamais baisser la garde. C’est la leçon principale à tirer de cet assaut.

 

La situation somalienne n’est pas sans rappeler ce qui se passe au Nigeria

 

Les Shebabs ne sont jamais loin et ne s’avouent jamais vaincus. On peut penser que cet assaut qui, du reste, n’est pas le premier du genre, a été facilité certes par des complicités, mais aussi par un certain relâchement de la traque de ces islamistes depuis que la capitale somalienne en a été officiellement débarrassée. Comment ont-ils pu arriver, une fois encore, jusqu’au palais présidentiel si tant est que tous les dispositifs sécuritaires censés exister fussent bien en place? En tout cas, c’est un avertissement sans frais pour l’AMISOM et les dirigeants officiels somaliens. Pour ce qui est des complicités, elles existent certainement. La situation somalienne n’est pas sans rappeler d’ailleurs ce qui se passe au Nigeria avec Boko Haram. Tout comme leurs alter ego au Nigeria, les Shebabs bénéficient de complicité dans les premières sphères du pouvoir somalien. Il faut dire que la dimension religieuse de la lutte de ces mouvements complique l’équation. Les risques élevés de fanatisme quand il est question de religion, sont notoires. Les islamistes peuvent bénéficier de sympathies de tout genre. On pourrait même parler de commanditaires et non de simples complices. En effet, il n’est pas exclu que ceux qui tirent les ficelles soient des personnes très influentes en Somalie comme ailleurs. Les islamistes reçoivent des financements occultes importants, et la pauvreté ambiante, couplée au goût du lucre dont raffolent bien des dirigeants sous nos cieux, créent un terreau fertile à la corruption, aux compromissions les plus sordides. Cette facilité déconcertante avec laquelle les islamistes opèrent, leur aisance à s’en prendre à certaines cibles en théorie hautement sécurisées, prouvent qu’ils bénéficient quelque part de coups de mains et pas des moindres. On en arrive à la conclusion qu’il y a, en Somalie comme au Nigeria, de nombreuses personnes de mauvaise foi parmi les premières autorités. L’hypothèse d’un travail de sape n’est pas non plus à écarter dans l’absolu. Il est bel et bien possible que des rivaux politiques dans les cercles du pouvoir somalien commanditent des attaques, soient de mèche avec des éléments déstabilisateurs pour mettre leurs adversaires en difficulté. Mais, c’est un jeu dangereux. Car ces leaders seraient, s’ils parvenaient à rendre impopulaires les dirigeants somaliens qu’ils combattent et à les chasser du pouvoir, confrontés aux mêmes manœuvres tôt ou tard. Ils se retrouveraient dans la situation de l’arroseur arrosé. En tout état de cause, le cas de la Somalie n’est pas des plus enviables. En plus d’être difficile à gérer, ce drame est quelque peu oublié.

 

Les grandes puissances ne devraient pas tourner le dos au drame que vit ce pays

 

En effet, la communauté internationale se montre de moins en moins préoccupée par la Somalie. Pourtant, les autorités somaliennes sont jusque-là incapables de sécuriser le pays par elles-mêmes. On sait que c’est l’AMISOM qui avait réussi à chasser les Shebabs de la capitale somalienne. Mais, il faut bien avouer que c’est le voisin kenyan qui paie le plus lourd tribut dans sa traque des Shebabs. En effet, les attentats meurtriers sont monnaie courante au Kenya et les Shebabs qui en revendiquent la paternité, ne font pas mystère de leur volonté d’en découdre avec Mombasa. La montée en force des forces islamistes en Irak et au Levant est de nature à revigorer ces illuminés. C’est dire que dans cet introuvable Etat qu’est la Somalie et dans ce monde où l’islamiste accroît sa capacité de nuisance, l’AMISOM a du pain sur la planche. Car, il se pose maintenant la question de savoir jusqu’où iront les Shebabs. Pour ce qu’on sait de leur détermination à imposer leur vision, nul doute qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour reprendre la main en Somalie. Il appartient de ce fait à la communauté internationale d’accroître son soutien au gouvernement somalien. Si les Shebabs reprennent le dessus en Somalie, ils en feront certainement une plaque tournante de « l’International islamiste ». Et la Somalie sanctuaire des islamistes, sera alors un camp d’entraînement pour terroristes qui iront ensuite appliquer leur savoir-faire en semant la mort et la désolation un peu partout dans le monde. La menace est de taille. La communauté internationale doit agir vite contre ce « nid de guêpes ». Sinon, aucun Etat ne sera à l’abri de ces redoutables islamistes. Il faudra certainement repenser le système d’accompagnement des autorités officielles du pays. Pour ce faire, il y a lieu que les Africains, notamment les pays voisins de la Somalie, viennent sérieusement en appui au Kenya qui, malgré sa bonne volonté, ne saurait continuer cette croisade quasi solitaire contre ces terroristes. Les grandes puissances mondiales également ne devraient pas tourner le dos au drame que vit ce pays. Il importe notamment de mettre l’accent sur le renseignement en vue de pouvoir anticiper les attaques des Shebabs et les étouffer dans l’œuf.

 

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment