HomeA la uneSOMMET AFRIQUE/ROYAUME UNI:Quand le pays de Shakespeare succombe à son tour au charme du continent noir

SOMMET AFRIQUE/ROYAUME UNI:Quand le pays de Shakespeare succombe à son tour au charme du continent noir


Le 20 janvier 2020, s’est ouvert au Royaume-Uni, l’Africa Investment Summit. Premier du genre, ce sommet Grande Bretagne/Afrique qui porte sur les investissements, vise à renforcer les relations économiques entre le pays de Boris Johnson plus que jamais engagé dans la voie du Brexit, et le continent noir qui semble se complaire dans sa position de jeune demoiselle courtisée par les plus grands, en multipliant les partenariats à travers le monde. Ainsi, après la France, les Etats-Unis, le Japon, la Chine et même la lointaine Inde, c’est, pourrait-on dire, au tour de l’Oncle Tom de succomber au charme du continent noir. Pourquoi maintenant, pourrait-on se demander ? Parce qu’en se préparant à sortir de l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni semble vouloir assurer ses arrières, en se présentant comme une puissance ouverte au monde. Et pour un coup d’essai, l’on peut dire que ce premier sommet avec l’Afrique est un coup de maître puisqu’une vingtaine de pays et une quinzaine de chefs d’Etat africains ont honoré le rendez-vous de la capitale anglaise, dont le Nigérian Muhammadu Buhari, le Congolais Félix Tshisékédi, l’Ivoirien Alassane Ouattara ou encore le Kényan Uhuru Kenyatta qui se présentent comme autant de poids lourds du continent noir.

En faisant de l’Afrique une priorité pour ses investisseurs, le pays de Shakespeare se positionne pour mieux faire face à son Brexit

On note cependant l’absence du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, empêché par des problèmes intérieurs en lien avec la crise énergétique que traverse son pays, et celle du Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa qui n’a pas été invité, et dont les pays apparaissent comme des partenaires traditionnels de la Couronne de Buckingham Palace. Et pour les éditions à venir, le Royaume-Uni pourra toujours espérer voir le nombre de pays participants aller grandissant car, sa sortie de l’espace communautaire européen, est un impératif qui lui impose la nécessité de nouer de nouveaux partenariats. De ce point de vue, le Royaume-Uni pouvait difficilement résister au charme de l’Afrique qui apparaît aujourd’hui non seulement comme un vaste marché de consommation, mais aussi comme une zone géographique  dont les richesses attisent les convoitises des grandes puissances qui s’accordent à reconnaître en elle le continent de l’avenir.  C’est pourquoi en faisant de l’Afrique une priorité pour ses investisseurs, l’on est porté à croire que le pays de Shakespeare se positionne pour mieux faire face à son Brexit.

Cela dit, on attend de voir si le Royaume-Uni saura  combler son retard sur les autres nations occidentales et d’ailleurs, qui ont manifestement pris plusieurs longueurs d’avance sur le continent noir.  Mais, à voir comment les dirigeants africains sont ballotés entre les grandes puissances,  l’on se demande si l’Afrique est elle-même consciente de sa force et de ses potentialités.

Tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille que les têtes couronnées du continent déposeront la sébile et le bâton de pèlerin

En tout cas, il y a de quoi se demander pourquoi malgré la multiplication des partenaires, l’Afrique a toujours de la peine à  sortir du sous-développement. Une situation qui devrait appeler à une introspection pour un continent toujours à la recherche de ses marques, d’autant qu’ailleurs et sous d’autres cieux, des pays comme la Chine ont su réussir, en quelques années, le miracle économique au point de compter aujourd’hui parmi les grandes puissances mondiales. Est-ce un manque de vision ou d’audace politique de la part des dirigeants africains ? La question mérite d’être posée. Car, autant la Chine a su sortir de son statut pour être capable aujourd’hui d’organiser des sommets Chine-Afrique, autant l’on se demande si l’on peut raisonnablement rêver de voir un seul pays africain réunir autour de lui, sur son sol, un sommet regroupant plusieurs chefs d’Etat étrangers au continent.  Pour le moment, ce rêve-là semble impossible à réaliser. Pourtant, une telle prouesse serait la preuve irréfutable du début du décollage du continent africain. Mais d’où viendra cet exploit ? Question à un sou. En attendant, tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille que les têtes couronnées du continent déposeront la sébile et le bâton de pèlerin, pour rivaliser d’égal à égal  avec leurs homologues du reste du monde. Pauvre Afrique !

 

 « Le Pays »


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